Malgré la série de médiations internationales à Abidjan, le dénouement de la crise pré-électorale en Côte d’Ivoire ne se fera qu’entre Ivoiriens.
Que personne ne s’y méprenne, la communauté internationale ne se substituera pas aux Ivoiriens dans la recherche de solutions à la crise politique actuelle en Côte d’Ivoire. L’ONU, l’Union Européenne, l’Union Africaine ou encore la Cedeao, se limiteront à des missions de bons offices sanctionnées par des recommandations toujours formulées en fonction des réalités de terrain. C’est dans ce sens que dans son communiqué rendu public à l’issue de ses rencontres avec les principaux acteurs du processus électoral, la récente ‘’Mission conjointe de solidarité de haut niveau Cedeao, UA et ONU‘’ s’est diplomatiquement employée à contenter pouvoir et opposition. Dans son texte, sachant bien que l’opposition est contre la tenue de la présidentielle du 31 octobre dans les conditions actuelles, la délégation internationale a apporté ses encouragements aux autorités dans l’organisation de cette élection. Elle a même annoncé le « déploiement d’observateurs électoraux de la Cedeao et de l’Union Africaine » dans le cadre du vote prévu le 31 octobre.
De même, les trois organisations ayant dépêché ces émissaires à Abidjanont indirectement apporté leur soutien aux actions des opposants ivoiriens pour exiger le retrait de la candidature anticonstitionnelle d’Alassane Ouattara et la tenue d’un scrutin transparent et équitable. Ces organisations ont notamment réitéré « leur ferme engagement à accompagner le peuple de Côte d’Ivoire dans cette phase cruciale de la consolidation de la démocratie ». C’est clair, la communauté internationale a décidé de ne pas décider. Elle évite simplement d’être silencieuse face au différend inter ivoiriens et laisse la latitude aux acteurs nationaux de trouver une issue à leur désaccord.
Ce dénouement passera par au moins trois hypothèses possibles. La première, c’est qu’à travers une mobilisation populaire, l’opposition parvienne à faire chuter le pouvoir Rhdp, contraignant Alassane Ouattara à se retirer pour que se mette en place une transition qui va reprendre le processus électoral dans un esprit véritablement démocratique et inclusif. Une autre hypothèse, c’est que le pouvoir prenne les devants en ouvrant le dialogue souhaité par tous, pour la reprise du processus électoral dans un cadre consensuel et inclusif. La troisième possibilité, c’est que l’on demeure dans le statu quo jusqu’au 31 octobre, et que le pouvoir parvienne malgré tout, à organiser une élection présidentielle boycottée par le bloc de l’opposition. C’est le pire des scénarios. Il installera le pays dans une situation d’instabilité similaire à celle qui a provoqué le coup d’Etat militaire de 2019, ou celle qui qui a entrainé la rébellion armée de 2002.
Car, devant à une opposition désormais unie et visiblement déterminée à se battre jusqu’au bout, le candidat Alassane Ouattara, dont la victoire est quasi sûre dès le premier tour face à un Kouadio Konan Bertin dit KKB qui ne pèse pas dans l’électorat, n’aura d’autre choix que de réprimer. Pourtant, une telle escalade de violences a toujours eu une issue incertaine. Alors, pendant qu’il n’est pas encore trop tard, il appartient au Président Ouattara de créer les conditions d’une compétition qui permettra à tous les grands acteurs qui le souhaitent, de se mesurer devant les électeurs. Cette option est de loin la plus équitable et la plus favorable à la paix et à la stabilité.
Cissé Sindou