Syllama Design ‘’Créatrice de bijoux et accessoiriste de mode’’ : ‘’Il faut faire des sacrifices…’’





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Sylla Maférima, plus connue sous le pseudonyme de Syllama Design est une créatrice de bijoux et d’accessoires de mode qui tourne dans la sphère de la mode depuis 2008. 10 ans de présence qui lui ont permis de monter son affaire tout doucement pour se retrouver dans les différents agendas d’événements de mode du moment.

Elle a accepté de nous ouvrir les portes de son ‘’laboratoire’’ sis à Port-Bouët afin de nous présenter les secrets de ses créations. Sans oublier de nous parler de sa passion qui a pris aujourd’hui le pas sur son métier de restauratrice. Causerie.

Comment êtes-vous arrivée dans les accessoires de mode ?

Tout est parti de mon restaurant que je gérais à Bonoua. J’ai été remarquée par une dame, experte en artisanat qui est venue, comme tout bon client pour manger. Entre temps, J’avais au sein du restaurant, un arbre sur lequel j’exposais mes créations de bijoux que je faisais par plaisir. Elle a demandé à la serveuse qui les faisaient et cette dernière m’a fait appel. La dame a apprécié et a promis de m’appeler. J’avoue que n’y croyais pas. Une semaine après, elle m’a appelé effectivement pour me dire qu’il y avait une exposition à l’hôtel Ivoire. J’ai hésité un peu parce que je n’avais pas grande chose comme création. Mais elle a insisté pour me dire qu’elle me trouverait une table, même avec le peu que j’avais. Lorsque je suis arrivée, il y avait un forum des femmes leaders. Après la rencontre, les dames sont venues et elles ont regardé. Je n’ai rien vendu ce jour-là, mais il y avait de l’engouement autour de mes créations. Et le même jour, la dame m’informe de l’organisation d’une exposition de la CEDEAO à Ouagadougou et que je pouvais y aller pour faire des rencontres et voir ce que les autres font. Je lui ai dit que je n’avais pas d’argent pour effectuer le déplacement. Elle m’a dit que c’est l’argent qui appelle l’argent et a vraiment insisté que j’y aille. Je suis effectivement allée par train et j’ai participé à l’exposition. Les ouagalaises ont été formidables et j’ai bien vendu. Dès que je suis revenue, j’ai fermé le restaurant et je me suis lancée dans le métier de créatrice de bijoux. C’est une passion et je vous assure que j’ai pris des risques parce que je ne croyais pas que je me sortirai d’affaires. De temps en temps, j’étais informée des expositions qui se tenaient sur la place et auxquelles je participais. Jusqu’à ce que le Ministère de l’Artisanat m’approche. Et c’est de là que tout est parti.

Vous laissez une activité qui vous rapportait régulièrement de l’argent au quotidien pour vous lancer dans un univers que vous ne maitrisiez pas et où le gain n’est pas aussi évident. Qu’est ce qui vous a conforté dans votre position ?

A la base, il faut être passionné pour s’en sortir parce que l’on ne voit pas tout de suite les retombées financières. Effectivement, avec la création, c’est tout autre chose. Tu peux créer tous les jours mais il n’est pas toujours évident de vendre alors qu’avec le restaurant, c’est tous les jours que tu as une entrée. Mais je me suis trouvée une passion et je passais mon temps à créer. Ce que je gagne en tout premier lieu, c’est la satisfaction de la cliente. Et c’est plus que de l’argent.

Le grand public vous a découvert dans les coulisses des événements de mode. Comment avez-vous intégré le milieu ?

Le Ministère de l’artisanat m’a encadré concernant les expositions à l’extérieur du pays depuis 2008. Au cours de l’événement ‘’Afrikfashion4’’, j’ai vu l’annonce à la télévision et j’ai approché les organisateurs qui m’ont intégré dans la liste des accessoiristes pour les défilés des talents naissants et j’ai défilé. Isabelle Anoh, l’organisatrice m’avait remarqué et comme Momo Ché connaissait aussi mes créations, elle a souhaité que j’accessoirise ses tenues. Ce que j’ai accepté. Le soir du grand défilé, je me suis retrouvée à accessoiriser les tenues de tous les créateurs qui étaient présents. Et cela m’a ouvert beaucoup de portes. C’est de là même que Uniwax m’a remarqué et a fait de moi l’accessoiriste principale de leur magazine. Depuis lors, ce sont les promoteurs d’événements eux-mêmes qui m’approchent.

Quelles sont les stratégies que vous mettez en place pour vendre vos créations quand vous-même vous dites que ce n’est pas toujours évident d’avoir des retombées pécunières ?

Nous nous organisons pour faire des ventes. Mon atelier se trouve à Port-Bouët, ce qui est loin de ma clientèle qui se trouve pour la plupart à Cocody. J’ai fait des dépôt-vente dans certaines boutiques au Plateau, à la Riviéra et aux 2 Plateaux. Ce qui leur permet de faire des achats. Mais il est vrai que lorsqu’elles viennent à l’atelier, elles ont plus de choix. Je participe aussi à beaucoup d’expositions et de foires ici même à Abidjan et à l’extérieur.

Quelles sont vos relations avec les autres accessoiristes de mode qui existent en Côte d’Ivoire ?

J’ai de très bonnes relations, je pense, avec celles que je connais sur la place. Que ce soit celles qui sont dans le pagne ou les perles. Il faut dire que les éléments que nous utilisons sont assez variés.

Ce que vous faites aussi c’est de l’artisanat. Avez-vous des connexions avec les artisans de la place?

Oui, bien sûr. Dernièrement, le ministère de l’artisanat nous avait sélectionnés, 20 artisans pour suivre une formation en gestion simplifiée par l’Agefop et le BIT. Au sortir de cette formation, nous nous sommes mis en réseau avec plusieurs secteurs d’activités. Et les autres m’ont porté à la tête de ce réseau dénommé ‘’Réseau des Maîtres artisans de Côte d’Ivoire’’ (REMACI). Nous formons les apprentis artisans. Je suis également partenaire de plusieurs associations des créateurs de mode.

Quels conseils pourriez-vous donner à des personnes qui vous prennent comme modèle ?

Je leur dirai dans un premier temps, c’est d’aimer ce qu’ils font parce que quand on aime ce qu’on fait, on peut encaisser beaucoup de coups et avancer. Il ne faut pas tout de suite voir le côté financier. Quand on met les retombées financières devant, on ne peut pas avancer correctement. Quand c’est le cas, on est tenté d’envier les autres, de se plaindre du travail. Il faut se concentrer sur son travail, chercher des stratégies pour voir comment avancer et comment mettre à profit son talent pour gagner de l’argent. Il faut faire des sacrifices et beaucoup d’humilité.

Quels sont vos projets ?

Pour les 10 ans à venir, je vais ajouter autre chose aux accessoires. Le vêtement par exemple qui s’allie très bien avec les accessoires. Il n’y a que quelques enjambées. Je souhaite aussi délocaliser l’usine parce que c’est vrai que je dépose dans quelques boutiques, mais je pense fortement à me rapprocher de ma clientèle. Je compte aussi participer à beaucoup plus de foires à l’extérieur et pourquoi pas, organiser un événement pour présenter mes créations au cours d’un défilé. Mais je ne veux rien faire dans la précipitation. Je vais tout faire dans l’ordre et dans la vision de Dieu car quand Dieu décide de quelque chose, il met les moyens pour réaliser.

Solange ARALAMON

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