Lutte contre le tabagisme : Ce que cache les activités sociales de l'industrie du tabac





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Il n'est pas rare que les grandes entreprises investissent massivement dans des activités de responsabilité sociale des entreprises (RSE). Le concept de RSE a pris une importance et une signification considérables. Les entreprises sont de plus en plus motivées pour devenir socialement responsables. Les initiatives de RSE ont souvent été considérées comme motivées par l'impératif moral d'entreprendre des activités bénéfiques pour la société et permettant à l'individu d'agir en tant que bon citoyen corporatif.

Cependant, certaines industries de produits de base malsains, comme l'industrie du tabac, utilisent la RSE pour se faire passer pour socialement responsables. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) définit les mesures de RSE dans le contexte de l'industrie du tabac comme la promotion de "mesures volontaires en tant que moyen efficace de lutter contre le tabagisme et de créer l'illusion d'être une entreprise "changée" et d'établir des partenariats avec des intérêts sanitaires".

Depuis la fin des années 1900, l'industrie du tabac utilise stratégiquement la RSE pour tenter d'empêcher une réglementation gouvernementale efficace visant à réduire la consommation de tabac.

Les fabricants de tabac ont tenté d'éviter la réglementation législative en proposant à la place des formes volontaires de gouvernance d'entreprise. Bien que le tabagisme soit la première cause de mortalité évitable dans le monde, l'industrie continue d'utiliser la RSE comme un moyen de mener un marketing clandestin.

Les décès liés au tabac devraient atteindre 8,3 millions de personnes en 2030 (contre 5,4 millions en 2005), car les activités des multinationales du tabac propagent l'épidémie de tabagisme dans les pays en développement.

Dans les pays où la loi interdit aux fabricants de tabac de faire de la publicité pour leurs produits ou d'en assurer la promotion, les activités de RSE constituent une alternative importante pour atteindre divers publics.

Selon les lignes directrices de l'article 5.3 de la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la responsabilité sociale de l'industrie du tabac est une contradiction inhérente, car les fonctions essentielles de l'industrie sont en contradiction avec les objectifs des politiques de santé publique en matière de lutte antitabac.

Dans le cadre de ses programmes de relations publiques, de RSE et d'investissement social des entreprises (ISE), l'industrie du tabac fait depuis longtemps des dons philanthropiques. Toutefois, le problème fondamental est que la RSE a été utilisée comme une stratégie politique efficace par les fabricants de tabac pour obtenir un soutien en faveur de positions politiques favorables aux intérêts de l'industrie du tabac et pour affaiblir l'opposition.

Au plus fort de la pandémie de COVID-19, les fabricants de tabac ont profité de la situation pour se promouvoir en tant qu'organisations pharmaceutiques et de santé publique, plutôt qu'en tant que fabricants de cigarettes. Tous les grands cigarettiers ont fait des dons d'argent, de nourriture ou d'équipements médicaux (y compris des ventilateurs) pour venir en aide aux victimes du COVID-19 dans le monde entier. Tous ces efforts étaient à peine voilés comme des activités de RSE et, comme les pays étaient en crise, les gestes étaient considérés comme utiles. 

Outre la dimension morale de la RSE, des études antérieures ont également pris en compte la dimension stratégique, selon laquelle la RSE est un moyen et un instrument mû par des motivations extrinsèques pour atteindre les objectifs d'une entreprise.

Contribution de Simon Mwangi - Expert certifié en surveillance de l'industrie du tabac par le Centre africain de surveillance de l'industrie du tabac et de recherche sur les politiques (ATIM).

 

 

 

 

 

 

 

 

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