Consommation de drogue : Des écoles transformées en fumoir à Abidjan





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De jeunes gens vont nuitamment à l'EPP Fe-Ndje pour consommer de la drogue



Le phénomène de la drogue fait parler de lui depuis quelques mois en Côte d’Ivoire. Là, il s’agit du trafic. La consommation dans les quartiers, ce n’est pas non plus nouveau. Mais des écoles, lieu de savoir et d’apprentissage, transformées en fumoir, ça choque. Pourtant, c’est ce qu’il nous a été donné de constater dans quelques établissements scolaires du district d’Abidjan.
En fait, le phénomène n’est pas nouveau. Il y a des années en arrière, le groupe scolaire Angré II et III avait été pointé du doigt. La nuit tombée, des jeunes, profitant de l’obscurité, se faufilaient à l’intérieur de l’établissement pour fumer la drogue. Le fait a été critiqué en son temps.
Des années en arrière, ce sont des écoles de la ville de Man qui s’étaient transformées en fumoir. L’EPP Libreville et l’école primaire publique Henri Konan Bédié de la ville qui étaient présentées comme accueillant des consommateurs de drogue.
Plusieurs années ont passé. On pensait le problème résolu jusqu’à ce que, lors d’une de nos promenades, nous tombions sur une foule de jeunes gens, fuyant dans tous les sens, autour de 19 h. Quelques secondes plus tard, un véhicule du CCDO gare. Nous sommes à Abobo-Té, au groupe scolaire Fé-Ndje. Renseignements pris, ce sont des adolescents pour la plupart, qui viennent se cacher en ce lieu pour consommer la drogue. Malheureusement pour les forces de l’ordre et pour les riverains, il n’y a eu aucune prise. Les drogués ayant anticipé l’arrivée de la police. En fait, selon des témoins, ces derniers ont toujours un éclaireur qui les avertit dès qu’il y a une présence policière. Ce qui attise notre curiosité et nous voilà en quête d’autres établissements qui vivent cette situation déplorable. On nous indique Bingerville, précisément au quartier Gbagba où, la nuit tombée, selon des riverains, de jeunes gens se réunissent pour consommer sans être inquiétés, la drogue, dans l'école primaire du quartier. Ici, personne n’a le courage de les dénoncer. Dans ce quartier, l’insécurité règne et tout le monde se connaît. Gare à celui qui osera dénoncer et qui sera identifié. Le jeune Adama que nous avons rencontré, en pleine journée, nous fait savoir que le phénomène bien qu’étant toujours un réel problème pour les populations, a connu un net recul depuis le passage du bitume dans le quartier. La police y effectue des rondes, mais pas assez. « Dès que les policiers s'en vont, ils se réunissent à nouveau. C’est un vrai problème parce que les plus jeunes pensent que c’est ça la norme. Dès qu’ils atteignent un certain âge, ils se lancent dans la danse ».
Au groupe scolaire qui abrite les écoles Nord, Ouest, etc., c’est sensiblement la même chose qu'à Gbagba. L’établissement est situé dans une zone réputée pour son insécurité. Il n’y a pas de route praticable. Isolé, le groupe est à la merci de dealers et autres consommateurs de drogue. En plus, il est tellement grand que le gardien ne peut être au même moment à plusieurs endroits. On joue donc à cache-cache avec lui.
D’autres établissements nous ont été signalés à Yopougon-Gesco. Mais ici, c’est la loi de l’Omerta. On ne parle pas. De quoi a-t-on peur ? La réponse s’imagine aisément.
La drogue est devenue un véritable fléau en Côte d’Ivoire. Sa consommation est un phénomène de mode pour la jeunesse. On s’y adonne parce que l’ami en fume. Il est bon de lutter contre les dealers, mais il est aussi important d’attaquer le problème dans les quartiers. Et surtout dans les écoles pour éviter qu’il ne gangrène le milieu scolaire.

Modeste KONE

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