Yaya Touré (Champion d’Afrique 2015) « Les footballeurs ivoiriens doivent se réapproprier l’AFI ! »





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Soutien de Didier Drogba dès la première heure, Yaya Touré force sa nature taiseuse devant l’urgence de la situation. Il veut agir pour que l’AFI redevienne l’association et l’unique voix des footballeurs ivoiriens, pas celle d’un président qui s’est servi d’elle pour ses propres intérêts.

 

 

« Vous avez publiquement soutenu Didier Drogba et réclamé que l’Association des Footballeurs Ivoiriens, l’AFI, lui donne son parrainage…

C’était et cela reste une évidence pour moi, et je pense qu’il est aujourd’hui inutile d’expliquer pourquoi à mon avis, comme à celui de l’écrasante majorité des footballeurs ivoiriens dont un grand nombre d’internationaux, Didier serait le président idéal, lui qui porte nos espoirs et ceux de tout le football ivoirien. Que notre association de joueurs ait choisi de soutenir un autre candidat constitue une faute majeure, un grave manquement à ses obligations et à sa mission. J’ai eu beau essayer de comprendre, j’ai eu beau écouter les arguments de Cyrille Domoraud, je ne comprends toujours pas. Mais le mal est fait.

 

Et vous n’avez pas demandé d’explication à votre frère, qui lui aussi s’est prononcé contre Didier Drogba ?

Vous vous doutez bien que j’ai beaucoup parlé avec mon frère.

 

Et ?

Cela restera entre lui et moi.

 

On vous a reproché de prendre position sans connaître les réalités du football ivoirien, sans vous être jamais engagé auparavant avec l’AFI…

On a voulu faire croire que je n’étais pas légitime, que voulez-vous que je réponde à de telles inepties ? Que lorsque la FIFPRO est venue nous voir pour la première fois à Accra, en 2008, j’étais là… Que lorsqu’il a fallu désigner celui que nous pensions devoir être le président de cette association, j’étais là… Que j’ai suivi, de loin compte tenu de ma carrière, l’évolution de l’AFI, que je m’y suis toujours intéressé, participant aux réunions organisées avec l’équipe nationale et la FIFPRO… Que j’ai répondu à maintes reprises aux sollicitations de la FIFPRO monde et Afrique… Que je pense que ma carrière professionnelle et mes douze années passées sous le maillot de l’équipe nationale me donnent le droit de parler du football ivoirien, moi qui suis né au football en Côte d’Ivoire…

 

Vous n’avez rien à prouver…

Pas à ce niveau-là, en tous les cas. Et dans le même esprit, le procès fait à Didier, au regard de l’AFI et de son engagement, notamment, est un faux procès. Si Didier était si inutile que cela, comment est-il possible que Cyrille Domoraud ne s’en soit rendu compte qu’au bout de onze ans et au moment même où Didier présente sa candidature à la présidence de la FIF et que l’AFI cherche, par tous les moyens, à justifier son soutien à un autre candidat ? Et s’il en avait conscience depuis plusieurs années, pourquoi n’a-t-il pas évoqué la question avec Didier ou posait le problème lors des Assemblées générales de l’AFI ?

 

Peut-être parce que l’AFI n’a plus organisé d’AG depuis quelques années…

Et c’est bien là le cœur du problème. Mais permettez-moi auparavant de rappeler l’engagement de Didier au sein de la FIFPRO Afrique, dont il est le président d’honneur, et de la FIFPRO monde. Ce qu’il a fait à ce niveau-là a été bien évidemment bénéfique pour l’AFI, dont il est l’un des membres fondateurs, et a rejailli sur l’ensemble des footballeurs et du football ivoiriens. Oublier cet engagement pour la cause des joueurs en Afrique et dans le monde, passer sous silence tout ce que Didier a fait directement ou indirectement pour l’AFI et les footballeurs ivoiriens, c’est lui manquer totalement de respect. Et je n’aime pas que l’on se comporte ainsi, d’autant plus envers un homme tel que Didier !

 

Revenons à l’AFI…

Le problème, c’est que cette association, qui ne vit que pour et par les joueurs, ne les représente plus aujourd’hui puisqu’elle est allée contre leur volonté, puisqu’elle n’a même pas daigné demander à ses adhérents de valider le choix dicté par son président. C’est incompréhensible, évidemment totalement anti démocratique, et cela pose la question même de la raison d’être de l’AFI, du moins avec son mode de fonctionnement actuel et de sa gouvernance qui s’est coupée concrètement de sa base.

 

Parce que les membres ne sont pas consultés ?

il n’est pas demandé leur avis aux membres que l’association est pourtant censée représenter sur des sujets qui engagent leur association. Cet avis, ils l’ont donné pourtant et il est évidemment parvenu aux oreilles du président de l’AFI, qui l’a balayé d’un revers de main, préférant se voiler complétement la face devant ses propres intérêts puisqu’il figure sur la liste qu’il a parrainée. Il se sert de l’AFI à des fins personnelles et dessert les footballeurs ivoiriens. D’où les annonces en grande pompe dans la presse, ces derniers temps, du soutien de quelques joueurs à Idriss Diallo. On ajoute un joueur, on reprend les quelques mêmes noms présents depuis le début et l’on essaie de faire croire que les footballeurs du pays se rangent tous derrière cette candidature-là. C’est grotesque et honteux ! Que fait-on de la pétition signée par plus de 350 joueurs et joueuses des championnats d’élite de Côte d’Ivoire, qui ont massivement demandé à l’AFI d’apporter son soutien à Didier Drogba ? Que fait-on de l’appel de la plupart des joueurs de l’équipe nationale et de ses capitaines, qui va dans le même sens ? Cette mascarade, ce n’est pas ce que l’on attend d’une association comme l’AFI. De toute évidence, et nous sommes nombreux à le penser, cela doit changer…

 

C’est-à-dire ?

Qu’il faut au plus vite que soit convoquée une Assemblée générale. Une fois que Cyrille Domoraud se sera expliqué devant les footballeurs ivoiriens, ces derniers devront se prononcer pour savoir s’ils lui maintiennent ou pas leur confiance…Il faudra dès lors respecter leur volonté car ils ont besoin d’avoir confiance dans leurs représentants pour poursuivre le travail de reconnaissance des footballeurs qui en ont tant besoin.

 

Compte tenu du soutien massif à Didier Drogba, il serait étonnant qu’on accorde au président de l’AFI le moindre crédit lors de cette AG…

Les joueurs parleront et la démocratie avec eux. La perte de confiance est évidente, à la hauteur du sale coup qui vient de leur être joué, et le président de l’AFI devra certainement supporter les conséquences de ces actes. Il est allé contre la volonté de sa base, contre la volonté de l’ensemble des footballeurs de notre pays : et il doit déjà savoir que personne ne lui pardonnera d’avoir été ainsi à ce point négligé, comme personne ne lui pardonnera d’avoir mis l’AFI au ban de la FIFPRO, du football africain et mondial.

 

 

Mais il faudra alors trouver une nouvelle équipe…

C’est une évidence, mais le challenge devrait en motiver plus d’un…

 

Vous par exemple ?

J’ai bien envie de m’engager oui, pour que les footballeurs ivoiriens puissent se réapproprier l’AFI. Ce n’est pas l’association d’un seul homme… L’AFI ne doit et ne peut appartenir qu’aux seuls footballeurs ivoiriens ! Et ce sera à nous, et à nous seuls, de décider de l’avenir de notre association ! »

 

 

Source :  Abidjansport 

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