Edito: Et notre demain !





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L’Afrique se cherche. Toujours. Elle jette des cauris. Elle se jette même dans les bras du premier charlatan susceptible de lui fournir des fils et des filles capables d’user de leurs talents pour lui permettre de transformer le cuivre en or.

Avouons-le. L’exercice n’est pas des plus aisés. Il est difficile et presque herculéen. Nous sommes en 2022. Et, pour la majorité des pays d’Afrique de l’ouest, il y a plus d’un demi-siècle qu’ils sont administrés comme des Etats. Mais après plus de 60 années de vie, ces Républiques se crêpent encore le chignon comme se disputeraient deux femmes amoureuses.

Les organes de gestion des élections dont la saine conduite devrait-elle induire le développement tant recherché ? C’est plutôt un véritable plafond de verre auquel ces pays se heurtent. Curieusement, personne n’ose véritablement se résoudre à le faire voler en éclats. Et on se chamaille. Et on se déchire. Et on déchire le tissu social que l’on tentera de ravauder plus tard. Et le retard se prolonge.

Si en 2022, plus de soixante ans après l’acquisition de la souveraineté nationale, on en est encore à se demander où trouver la perle rare pour diriger nos institutions chargées des élections, c’est à s’arracher les cheveux. Comment peut-il en être autrement si chaque lendemain d’élections produit le chaos ? A quel moment s’assoira-t-on pour penser développement ? Que faire pour bouter hors cette vieille classe de politiques, incapables de dépassement pour une autre classe qui n’aura que pour vue, la condition sociale des peuples?

Pour certains jeunes du continent, il n’ya rien d’autre à faire que de surprendre cette vieille classe. Exactement comme du temps de l’exécution de la peine de mort quand les gardiens de prison «qui venaient chercher le condamné à mort prenaient soin d’ôter leurs chaussures et de déplier un tapis devant la porte de sa cellule avant d’y pénétrer, afin de surprendre le malheureux dans son sommeil ».

Pour d’autres, cette technique somme toute intelligente ne peut prospérer puisque ces vieux politiques, lorsqu’ils voient les jeunes, ils «se remémorent l'époque où ils avaient les cheveux un peu plus longs et les idées un peu plus simples. L’époque où ils pensaient pouvoir changer le monde». C'était, bien évidemment, avant l'embourgeoisement. Avant les caviars. Or, c’est justement le choix de cette posture et la grande détermination à s’y accrocher qui font le malheur de ces peuples et leurs républiques.

Pendant ce temps, les autres républiques du globe se mettent ensemble, discutent, travaillent à faire de leur demain un des meilleurs. Tenez ! Les Etats-Unis, prévenants, ont pris, longtemps avant, une loi pour se protéger « dans des circonstances extrêmes » comme celles que le monde a connues pendant la période covid-19. Cette loi oblige les entreprises avec lesquelles ce pays traite de le servir en premier s’il a besoin de leurs productions. C’est au nom de cette loi protectrice que ce pays qui se veut le gendarme du monde a pu passer en priorité devant ses adversaires dans l’achat des produits vitaux.

Pour ne plus être lésés à l’avenir au cas où surviendrait une crise sanitaire de la taille du covid-19, les pays européens s’apprêtent à adopter une pareille loi. Le lundi 19 septembre 2022, la Commission européenne a présenté au monde un projet de loi « destiné à protéger le marché intérieur de l'UE en cas de crise, y compris, si nécessaire, en contraignant les producteurs de biens stratégiques à servir l'Europe en priorité ». Selon des confrères européens, « Bruxelles veut pouvoir contraindre les entreprises à servir l'Union européenne en premier, en cas de crise ».

Très clairement dit, dans des circonstances graves comme lors de la survenue d’une pandémie qui pourrait entraîner une pénurie des produits de première nécessité, l’Europe peut, sur la base de cette loi, «imposer à des industriels de donner priorité aux commandes européennes, plutôt que chinoises ou américaines, sous peine d'amendes». On voit bien que c’est pour freiner les ardeurs des Américains qui avaient bloqué l’exportation des produits vitaux et stratégiques comme les vaccins vers l’Europe pendant la chaude période du covid-19.

Même si cette loi européenne n’est pas encore arrivée sur les bureaux du parlement européen pour être discutée, on ne peut pas dire que les Européens ne préparent pas leur demain. Gouverner n’est-il pas, selon l’adage populaire, prévoir ?

Abdoulaye Villard Sanogo

 


 

 

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