Main dans la main, des Ivoiriens de différents partis politiques ont réussi ce samedi 15 août à Paris, une marche pacifique contre la candidature d’Alassane Ouattara pour un 3e mandat.
Or, il est possible d’organiser une marche pacifique contre la candidature d’Alassane Ouattara à un 3e mandat présidentiel ! Des Ivoiriens de différents partis politiques Pdci, FPI, GPS…ont relevé ce défi samedi 15 août. Sauf que cela n’a été possible qu’en dehors du territoire ivoirien, précisément dans la capitale française. Par milliers, ils ont battu le pavé à Paris en exhibant des banderoles et des pancartes avec des messages hostiles à la candidature du chef de l’Etat sortant à l’élection présidentielle prévue le 31 octobre prochain. Après environ une heure d’une marche assez bruyante où des slogans anti- troisième mandat scandés par les marcheurs étaient amplifiés par des haut-parleurs, les manifestants se sont rassemblés place Trocadéro où différents intervenants se sont succédé devant la foule.
Hier dimanche, des partisans du 3e du troisième mandat de Ouattara se sont aussi retrouvés dans les mêmes conditions en France pour exprimer leur position.
Ces manifestations se sont déroulées sans couacs, et les participants sont rentrés chez eux en toute tranquillité.
Pourtant en Côte d’Ivoire, théâtre de la future élection présidentielle qui est le sujet principal de ces rassemblements, aucune contestation n’a pu se dérouler pacifiquement depuis la décision du Président Ouattara d’être le candidat du Rhdp. La faute au gouvernement qui a choisi de s’y opposer. Les autorités ivoiriennes ne souhaitent surtout pas voir des citoyens exprimer librement, dans les rues d’Abidjan ou de l’Intérieur, leur opposition à cette candidature de Ouattara. Candidature que d’éminents juristes, y compris des membres du Comité d’experts ayant rédigé la Constitution en 2016 ; et l’actuel ministre de la Justice Sansan Kambilé, ont publiquement jugé non autorisée par la loi fondamentale. En témoigne l’interdiction de la marche initiée le jeudi 13 août par l’ONG Alternative Citoyenne Ivoirienne (ACI).
Dans la soirée du 13 août, dans une déclaration, la présidente de cette organisation Pulchérie Edith Gbalet, a affirmé avoir déposé en bonne et due forme une demande d’autorisation de cette activité. Elle répondait ainsi à un communiqué du ministre l’Administration du territoire et de la décentralisation, Sidiki Diakité qui affirmait le mercredi 12 août que les organisateurs n’avaient pas « respecté les procédures appropriées ». Pourtant, depuis lors, la déclaration de ACI n’a pas été démentie par les autorités. Ce qui confirme leur mauvaise foi et leur refus de donner toute suite favorable à la démarche de l’ONG. Conséquence, la marche du 13 août a été violemment réprimée à différents endroits du pays. Après les morts des jours précédents, un nouveau décès a été enregistré ce 13 août. Il s’agit d’un jeune tué par les balles de la police à Bonoua. Des dizaines de personnes ont été également arrêtées. Parmi elles, laCoordonnatrice de la Délégation GPS Côte d’Ivoire, Anne-Marie Bonifon, et trois de ses collaboratrices, à savoir : Naminata Koné ; Kouigninon Pan épouse Todé ; Sonnebo Henriette Guei. Hier dimanche, l’arrestation de la présidente de ACI Pulchérie Gbalet a été signalée. Aussi, deux de ses collaborateurs qui étaient en sa compagnie sont introuvables.
Pourtant, la Constitution ivoirienne, en son article 20, stipule : « Les libertés d’association, de réunion et de manifestation pacifiques sont garanties par la loi ». En privant des citoyens de ce droit constitutionnel, le pouvoir, non seulement viole la loi, mais favorise surtout la violence à laquelle on assiste depuis quelques jours. Car, si à chaque fois qu’une organisation sollicite l’autorisation de tenir une manifestation conformément à la loi, cela lui est accordé, il est fort probable qu’il n’y ait pas de barricades, pas de pneus brûlés, ni de destructions de biens privés ou publics. Il suffira qu’à l’instar des autorités françaises, les dirigeants ivoiriens acceptent d’être démocrates.
Cissé Sindou