La vérité venue du CHU de Yopougon





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La dégradation avancée du CHU de Yopougon qui défraie la chronique, vient une fois de plus montrer la triste réalité sociale qui se trouve derrière les beaux discours de nos gouvernants.

L’image fait le tour de la toile. Elle est de nature à consterner tout Ivoirien, qu’il soit en Côte en Côte ou à l’étranger. Cette image, c’est la vidéo d’une salle du CHU de Yopougon où on aperçoit un abondant écoulement d’eau de pluie, qui se déverse dans la salle en passant par de failles dans la toiture.

Un constat inimaginable dans cet hôpital de renom qui a fait la fierté de la Côte d’Ivoire.

Un constat déshonorant pour le pays après plus de huit ans de stabilité et d’investissements chantés tous les jours par les gouvernants. Mais voilà que la triste réalité du CHU de Yopougon vient rappeler à tous, y compris ceux qui prétendent que tout va bien dans ce pays, à quel point l’essentiel a été oublié.

Cette vidéo du CHU de Yopougon, faite par des témoins qui en avaient certainement ras-le-bol, est venue sur internet comme le cri de détresse de cet établissement sanitaire en ruine, mais aussi le cri de cœur des malades qui y vivent des calvaires avec leurs parents.

 Et l’image ne parle pas que pour le seul CHU de Yopougon. Elle interpelle la conscience nationale sur la situation de ces nombreux hôpitaux publics du pays où presque tout manque. Certains sont devenus des usines à cadavres. Au CHU de Yopougon par exemple, révèle le personnel soignant, le service de réanimation aujourd’hui fait plus de mal que de biens aux malades.

En effet, plusieurs patients qui y sont internés y contractent des infections nosocomiales mortelles, à cause de germes qui ont infesté le local. Ce problème existe depuis plus d’une décennie. Les microbes en question proviennent, selon certaines sources, du réseau de refoulement des eaux usées du centre hospitalier devenu obsolète.  Les germes se développent donc dans les tuyaux et remontent jusqu’aux salles de soins. Cela se passe en Côte d’Ivoire, un pays où l’argent public continue pourtant de servir à des gaspillages comme l’organisation, à coût de dizaines de millions de FCfa, de meetings de soutien au chef de l’Etat avec de plus de convoiements de populations qu’on paie et qu’on transporte juste pour venir constituer des foules qu’on va photographier et brandir au monde entier. Malgré huit ans de croissance économique, il a fallu la publication de cette vidéo pour que la fermeture de cet hôpital, prévue le 1er novembre prochain, soit enfin décidée pour sa réhabilitation. Cette fermeture pour travaux, apprenons-nous, était prévue   cette année dans le cadre du « programme social » du gouvernement, mais la décision était difficile, voire impossible à prendre, parce que des investissements convenables n’ont pas été faits dans le secteur de la santé à Abidjan pour préparer cette fermeture. « Il s’agit d’un centre qui regroupe beaucoup de services. Les fermer tous engendrerait un grand vide. Et comme la réhabilitation peut prendre du temps, cela aura d’énormes inconvénients sur les populations », expliquait à Générations Nouvelles jeudi dernier Sylla Vazoumana, membre du directoire de la Coordination des syndicats du secteur santé (Coordisanté). Qu’en est-il de l’Hôpital général de Yopougon-Attié (l’ex-PMI) et du CHU d’Angré qui a été inauguré en grande pompe ? « L’hôpital général de Yopougon-Attié est prêt. Mais ce n’est pas le cas pour le CHU d’Angré. Or, il faut au moins un autre CHU pour accueillir les malades pendant la fermeture du CHU de Yopougon. Le CHU d’Angré, il faut le dire, a été mal construit. Ce qui fait que de nombreux services ne peuvent pas fonctionner. Il faut revoir les plans », ajoute Sylla Vazoumana. Malgré cela, son inauguration a été organisée en fanfare en décembre 2017 en présence du Président Ouattara lui-même.

 Deux ans après, ce CHU n’existe que de nom. Encore du flafla !

Cissé Sindou  

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