Ça ressemble à un coup politique parfait réalisé par le camp Biden sur la grille de départ. Le retrait du candidat démocrate Joseph Biden à la (presque) toute dernière minute ne fait les affaires que d’une seule personne : Kamala Harris, sa protégée, sa vice-présidente. Alors qu’il était positionné sur les starting-blocks et que sa campagne pour la présidentielle du 5 novembre prochain était bien lancée, le vieux Joe a surpris le monde politique américain dimanche.
Le président des Etats-Unis a annoncé se retirer pour le bien de son parti et son pays. Dans le même temps, il a dit soutenir sa vice-présidente pour la suite de la course à la Maison Blanche. Depuis ce jour, des voix s’élèvent de partout pour apporter soutien, réconfort et argent de campagne à Kamala Harris. Même les gouverneurs de grands Etats vus comme de putatifs concurrents à l’investiture démocrate de la mi-août à Chicago se sont alignés derrière la juriste et femme politique de 59 ans.
De sorte que la journée de dimanche qui aurait dû être une des plus dures de l’histoire du parti démocrate s’est transformée en un moment lumineux, porteur d’espoir. On a pu lire, du reste, cette brillance sur le visage radieux et rayonnant d’une Kamala Harris au sourire subjuguant et au style classe lors de sa première apparition publique depuis la Maison Blanche où elle a eu droit à sa première prise de parole devant les caméras.
Les choses sont très simples lorsqu’elles sont bien préparées. Et leur exécution se déroule comme sur les chapeaux de roues. Exactement comme le timing du retrait du vieux Joe qui, même s’il est provoqué, paraît avoir été inclus dans une stratégie dont l’objectif est non seulement de rendre belle et victorieuse la sortie du président mais aussi et surtout de faire en sorte que personne d’autre que sa vice-présidente Kamala Harris ne puisse avoir le temps matériel de postuler pour l’investiture démocrate. Hats off !
Cette première victoire est à mettre à l’actif de l’équipe Biden dont fait partie Kamala. Plusieurs sources indiquent que la vice-présidente est constamment au téléphone, depuis dimanche soir, en discussion avec ses camarades afin de les convaincre de se rallier à sa cause. Lundi, lendemain du coup de tonnerre venu du président américain, elle a eu le ralliement venu de cinq gouverneurs avec cerise sur le gâteau : le soutien de Nancy Pelosi pour remplacer Biden. L’ancienne présidente de la Chambre des représentants (Parlement américain), figure imposante du parti démocrate, faisait partie des deux ténors du parti dont on attendait jusque-là l’annonce.
Dans sa déclaration faite lundi 22 juillet 2024, la vice-présidente a salué avec chaleur et satisfaction, le mandat de Joe Biden. Elle n’a pas manqué de souligner que son patron est de très loin incomparable à ses devanciers et même ceux qui ont fait deux mandats. Un clin d’œil sans doute aux deux mandats de Barack Obama qu’elle semble fustiger pour n’avoir pas répondu aux attentes des Américains moyens. Mais de l’avis de plusieurs observateurs, elle ne serait pas encore arrivée à arracher le soutien de l’ancien président américain qui souhaiterait se placer à équidistance de tous les candidats.
C’est donc clairement la fausse note dans la marche en avant de celle qui est bien partie pour prendre la place de Joe Biden à l’investiture démocrate de la mi-août 2024. La question que l’on se pose après la sortie de Kamala, c’est de savoir si la vice-présidente n’a pas fait une bourde en s’en prenant de la sorte à Barack Obama. L’homme est connu pour être toujours très populaire et aurait du monde derrière lui qui attend sa décision avant de se décider aussi. En comparant le magister d’Obama à celui de Biden et en infligeant publiquement une très mauvaise note à l’ancienne rock-star, Kamala Harris n’est-elle pas en train de creuser, déjà, sa propre tombe ?
Abdoulaye Villard Sanogo