Filière bétail-viande, une mine à exploiter





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L’or, dit-on, se trouve dans la boue. On pourrait dire à propos de la filière bétail-viande et en paraphrasant cet adage que la prospérité réside dans la bouse et dans les caillots de sang. Evidemment, au prix de la volonté et des efforts nécessaires à l’accomplissement de tout projet. Pour nombre d’observateurs, la filière bétail-viande, qui englobe tous les métiers qui tiennent autant de l’élevage, de la transformation, de la mise en marché, de l’industrialisation et de la commercialisation, reste, pour les pays africains, une réponse efficace à la problématique d’insertion socioéconomique des jeunes qui représentent, dans la plupart de nos Etats, plus de la moitié de la population. L’unanimité est établie autour d’un constat : la filière bétail-viande est une véritable source de projets, d’emplois vers laquelle les gouvernants pourraient se tourner pour résorber le chômage galopant dans nos pays en développement. Reste maintenant à mettre en place les mécanismes idoines pour permettre à ce secteur de recevoir dans des emplois décents, des jeunes diplômés et ceux qui sont sortis du système éducatif. Un challenge qui passe inexorablement par le triptyque formation-professionnalisation-investissements.

Pour ce faire, les gouvernements ainsi que les fédérations nationales de la filière bétail-viande doivent s’acquitter d’un devoir préalable. Celui de susciter l’intérêt, chez les jeunes, pour les métiers de ce secteur d’activité qu’ils méconnaissent ou dont ils ont une vague connaissance. A ce sujet, on pourrait aller à l’école française où les associations du milieu et des établissements scolaires organisent, pour le compte des élèves, des immersions dans des unités agropastorales ainsi que de transformation et de commercialisation de produits dérivés de la viande. Ceci a le mérite d’informer les jeunes qui pourront alors s’orienter sans avoir le sentiment de se trouver en territoire inconnu. La formation, pour la filière bétail-viande comme pour tout autre domaine de la connaissance, demeure une donnée basique essentielle. Une solide formation augure de l’émergence d’acteurs qualifiés, conscients et responsables. Capables de dynamiser le secteur, ils seront aussi à même d’en assurer la pérennité. Toute chose qui passe par la professionnalisation qui est un axe tout aussi important qui doit intervenir lorsqu’est réglée la question de la formation.

Sur le vaste chantier de la professionnalisation, sont attendues toutes les réformes visant à garantir l’épanouissement professionnel et social des acteurs. A ce niveau, les actions proposées par le Fonds des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), consignées dans l’étude intitulée « Revue des filières bétail-viande et lait et des politiques qui les influencent en Côte d’Ivoire », sont à examiner et à adapter à leurs contextes respectifs par les gouvernements de nos Etats. « Identifier et recenser les différents acteurs ; renforcer les interprofessions en les responsabilisant à prendre en charge les problèmes de leurs filières ; concevoir et promouvoir une politique de formation professionnelle et d’information des acteurs du secteur ; développer une offre de service logistique adaptée aux produits animaux, notamment les opérateurs de logistiques par la route, le train ou l’avion ; promouvoir une politique incitative pour les partenariats d’entreprises avec des entreprises étrangères capables de transférer le savoir-faire surtout au niveau de la transformation et de l’exportation de la viande (…) », proposent les chercheurs de la FAO et de la CEDEAO.

Lorsqu’on a sensibilisé, formé et professionnalisé, l’étape suivante est celle des investissements. C’est ici que sont convoqués les secteurs public et privé, le premier pour la création d’un environnement juridique et économique favorable à l’initiative privée, et le second pour la mobilisation des ressources nécessaires au développement de la filière par la création d’emplois. La tâche est ardue mais loin d’être impossible ! Pour parvenir à faire de la filière bétail-viande une véritable mine de l’emploi, il faut la nécessaire implication des acteurs que sont les institutions publiques et privées, les organisations professionnelles et les travailleurs du secteur.

 

Par Serge YAVO

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