A l’occasion de la célébration de la journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse (JMLDS), le gouvernement ivoirien a, dans sa déclaration lue par le ministre de l’Environnement et du développement rural, Pr Séka Séka, dressé le sombre tableau de l’état de la forêt ivoirienne et invité les populations à un changement de comportement et à planifier plus efficacement l’utilisation des terres.
Ce 17 juin 2020, à l’instar des autres pays du monde entier, la Côte d’Ivoire célèbre la Journée Mondiale de la Lutte contre la Désertification et la Sécheresse.
La Journée Mondiale est l’occasion pour tous les pays du monde, de jeter un regard rétrospectif pour apprécier le travail abattu dans le cadre de la lutte contre la désertification et la sécheresse. Ce regard critique nous permet de faire le bilan des actions déjà menées, mais aussi et surtout, de faire prendre conscience à nos populations des impacts néfastes de ces fléaux que constituent la désertification et la sécheresse.
Cette Journée est donc une occasion pour les gouvernements d’organiser des campagnes de sensibilisation massive sur les actions à mener pour préserver nos terres, sinon pour les restaurer lorsque la dégradation n’a pas pu être évitée. Ainsi, les campagnes avec des actions de reboisement ont pu être réalisées dans les zones dégradées.
Cette année, la Journée Mondiale pour la Lutte contre la Désertification et la Sécheresse est célébrée dans des conditions particulières. En effet, le monde traverse une crise sanitaire sans précédent du fait de la pandémie de la COVID-19, qui affecte chacun et chacune d’entre nous. Tout ce que nous défendons et cherchons à protéger et à promouvoir est attaqué. Notre force et notre volonté collectives sont mises à rude épreuve. Aucun secteur d’activité n’est épargné. Tous les systèmes sont ébranlés.
Toutefois, nous ne devons pas perdre de vue les autres défis dont la lutte contre la dégradation de nos terres et la sécheresse, et surtout la lutte contre la faim ainsi que le rappelle l’ODD 2 : « Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable » en tenant compte des activités agro-pastorales.
Le thème de cette journée qui est : « Aliments, fourrage, fibre » fait droit à cette préoccupation. En effet, notre nourriture et celle de notre bétail ainsi que nos vêtements proviennent en majorité des plantes et des animaux.
En d’autres termes, les producteurs d’aliments, de fourrage et de fibres se disputent les terres arables, alors que la demande ne cesse de croître, en raison de la croissance démographique et de l’expansion de la classe moyenne mondiale.
Les terres utilisées pour le pâturage et la production de céréales destinées à l’alimentation animale représentent 80 % des terres agricoles mondiales.
Environ 85 % de la fourrure commercialisée à l’échelle mondiale proviennent d’animaux d’élevage. Ce qui requière une production massive de fourrage. En outre, d’ici 2030, l’industrie de la mode devrait utiliser 35% de terres supplémentaires, soit plus de 115 millions d’hectares.
L’expansion, l’enrichissement et l’urbanisation de la population mondiale font donc exploser la demande de terres destinées à la production d’aliments, de fourrage pour les animaux et de fibres pour la fabrication de vêtements. En parallèle, la santé et la productivité des terres arables existantes se détériorent de jour en jour, surtout avec le changement climatique. Le tableau est sombre :
à l’heure actuelle, plus de deux milliards d’hectares de terres auparavant cultivables sont dégradées ;
plus de 70 % des écosystèmes naturels ont été transformés. Ce chiffre pourrait grimper jusqu’à 90 % d’ici à 2050 si l’on n’y prend garde ;
d’ici à 2030, la production alimentaire nécessitera plus de 300 millions d’hectares de terres supplémentaires ;
L’industrie de la mode consomme environ 93 milliards de mètres cubes d’eau par an.
Dans tous les cas, la gestion rationnelle des terres reste une préoccupation de tous les instants qui s’ajoute à la lutte contre la dégradation de celles pour mener à bien toutes les activités susceptibles de favoriser le bien-être des populations aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural.
• Mesdames et Messieurs, Chers compatriotes ;
Nos modes de consommation et de production ainsi que nos habitudes doivent changer si nous voulons disposer de suffisamment de terres cultivables pour satisfaire aux besoins des dix milliards d’habitants que comptera la planète d’ici 2050.
• Mesdames et Messieurs, Chers compatriotes ;
Notre pays est tout autant concerné par ces problèmes. En effet, la Côte d’Ivoire, grand pays agricole, où les pratiques culturales ne sont pas toujours durables, qui subit aussi les effets d’autres activités non respectueuses de l’environnement et du changement climatique, est sujette à une forte dégradation de ses sols. La sécheresse sévit dans le pays qui n’est pourtant pas un pays désertique, mais qui a le désert est à ses portes.
Toutes choses pour dire que les impacts de la dégradation des sols et de la sécheresse sont notamment, l’aggravation du déficit hydrique, l’amenuisement des forêts et la raréfaction du bois, la perte de la diversité biologique, le changement climatique, l’insécurité alimentaire, la dégradation des conditions de vie et surtout l’aggravation de la précarité des populations rurales.
Nous avons assisté, en espace d’une génération, au déplacement de la boucle du Cacao de l’Est vers l’Ouest accompagné du déplacement massif des populations rurales et des effets des changements climatiques qui modifient régulièrement le calendrier cultural en milieu rural avec pour conséquence la baisse de la productivité des activités agricoles.
• Mesdames et Messieurs ;
Nous n’avons plus le choix. Nous devons changer nos comportements, nos modes de consommation et de production et planifier plus efficacement l’utilisation des terres, en assurer la gestion durable. Cela nous permettra ainsi, de disposer de suffisamment de terres pour satisfaire les besoins élémentaires et d’offrir un plus large éventail de biens et de services aux générations présentes et futures.
Chers compatriotes,
Modifier notre régime alimentaire et nos choix vestimentaires permettrait de libérer des terres qui pourraient alors être utilisées à d’autres fins et de réduire les émissions de carbone. L’évolution des habitudes alimentaires à elles seules pourrait libérer entre 80 et 240 millions d’hectares de terres dans le monde.
Mesdames et messieurs,
Nous ne sommes pas et ne seront jamais seuls dans notre combat pour une Gestion Durable des Terres. Le Gouvernement ivoirien bénéficie en effet de l’appui de partenaires Techniques et Financiers qui nous soutiennent depuis des années et continuent de nous apporter cette aide appréciable. Je voudrais leur adresser toute la gratitude du Gouvernement.
Chers compatriotes,
C’est ensemble, que nous devons agir maintenant, avec détermination pour prévenir, enrayer et inverser le processus de dégradation des terres.
Je ne saurais terminer sans vous inviter à plus de vigilance dans la lutte contre la Covid-19 en respectant scrupuleusement les mesures barrières édictées par le Gouvernement.
Je vous remercie.