Bamba Mory veut révolutionner le secteur de l'artisanat
Le nouveau directeur général de la Chambre nationale des métiers de Côte d'Ivoire (CNMCI), Bamba Mory, entend insuffler une nouvelle dynamique au secteur de l’artisanat ivoirien à travers une réforme ambitieuse. Il a présenté sa vision dans un document dont pressecotedivoire.ci a reçu copie.
Le secteur artisanal ivoirien représente plus de 40 % de la population active, soit environ 4 millions de personnes, et contribue à hauteur de 15 % au PIB national. Ce poids économique considérable nécessite une restructuration profonde pour libérer tout le potentiel des artisans du pays. Dans ce sens, la CNMCI s'attèle à moderniser ses activités et à renforcer les capacités des artisans par le biais de formations, séminaires et ateliers, visant à améliorer la compétitivité des produits artisanaux et à ouvrir davantage de débouchés commerciaux.
La première action menée par la nouvelle direction a été le changement de l'identité visuelle de la Chambre, symbole d’une nouvelle dynamique. La CNMCI a également entrepris de constituer une base de données fiable des artisans en intensifiant le processus de recensement et d'immatriculation. Cela permettra de mieux répondre aux besoins des artisans et de garantir que seuls ceux inscrits au registre officiel bénéficieront des différents appuis financiers et logistiques.
« L’une des réformes phares concerne la création du Fonds de garantie des activités artisanales, destiné à faciliter l’accès au financement pour les artisans, notamment ceux ayant des projets ambitieux mais souvent freinés par des difficultés financières. De plus, un accent particulier est mis sur l'amélioration de la qualité des produits par la labellisation du savoir-faire artisanal, garantissant ainsi des produits conformes aux normes et compétitifs sur les marchés internationaux », indique le communiqué.
Lors des opérations de déguerpissement menées dans le District autonome d’Abidjan, la CNMCI s'est engagée à identifier et recaser les artisans touchés, tout en plaidant auprès des autorités pour une compensation financière et matérielle. Bamba Mory a souligné l’importance de la formalisation des artisans pour bénéficier de ces aides. La carte d’artisan et le répertoire des entreprises artisanales deviennent ainsi des éléments clés pour accéder à ces avantages.
Une autre innovation majeure portée par la CNMCI est l'immatriculation des chauffeurs VTC sur le registre des métiers, une première dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. Cette réforme vise à assurer la sécurité sociale des chauffeurs et à professionnaliser davantage ce secteur, avec le soutien du Syndicat national des chauffeurs VTC de Côte d’Ivoire. Cette initiative s’inscrit dans un cadre plus large où la CNMCI collabore avec des partenaires pour fournir des véhicules aux chauffeurs et les intégrer pleinement dans le système économique formel.
La CNMCI place la formation continue, l’accès au financement et la promotion des produits locaux au cœur de ses priorités. À cet égard, Bamba Mory a souligné, rapporte la même source, la nécessité d'une assistance accrue de l’État et des partenaires au développement pour soutenir les artisans dans leur transition vers une économie formelle. Par ailleurs, un accent particulier est mis sur la création d’emplois décents et l’amélioration des conditions de travail des artisans. Des réformes sont également en cours pour faciliter l’accès aux marchés publics, avec un objectif clair de garantir 30 % de ces marchés aux artisans, conformément à la législation.
À travers ses six axes stratégiques, la CNMCI entend contribuer à la réduction de la pauvreté, à la lutte contre l’immigration clandestine, la cybercriminalité et d'autres fléaux sociaux qui freinent le développement économique de la Côte d’Ivoire. L’objectif final est de bâtir un secteur artisanal prospère, intégré et résilient, capable de jouer un rôle moteur dans le développement économique national.
Solange ARALAMON
