Il est encore temps pour le chef de l’Etat Alassane Ouattara d’observer avec moins d’égo certains signes, afin de prendre une sage décision.
Monsieur le président de la République, notre constat est le suivant : dans ce combat contre votre « fils » Guillaume Soro, vous êtes guidé par votre égo et l’orgueil. Pour nous, toute cette traque de votre régime contre le leader de GPS et ses proches depuis 2019, est le reflet de ce que vous n’avez pas réussi à prendre le dessus sur votre fierté, et que c’est le contraire qui s’est plutôt produit.
Depuis bientôt deux ans, le monde entier assiste donc à cette guerre entre votre « fils rebelle » (l’expression est de vous-même, Monsieur le président de la République) et son « père » qui veut à tout prix le soumettre. Votre « fils » refuse de vous demander pardon sous la contrainte parce qu’il considère qu’il n’a pas commis de faute. Pour lui, le fait d’avoir refusé d’adhérer au Rhdp pour voler politiquement de ses propres ailes et totalement légitime. Bien au contraire, il estime être la victime parce que persécuté et humilié depuis son départ de votre ‘’maison’’. Là où vous vous lui exigez de faire amende honorable, lui attend que cesse contre lui et ses proches tout cet acharnement qu’il trouve injuste et injustifié. Car, persiste-t-il, son choix de suivre sa propre voie politique en toute autonomie est légale et légitime.
Dans votre camp comme dans le sien, cette déchirure gêne. Beaucoup de vos partisans respectifs ne supportent pas de vous voir demeurer dans cette confrontation. Ils sont d’autant plus peinés qu’ils ont été témoins, et n’oublient pas tout le sacrifice consenti par votre « fils rebelle » pour votre accession au pouvoir. Ils sont encore plus peinés lorsqu’ils observent vos largesses vis-à-vis de vos adversaires communs d’hier, pendant que vous continuez de contraindre à l’exil votre ancien partenaire qui était prêt à mourir pour que vous deveniez président de la République de Côte d’Ivoire. Beaucoup de vos partisans respectifs souffrent en silence et rêvent de la fin de votre guerre.
Cependant, pour la paix, au moins l’un d’entre vous doit se mettre au-dessus de sa fierté personnelle. Monsieur le président de la République, soyez en sûr, c’est de vous le « père », que tous les sages attendent cette sagesse. Ils souhaitent qu’à l’instar, par exemple, de l’attitude qu’a eue l’ancien Président français François Hollande vis-à-vis de son « fils » Emmanuel Macron, lui aussi rebelle, vous cessiez de faire de Guillaume Soro un ennemi à anéantir. Filleul et ministre de l’Economie de Hollande, Macron s’est mis à critiquer la vision du parti socialiste et la gouvernance de son mentor. Il finira même par démissionner du gouvernement pour entamer sa « Marche » vers la Présidence française. Pour autant, Hollande n’a pas instrumentalisé la justice française contre lui. Bien au contraire, après avoir laissé le jeu démocratique se jouer, Hollande a appelé à voter Macron face à Marine Lepen au 2e tour de la présidentielle de 2017. Sa tolérance a contribué à l’élection de son « fils » et il doit en avoir eu une satisfaction morale.
Monsieur le président de la République, c’est un exemple à suivre. Gérez le cas Soro sans égo et sans écouter ses ennemis qui vous conseillent. Ne l’oubliez pas, peut-être que Dieu a prévu que vous ne parveniez jamais à le vaincre. Sachez également que chacun de vos échecs à l’éteindre, ternit votre image et vous affaiblit. Prenez de la hauteur. Vous en sortirez grandi.
Cissé Sindou