Confrontés au manque de moyens de subsistance, les lépreux du village Marchoux appellent du secours





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Oubliés par les autorités au milieu de nombreuses difficultés qui jalonnent leur quotidien, les malades de Gnankanassi ("Dieu merci" en langue locale Ebrié) ou village Marchoux,  situé à cinq kilomètres de Bingerville, continuent de crier à l'abandon.

Une visite en ce lieu le mardi 2 février a permis de voir la précarité dans laquelle vivent  les cinq malades de la lèpre et leur famille, confrontés à des difficultés et ne comptant que sur l’aide de bienfaiteurs.

Tout commence par l’accès au village. Situé seulement à cinq kilomètres  de la commune de Bingerville, le trajet semble plus long à cause de la voie non bitumée, avec des crevasses. Selon un habitant que nous avons rencontré dans le mini car, communément appelé "Gbaka" qui nous y transportait, cette voie est  presque impraticable quand il pleut.

A notre arrivée sur le site, le décor que nous avons trouvé est loin d’être reluisant, avec ces visages difformes et aveugles. Sans oublier les séquelles laissées par la maladie qui sont visibles car les orteils et les doigts ont été emportés par la lèpre, les membres supérieurs ou inférieurs mutilés, etc.

Le Roi Louy, chef du village Marchoux qui nous a reçu nous a raconté avec un brin de nostalgie que cet espace a été créé en 1927 et abrite des malades de la lèpre qui ont fui  le regard des autres, à cause de leurs déformations physiques.

"Au temps du Président Félix Houphouët-Boigny, le village comptait 400 lépreux et ils vivaient tous ici avec leurs petites familles. Ils avaient tous un système d’assistance pour qu’ils soient heureux et ne manquaient de rien. Ils avaient toutes sortes d’avantages (Matériel, nourriture, vêtements et logement, etc.). Ce qui donnait au village l’image d’une véritable petite cité. Les soins étaient gratuits. Des infrastructures communautaires (école) et de culte (mosquée, église) ont été construits pour eux", a-t-il relaté.

Depuis plusieurs années, la joie de vivre a disparu...

Cette joie de vivre a disparu du village Marchoux, car abandonné des gouvernants. Et les habitants sont toujours en attente de la providence divine pour leur survie.

" Depuis des décennies, tout se dégrade petit à petit. Plus rien en termes de vivres et non vivres n’est offert à ceux qui sont restés. Ils sont au nombre de cinq, un homme et quatre femmes dont l’âge varie entre 63 et 90 ans qui vivent dans une précarité extrême, appellant en outre l’État ivoirien et des organismes de bienfaisance à la rescousse ", a déclaré le chef.

Il a tenu à remercier toutes les âmes généreuses qui se souviennent encore de ces populations. Il a saisi l’occasion pour plaider pour la reconstruction de école  primaire et secondaire.

"Nous n’avons pas eu la chance d’aller loin à l’école, donc si nos enfants peuvent avoir cette chance-là, cela nous fera plaisir. Nous vous supplions, de nous apporter l'assistance, nos enfants n’ont pas de travail, trouver leur du boulot, nous avons besoin des médicaments, des dons en vivre, car celui qui a faim n’est pas libre. Venez nous aider, car nous ne savons plus vers qui nous tourner. La maladie qui leur a rendu ainsi est la force de la nature. Ils ne l’ont pas achetée. Pardonnez, pensez à eux comme vos mères et pères ", a-t-il supplié, l’air triste.

Notons, que la lèpre est une maladie chronique causée par le bacille Mycobacterium. Il se multiplie très lentement et la période d’incubation de la maladie est en moyenne de 5 ans. Dans certains cas, les symptômes apparaissent au cours de la première année, mais peuvent mettre jusqu’à 20 ans avant de se manifester. La maladie touche principalement la peau, les nerfs périphériques, la muqueuse des voies respiratoires supérieures ainsi que les yeux. Certes, cette affection ne tue pas, mais elle condamne à une survie parfois plus dure que la mort. Les conséquences dramatiques de la lèpre sur le destin de ces hommes et femmes qui vivent repliés sur eux-mêmes ne sont pas non plus négligeables.

Solange ARALAMON et Kady Sanogo (Stagiaire)

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