Face au manque ou à la rareté des pièces d'argent pour faire de la monnaie aux usagers qui empruntent les mini-cars de transport urbain abidjanais, communément appelé "Gbaka", les apprentis ont inventé "L’Association" qui consiste à regrouper les clients et leur remettre un billet qu’ils se chargent à leur tour de monnayer et de se distribuer.
Vendredi 1er Février, une scène attire notre attention au niveau du Carrefour "Siporex" à Yopougon. Deux jeunes filles se disputent pour une question de monnaie que leur a remis l’apprenti Gbaka quelques minutes auparavant. L’une estime que pendant qu’elle cherche de la monnaie, l’autre passe son temps à contempler les marchandises sur les étals dressés dans les environs. La seconde estime à son tour que c’est à la première que l’apprenti a remis l’argent, pour ce faire, elle ne peut rien faire.
Une situation que subissent de nombreux usagers, clients de ces gbakas. De Yopougon à Bingerville, en passant par Adjamé et Abobo, le constat est le même. Et les victimes donnent de la voix pour dénoncer cette pratique qui commence à s’ériger en habitude. "Les apprentis Gbaka ne font plus aucun effort. Ils obligent les clients à chercher eux-mêmes la monnaie. C’est devenu inacceptable", nous a relaté M. Bonny en colère, car il venait à peine de subir le même sort. Il a été obligé de faire des achats sur un étal situé à proximité de la gare des Gbakas à la Riviéra-Faya.
Certains passagers dénoncent pour leur part le fait que ces apprentis Gbaka gardent les jetons qu’ils remettent à leurs copines, vendeuses de papiers mouchoirs et autres friandises aux abords des lieux de chargement de ces véhicules.
"Ils gardent tous les jetons qu’ils donnent à leurs copines vendeuses de mouchoirs. C’est la raison pour laquelle elles sont prêtes à vous faire de la monnaie de 5000f voir 10.000 FCFA lorsque vous achetez ne serait ce que deux paquets de mouchoirs qui coutent 100f chacun", a déploré un passager rencontré aux abords de l’agence de la CIE d’Adjamé-Liberté.
A leur tour, les apprentis Gbaka indexés se défendent. Ils évoquent la rareté des jetons et autres pièces de monnaie. En plus de cela, malgré le fait qu’ils demandent aux usagers de monter dans leurs véhicules avec de la monnaie, d’autres s’entêtent à monter avec des billets.
"Quand à l’arrivée, nous nous retrouvons avec plusieurs passagers qui nous tendent des billets, nous n’avons pas d’autres choix que de les associer pour qu’ils puissent s’aider parce que nous n’avons pas le temps de chercher de la monnaie", se justifie Yaya, un jeune apprenti Gbaka, au carrefour Adjamé-Renault.
"Certains clients s’entêtent à monter alors qu’ils n’ont pas de jetons. Pour une distance qui coûte 100 ils nous donnent 1000f ou même 2000f. C’est inadmissible", a renchéri un de ses collègues.
Les chauffeurs de gbaka défendent leurs apprentis en insistant sur le fait que certains clients font de la provocation en n’écoutant pas les consignes données par les apprentis à la montée de leurs véhicules.
Pour que les choses rentrent dans l’ordre, chauffeurs, apprentis et usagers demandent à l’Etat de mettre une politique en œuvre pour éviter que les pièces de monnaies ne soient plus aussi rares.
Solange ARALAMON