Interruption de la fourniture d’eau : trop de zones d’ombres dans les explications





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Les populations d’Abobo PK 18 et d’Anyama se sont soulevées, en début de semaine, pour manifester contre le manque d’eau dans leurs quartiers. Munies de bidons vides, elles ont obstrué les voies, empêchant toute circulation. Si les habitants de ces sous-quartiers ont été les plus courageuses pour exprimer leur mécontentement, cela ne signifie pas qu’ils sont les seuls concernés. D’autres populations de cette même commune, et même d’autres communes ivoiriennes, souffrent également d’un cruel manque d’eau. Mais le plus dur pour elles, c’est qu’elles sont dans le flou total malgré les appels au calme des autorités compétentes en vue de les rassurer. Quand est-ce que de l’eau sortira à nouveau de leurs robinets ? C’est la réponse à cette question essentielle qui est la réelle préoccupation. Mais rien ne semble les rassurer.

Le mercredi 5 mai 2021, le ministre de l'Hydraulique, Tchagba Laurent, a convoqué le comité de crise réunissant des responsables de l’Office national de l’eau potable (ONEP) et de la Société de distribution d’eau en Côte d’Ivoire (SODECI) pour leur donner des instructions fermes en vue de résoudre le problème. Surtout, il a annoncé l’acquisition de 20 camions-citernes qui s’ajouteront aux 3 déjà présents, d’ici le 15 juin 2021. Vous avez bien lu, le 15 juin 2021. Déduction logique, le problème de la desserte en eau potable aux ménages ne trouvera pas solution avant cette date. Ce qui n’est pas fait pour rassurer quand on sait que nous ne sommes qu’au 8 mai 2021.
En fait, au regard des témoignages recueillis auprès des riverains des quartiers touchés par la situation de manque d’eau, entre populations et autorités, la confiance ne règne plus. L’exemple de cet habitant du carrefour Agripac, à Abobo, est patent : "Écoutez, nous ne sommes quand même pas des analphabètes. Nous lisons les journaux. Il y a environ 2 ans, les autorités affirmaient que la majeure partie de la Côte d’Ivoire avait accès à l’eau potable. Qu’est-ce qui s’est passé entre-temps pour qu’on en soit là ?".
Un peu de recherche et nous constatons que cet Abobolais dit vrai. En effet, le 24 janvier 2019, alors qu’il était l’invité de la rédaction du quotidien gouvernemental Fraternité Matin, le ministre Tchagba Laurent déclarait : " Aujourd’hui, nous sommes à un taux d’accès à l’eau potable de plus de 80 % au plan national. Il y a de plus en plus de l’eau potable, même dans les zones les plus reculées du pays". Des propos que dément la situation actuelle.
La tutelle avait révélé également, à cette époque, que 1 320 milliards de FCFA seront investis dans le secteur de l’eau, d’ici à deux ans, en vue de relever les différents défis. Nous sommes en mai 2021, donc plus de 2 ans plus tard. La situation qui devrait s’améliorer, empire. C’est donc fort de tous ces faits que ce même habitant du carrefour Agripac conclut :" nous n’avons plus confiance en leur parole".
Au village d’Aboboté, nous apprenons autre chose, le manque d’eau serait lié aux coupures d’électricité, nous révèle un habitant. Même si l’information n’est pas vérifiée, elle est quand même le point de départ d’un recours aux archives. Et, nous y découvrons qu’en effet, du 7 au 9 mai 2020, le ministre de l’Hydraulique, visitant les stations de pompage et de traitement d'eau, avait déclaré : "La production d’eau s’effectue de façon continue". Ajoutant que la plupart des coupures d’eau observées sont dues à des problèmes d’interruption d’électricité. Pour y apporter une solution, la tutelle avait annoncé qu’en accord avec son collègue de l’Énergie, les différentes stations d’eau ont été équipées de groupes électrogènes qui prennent le relais aussitôt en cas de coupure d’électricité. Si c’est effectivement le cas, le manque d’eau ne devrait donc pas avoir de lien avec les coupures d’électricité.
Au finish, malgré les grands discours et autres justificatifs pour expliquer le manque d’eau, les choses restent confusent dans les esprits des Ivoiriens. Pouvait-il en être autrement si l’on laisse persister sciemment ou inconsciemment des zones d’ombre?

Modeste KONÉ

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