Ce 26 mai, lors de la deuxième audience du procès ouvert le 19 mai au tribunal criminel contre Guillaume Soro et ses proches, l’accusation sera très attendue avec sa preuve qu’elle n’a pu présenter mercredi dernier.
« Atteinte à la sureté de l’État », « complot », « diffusion de nouvelles fausses … ». Ce sont les charges retenues contre Guillaume Soro et plusieurs de ses proches jugés par le tribunal criminel d’Abidjan. Le réquisitoire du procureur repose globalement sur un enregistrement audio dans lequel l’ancien président de l’Assemblée nationale évoquerait avec un interlocuteur un projet de déstabilisation de la Côte d’Ivoire. Cette pièce centrale que l’accusation aurait oubliée d’apporter lors de la première audience mercredi dernier, est très attendue demain. Même si elle réussissait à produire cette « preuve » improbable au cours de l’audience de ce 26 mai, l’accusation aura à relever le lourd défi de démontrer que celle-ci accable le leader de GPS et ses camarades Alain Lobognon, Soul To Soul, Sékongo Félicien… et ses deux cadets Simon et Rigobert Soro, tous accusés d’avoir voulu renverser le pouvoir d’Alassane Ouattara.
En effet, dans cette affaire que le procureur Adou Richard a présenté en décembre 2019 comme un cas de flagrant délit (pour justifier l’incarcération de plusieurs députés sans la levée de leur immunité) en dehors de la fameuse bande sonore, les autres éléments brandis contre les prévenus sont quelques armes qui auraient été saisies à la permanence de GPS à la Riviera Golf et dans la lagune à Assinie. A moins qu’il en présente d’autres, il sera difficile pour le parquet de convaincre le jury et l’opinion nationale et internationale, de la culpabilité de l’ex-chef du Parlement et ses proches.
En effet, de sources proches de l’instruction, les dépositions des personnes arrêtées en décembre 2019 ne convergent nullement vers une action concertée de déstabilisation. Pour tout argument, l’accusation avance que le 23 décembre 2019, date du retour de Guillaume Soro en Côte d’Ivoire était le jour de la mise à exécution de son projet d’atteinte à la sûreté de l’Etat et que la conférence de presse organisée par ses proches à la permanence de GPS était l’une des étapes de cette opération. Par ailleurs, l’accusation prétend que les armes qui auraient été saisies à la Riviera Golf, tout comme celles trouvées dans la lagune provenaient d’une même cargaison, étaient destinées à faire un coup d’Etat.
« … toutes ces découvertes d’armes dans le sérail de Monsieur Soro Kigbafori Guillaume laissent apparaitre de façon dirimante que lesdites armes devaient servir à la mise en œuvre de ses desseins d’accession par la voie armée au pouvoir », conclut l’instruction, selon nos sources.
Quelle est l’authenticité et la fiabilité de l’enregistrement audio ? A quelle date, dans quelle condition et dans quel but a-t-il été réalisé ? Le contenu d’une conversation privée peut-il valoir projet de déstabilisation ? Même si des armes avaient été trouvées, comme cela se dit, dans la résidence de de Guillaume Soro mitoyenne à la permanence de GPS à la Riviera Golf, en tant que président de l’Assemblée nationale ne devait-il pas disposer d’une dotation pour sa garde ? Guillaume Soro, à moins d’un an de l’élection présidentielle de 2020, de retour en Côte d’Ivoire, après avoir mis en place GPS pour la conquête démocratique du pouvoir d’Etat, allait chercher à faire un coup d’Etat dans quelle logique et dans quel intérêt ? L’accusation aura fort à faire devant autant de questions, et les juges devraient vite se rendre compte que toute cette cabale a été montée en 2019 dans le seul but d’éliminer un adversaire sérieux du candidat du RHDP à l’élection présidentielle de 2020.