Même si certains n’ont pas vu venir ce que d’autres craignaient fortement, il est clairement établi aujourd’hui que la guerre en Ukraine fait des ravages. Il n’y a qu’à voir le nombre de morts de chaque côté des belligérants russes et ukrainiens, les dégâts matériels importants sur le sol ukrainien où se déroule cette salle guerre, les colossales sommes d’argent investies pour se procurer les armes les plus sophistiquées et entretenir la guerre. Sur la liste des éléments qui devraient faire réfléchir plus d’un, comment ne pas inscrire en capitale d’imprimerie les sanctions prises ici et là et leurs effets nocifs sur la marche paisible du monde ?
Sur les raisons de cette guerre mille fois inévitable, plus la peine d’y revenir. Les Russes, déclencheurs, en ont donné suffisamment avant et après son déclenchement. Ont-elles jamais convaincu ? Il y a des raisons d’en douter. Autrement, le 24 février dernier, il n’y aurait pas eu d’invasion de l’Ukraine, pays sorti des entrailles de la grande Russie. Devraient-elles convaincre ? Sans doute aucun. Si et seulement si les agendas dans lesquels sont fixées les stratégies n’étaient pas nombreux, divers et cachés.
D’ailleurs, tous les spécialistes du monde, qu’ils soient proches de l’Otan qui est derrière l’Ukraine ou de la Russie, soutiennent avec force arguments et détails que le conflit ukrainien est une guerre de positionnement géo-stratégique entre deux grandes puissances nucléaires. Rien que ça ? Comment en sortir donc au regard des informations et autres images macabres qui reviennent du théâtre des opérations et des postures somme toute radicales de l’une et de l’autre puissance ?
Dans cette bataille rangée, on n’a droit qu’à la doctrine de Manès : le bien et le mal. Selon que l’on soit pour l’Otan ou pour la Russie. Si pour les uns, la guerre ne prendra fin que lorsque «le dictateur» Poutine aura été maîtrisé à la suite de son renversement ou de l’effondrement de son économie, pour les autres c’est tout simplement quand «le satan» Zélinsky et ses hommes auront été neutralisés.
Dans cette ambivalence de schizophrène, il est clair que voir ou même entrevoir une quelconque issue n’est pas des plus aisés. Mais où en sommes-nous avec la médiation turque du président Erdogan dont les positions sages et responsables durant cet affrontement lui ont permis d’obtenir des résultats positifs ? N’y aurait-il pas une voie cachée jusque-là pas explorée ?
Tiens ! Elle est là. Elle vient de là où on ne l’attendait certainement pas. Preuve que parfois, il faut un peu de tout pour réussir un bon alliage. Selon les médias de l’Est européen, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban a une idée précise de la fin de la guerre. Pour lui, il n’y a pasà chercher midi à quatorze heures. Si l’Ukraine se bat encore aujourd’hui et donne le sentiment de résister à la toute puissance russe, c’est bien parce qu’elle reçoit l’aide militaire américaine. En clair, cette guerre oppose la Russie aux Etats-Unis, qui agissent sous le couvert de l’Otan. C’est la raison pour laquelle, la semaine dernière, indiquent nos confrères, il a fait la proposition suivante : «Quiconque croit sérieusement que la guerre peut être terminée par des négociations russo-ukrainiennes vit dans un autre monde (…) En réalité, de telles questions ne peuvent être discutées qu’entre Washington et Moscou».
Mais Orban n’est pas né de la dernière pluie. Pour suivre la guerre dans ses moindres détails, il sait qu’il ne suffira pas de le dire pour que la rencontre entre Washington et Moscou ait lieu. Beaucoup doit être fait pour y arriver. D’où cet avertissement : «En même temps, je ne vois pas le président Biden comme pouvant être la personne qui conviendrait vraiment à des négociations aussi sérieuses. Le président Biden est allé trop loin. Qu’il suffise de rappeler ses déclarations au président russe Poutine».
Mais qui donc va m’arrêter cette guerre ?
Abdoulaye Villard Sanogo