Affi, Gbagbo et nous





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Le point de non-retour. C’est la situation réelle des rapports entre Affi N’Guessan, président du Fpi et Laurent Gbagbo, président du parti qui sera créé dans deux mois. La semaine écoulée a été particulièrement riche en enseignements et en révélations, les uns aussi croustillants que les autres. C’est l’ancien prisonnier de La Haye qui a ouvert les hostilités. Dans une adresse au Palais de la culture, devant les ‘‘Gor’’ (Gbagbo ou rien) gonflés à bloc, il a descendu en règle son ancien Premier ministre en le présentant comme un parvenu qui a pris le parti en otage. D’où sa décision de lui laisser «l’enveloppe du Fpi» et de proposer de porter une nouvelle formation politique sur les fonts baptismaux.

Comme il fallait s’y attendre, Affi N’Guessan n’a pas fui le débat. Devant les journalistes, le président du Fpi, a pris acte de la volonté de rupture affichée par Gbagbo, non sans rappeler le sens et les raisons de son engagement au Fpi depuis 1986, au moment où le parti était dans la clandestinité et ne roulait pas carrosse.

En quoi les palabres entre ces deux hommes peuvent intéresser l’ensemble des Ivoiriens ? C’est à ce niveau qu’on interroge l’état de la démocratie en Côte d’Ivoire. Pourquoi Laurent Gbagbo, l’homme qui se présente comme le ‘‘père de la démocratie’’ depuis plus de trois décennies, est incapable de la faire fonctionner au sein de son parti ? Pourquoi l’homme du célèbre slogan : « Asseyons-nous et discutons » est incapable d’ouvrir le dialogue avec un de ses plus fidèles collaborateurs ? Pour avoir renié les valeurs qu’il a enseignées, à 76 ans, voici Gbagbo en train de créer un autre parti politique. Avec quelle énergie compte-t-il se lancer dans cette nouvelle aventure? Les semaines à venir nous situeront.

Il a bafoué Affi N’Guessan qui, pour son honneur et sa dignité, est obligé de se battre pour exister. Comme il est de coutume, quand on manque du respect à son propre fils en public, il faut s’attendre à sa réaction. Avec «l’enveloppe» en main, que vaut Affi ? A-t-il les moyens de conquérir de nouveaux espaces et de nouveaux militants pour remplir l’enveloppe ? Va-t-il sceller des alliances pour renforcer sa chapelle ? En politique, on ne dit jamais, « jamais ! » D’où les regards braqués sur sa personne. Gbagbo pense qu’il ne vaut que le poids d’un duvet. A lui de démontrer le contraire. A la différence de certains politiciens, Affi a une base électorale à partir de laquelle il peut tisser sa petite toile. S’il arrive à capitaliser les échecs de Gbagbo, il peut faire flores. Mais s’il se trompe d’adversaire en ce moment précis de son histoire, il sera perdu définitivement. Il restera dans les oubliettes.

Pour sûr, Gbagbo n’est pas au bout de ses peines vu que personne ne sait aujourd’hui ce qui se passe dans la tête  de Simone Gbagbo. Elle, également, a été proprement blessée dans son amour propre par l’ancien président. Lors de la réunion du comité central du Fpi au Palais de la culture, à chaque évocation de son nom, c’était une ovation nourrie. Ce qui signifie qu’elle a une carte à jouer. Laquelle ? Motus et bouche cousue. Mais tous les observateurs attentifs savent qu’elle n’attend que le moment opportun pour porter l’estocade à l’homme qui a osé la banaliser à la face du monde le 17 juin. A Bonoua, le 8 août, lors la célébration du troisième anniversaire de sa sortie de prison, Simone a fait un discours sans prononcer une seule fois le nom de Laurent Gbagbo. C’est un signal fort que seuls les ascètes peuvent comprendre.

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SW

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