Le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, candidat désigné du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP), est décédé, le mercredi 8 juillet 2020, après avoir participé au Conseil des ministres, soutient la source officielle. Une disparition, certes brusque, qui crée une brèche sur l’échiquier politique. Un vide qui devrait, en principe, être mis à profit par l’opposition ivoirienne à 4 mois des élections présidentielles. Car, nul n'ignore que le parti au pouvoir avait axé toute sa stratégie sur le défunt. Mais, la grosse question qui demeure est : l’opposition pourra-t-elle profiter de cette brèche créée par le Premier ministre Amadou Gon ?
S'il est vrai que la disparition du "lion" chamboule beaucoup de choses au RHDP, il n'en demeure pas moins que l’opposition ivoirienne reste divisée. La plupart des partis souffrent d'un bicéphalisme à leur tête. Très souvent l'une des tendances se ralliant au RHDP et l'autre restant fidèle à son statut de parti d’opposition. Dans une telle situation, peut-elle véritablement inquiéter le pouvoir en place. Assurément non.
Le Front populaire ivoirien (FPI) qui a dirigé pendant une décennie le pays et qui aurait pu sérieusement inquiéter le régime d'Abidjan, peine à retrouver ses marques parce que frappé de plein fouet par des querelles internes. Deux tendances se dégagent. L'une dirigée par Pascal Affi N'Guessan, reconnu par les autorités ivoiriennes, s'est mise à dos de nombreux militants depuis que des adversaires internes lui dénient sa légitimité. Ces derniers disant agir au nom et pour le compte de Laurent Gbagbo dont la date de retour en Côte d'Ivoire reste encore incertaine, comptent le choisir comme candidat à la présidentielle d'octobre 2020. Une situation pour le moins rocambolesque qui fait dire à de nombreux observateurs que le FPI ne pourra pas constituer un véritable poids dans 4 mois, à moins qu'il ne réussisse le pari de la réunification. Une éventualité encore incertaine tant chaque camp campe sur sa position.
Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) a opté pour l'ex-président de la République, Henri Konan Bédié, pour le représenter en octobre prochain. Un choix qui, même s'il a été accepté par la direction, ne fait pas l’unanimité au sein des militants et sympathisants qui entrevoyaient un candidat plus jeune. Bédié, 86 ans, peine à créer un consensus autour de sa candidature.
Au total, il y a lieu de douter de la capacité de l’opposition ivoirienne à tirer profit du décès d'Amadou Gon Coulibaly qui vient chambouler toute la stratégie électorale du RHDP. Mais sait-on jamais. Les élections sont dans 4 mois et tout est encore possible.
Modeste KONÉ