Apaiser l’environnement politique





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L’environnement politique ivoirien a besoin d’être apaisé. C’est l’une des conclusions du dialogue politique dont la clôture a eu lieu le 4 mars dernier.  

Un an et demi après la crise électorale qui a causé officiellement 85 morts, la Côte d’Ivoire connaît une relative stabilité. Cependant le feu couve sous la cendres.

En effet, derrière l’accalmie cachent des poches de tensions qui peuvent conduire le pays à de nouveaux troubles si rien n’est fait.

  Il ne faut pas oublier que c’est à la suite d’une journée électorale très violente le 31 octobre 2020, qu’Alassane Ouattara s’est fait investir pour son troisième mandat présidentiel consécutif, alors que la constitution n’en autorise que deux.

L’opposition ivoirienne, qui a contesté ce scrutin pendant plusieurs semaines dans la rue, a fini par accepter le dialogue avec le pouvoir. Les manifestations et autres troubles ont cessé, depuis lors. Pourtant, l’environnement politique n’est pas apaisé. Des mécontentements subsistent concernant plusieurs sujets. Il s’agit par exemple de la question des prisonniers politiques.

Ils sont des dizaines dans les prisons du pays, civils comme militaires. Certains ont été incarcérés pour les évènements de la crise postélectorale de 2010-2011. D’autres ont été arrêtés lors de la crise électorale de 2020. D’autres encore sont en prison parce qu’ils sont des partisans de Guillaume Soro.

Il y a ensuite la question des exilés politiques. A ce jour, les plus illustres d’entre eux sont l’ancien président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, et l’ancien leader de la galaxie patriotique Charles Blé Goudé.

Suite à son retour manqué en Côte d’Ivoire le 23 décembre 2019, le premier a été visé par des poursuites judiciaires. Jugé à son absence, il a été condamné à différentes peines dont une peine de prison à vie.

Quelques mois après son refus d’adhérer au Rhdp parti unifié et son divorce d’avec Alassane Ouattara qui s’est soldé par sa démission de la présidence de l’assemblée nationale, il a été subitement accusé « d’atteinte à la sûreté de l’Etat », de « recel de détournement de deniers public » … La Commission électorale indépendante, puis le Conseil Constitionnel se sont appuyés sur l’une de ses condamnations pour justifier l’invalidation de sa candidature à l’élection présidentielle de 2020.

Le second, quant à lui, attend désespérément que son passeport ivoirien lui soit délivré afin qu’il puisse regagner son pays.

Définitivement acquitté par la Cour Pénale Internationale (CPI), il a formulé une demande de passeport auprès des autorités pour se rendre en Côte d’Ivoire comme l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo son ex-codétenu. Mais sa demande reste sans suite.

Autres sources de tension, ce sont : le gel des avoirs de certains acteurs politiques, les atteintes aux libertés de fonctionnement des partis politiques, etc.  

Comme Générations Nouvelles vous l’apprenait quelques semaines plus tôt, tous ces points ont été mis sur la table au cours des discussions pouvoir-opposition. Ils ont aussi fait l’objet de recommandations « au titre des mesures d’apaisement de l’environnement politique ».

Par ailleurs, pouvoir et opposition et société civile se sont accordés, entre autres, sur la mise en place « d’un processus de réparation et d’indemnisation des victimes de la crise de 2020 », la « recomposition de la Commission électorale indépendante, CEI ». Bien d’autres résolutions importantes figurent dans le « Rapport final de la phase 5 du dialogue politique » paraphé par la totalité des participants le vendredi 4 mars derniers. Espérons que ces engagements s’appliquent dans le meilleur délai, et qu’ils ne restent pas dans des tiroirs. Ne l’oublions pas, il y va de l’apaisement de l’environnement politique et de la réconciliation nationale. Et, contrairement à ce que pensent certains, ces questions sont fondamentales et prioritaires. Elles doivent être traitées pour éviter une nouvelle crise.

Cissé Sindou             

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