Le retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo et de son « jeune patriote » Charles Blé Goudé a été acté par le Président Ouattara. Sans aucune pression, estimant que 10 années à la prison de La Haye les a peut-être rendus sages, il a autorisé leur retour au pays natal afin qu’ils prennent leur place dans le processus de réconciliation nationale. Mieux, il s’est proposé de prendre en charge leurs frais de déplacement et même d’octroyer à l’ancien président Laurent Gbagbo, les prérogatives et avantages que lui confère la loi fondamentale. Dès qu’ils ont été acquittés par les juges de la CPI qui ont estimé que l’accusation n’a pu fournir des preuves suffisantes, (non pas qu’ils sont innocents), le chef de l’Etat a donné le gage de sa bonne foi en délivrant des passeports à l’ancien chef d’Etat et autorisant le retour de son porte-parole Koné Katinan et de certains de ses caciques comme Damana Pikas au pays. Face à tant de gestes d’apaisement et de bonté, les gens d’en face éprouvent toutes les difficultés à lui dire simplement merci. N’empêche, le Président Ouattara a ordonné à ses collaborateurs de continuer à discuter avec les émissaires de Gbagbo afin de bien caler toutes les modalités de son retour. Mais au-delà, les GOR (Gbagbo ou Rien) sont très mal inspirés de croire que tous les actes de pardon que posent le régime en leur endroit est un signe de faiblesse. Que nenni. Le soulèvement de victimes de la crise lors des récentes manifestations est là pour rappeler aux Gors que tous les Ivoiriens ne sont pas heureux de voir Gbagbo revenir de La Haye comme un héros national qui a remporté une coupe d’Afrique ou une médaille d’or aux Jeux Olympique. Les parents des 3000 victimes sont encore là pour rappeler à Laurent Gbagbo que c’est sa folie de vouloir tronquer les résultats des urnes qui a entrainé la guerre et fais tuer des milliers d’Ivoiriens. On peut tout lui pardonner mais, on n’a pas le droit d’oublier que c’est sa volonté d’annuler le vote de tout le Nord du pays pour se proclamer président qui a entrainé la guerre de 2010. Oublier cela est une faute. D’ailleurs lors de sa première comparution devant la CPI, Gbagbo lui-même a clairement énoncé que c’est celui qui a perdu les élections qui est responsable de la crise. Qui ne se souvient pas de Damana Pikas qui a arraché les résultats de l’élection au porte-parole de la CEI ? Qui ne se souvient pas des arguties juridiques du sieur Yao Ndré alors président du Conseil constitutionnel qui a proclamé Gbagbo vainqueur dans la pure tradition de la Mafia. N’est-ce pas le même Yao Ndré qui est revenu sur sa parole pour indiquer qu’il a agi sous l’impulsion du diable qui l’avait possédé. Le pardon et la réconciliation sont nécessaires mais notre histoire commune est trop récente pour être tronquée. Gbagbo et son clan devraient donc avoir le triomphe modeste et éviter de réveiller les plaies et les meurtrissures qui tardent à cicatriser. Ils ont certes été acquittés de crimes contre l’humanité mais ils n’ont pas été innocentés pour leur comportement antidémocratique qui a endeuillé le pays en 2010. Ils ne doivent pas oublier que les personnes qui les avaient vaincus dans les urnes et sur le terrain militaire sont encore là. Ils se doivent d’avoir une pensée et un mot de compassion pour tous ces gens qui sont tombés sous les balles assassines de leurs escadrons de la mort qui ont froidement assassinés des innocents comme le colonel major Dosso Adama. Gbagbo est parti à La Haye sans accompagnateur, il devra revenir sans accompagnateur.
SW