Prix des denrées alimentaires : attention, ça grimpe fort !





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Le marché, autrefois fréquenté par les économiquement faibles, est devenu trop cher pour eux



La gent féminine, principale catégorie qui fréquente les marchés et qui grinçait des dents, n’en peut plus. Elle arrive difficilement à se contenir face à la hausse des prix des denrées alimentaires. En bonne place dans les commérages, la cherté de la vie. Le panier de la ménagère s’est fortement allégé. L’argent de la popote ne peut plus acheter grand-chose. Face à ce constat, pressecotedivoire.ci a décidé d’aller sur le terrain pour des vérifications. Premier point de chute, le marché de Cocody-centre.

À notre arrivée sur les lieux, mercredi 1er mai 2024, jour de la fête du travail, le premier constat est que les étals sont à moitié vides. Cela est certainement dû au jour férié. S’il n’y a pas grand monde comme les jours ouvrables, l’ambiance demeure la même. Comme dans tous les marchés, commerçantes et clientes négocient fort les prix des marchandises. Nous prenons sur nous de faire le tour du marché, le temps de nous renseigner. Deuxième constat après notre randonnée dans ce marché, les prix de plusieurs denrées alimentaires ont connu une hausse. Aubergine, gombo, graine, piment, etc., tout a augmenté. La première vendeuse à qui nous posons la question pour savoir la raison de cette situation nous répond sans problème : « Ma fille, on ne vend plus d’aubergine à 200 FCFA ou 300 FCFA le tas. Maintenant, c’est à partir de 500 FCFA ». Devant notre surprise, elle ajoute : « Ce n’est pas de notre faute. Les aubergines du village nous sont vendues à 12 000 FCFA le seau au lieu de 5 000 FCFA ou 6 000 FCFA comme avant. Les aubergines ordinaires, nous les achetons à 8 000 FCFA aujourd’hui. Donc plus cher qu’avant ». Pendant que nous dévisons, arrive une cliente qui, ayant pris connaissance de notre conversation, se permet de donner son avis. « Depuis un moment, on ne peut plus rien acheter au marché, tout a augmenté. Avec 5 000 FCFA, on ne peut rien avoir au marché, c’est vraiment compliqué. Même les kilos de riz et de viande ont augmenté », nous apprend celle qui nous dira se nommer Mme Kouassi.

Les grossistes pointés du doigt

Nous laissons notre commerçante avec sa cliente et nous nous dirigeons vers d’autres tables. Le constat est le même et les témoignages sont identiques. Les grossistes ont augmenté leurs prix, ce qui se reporte sur les prix au détail.

Nous décidons quelques minutes plus tard de nous diriger vers le marché de la Riviera-Palmeraie, toujours dans la commune de Cocody. Une fois sur place, nous nous retrouvons devant les marchandises de tantie Maï, comme elle se fait appeler elle-même. Interrogée sur les raisons des augmentations des prix des denrées alimentaires, elle nous répond sans hésiter. « Ça fait 3 ans que je suis dans ce marché. Ça ne nous plaît pas de fixer les prix ainsi mais ce n’est pas de notre faute. À Adjamé ou Abobo où nous nous ravitaillons en légumes (en gros), tout a augmenté. Pour nous en sortir, nous sommes obligés d’augmenter un peu pour avoir des bénéfices. Le petit seau de piment qu’on avait à 2 000 FCFA est passé à 5 000 FCFA. C’est vraiment cher », nous explique-t-elle. Non loin d’elle, nous constatons la présence d’un boucher. Nous rappelant les propos de dame Kouassi au marché de Cocody, nous nous rapprochons de lui. Ce dernier confirme ce que nous a dit notre interlocutrice d’avant : « Madame, le kilo de la viande de bœuf est à 3 000 FCFA. D’autres même le vendent à 3 200 FCFA. À l’abattoir où nous nous approvisionnons, le prix a augmenté. Du coup, nous sommes obligés d’augmenter le prix sur le marché aussi. Les clients se plaignent mais ce n’est pas de notre faute ».

Plusieurs vendeuses ayant soutenu qu’elles achètent leurs produits en gros au marché principal d’Abobo, nous décidons de nous y rendre. Objectif : savoir si là-bas au moins, les prix sont abordables. Nous mettons donc le cap sur la commune chère au maire Kandia Camara.

Sur place, dans le marché, nous remarquons que de nombreuses dames font beaucoup de provisions. L'une d’elles nous informe qu’elle y fait ses achats pour le mois.

« Je préfère venir faire mon marché du mois ici. Mais on constate que les prix ont augmenté sur le marché. Ce n’est plus comme avant où tout était à portée de main. Des légumes qu’on pouvait avoir à 500 FCFA ou 1 000 FCFA, maintenant on nous les vend à 2 000 FCFA voire 2 500 FCFA. Néanmoins, il y a une dame chez qui j’ai l’habitude de faire mes achats. Elle me fait des réductions », nous fait-elle savoir, avant de faire un plaidoyer : « Que l’Etat nous aide, on meurt de faim ».

Quelques instants plus tard, nous reportons notre attention sur des vendeuses de légumes pour en savoir plus sur l’augmentation des prix. « Tout a augmenté sur le marché parce que ceux chez qui nous prenons les produits en gros nous vendent ça cher. Quand ils viennent avec les camions, pour avoir les marchandises, c’est difficile. Les prix ont été multipliés par 2 voire 3. Du coup, nous sommes obligés d’augmenter pour avoir un peu de bénéfice pour manger », nous explique Fatim, vendeuse de produits vivriers.

Le constat est clair. Il y a une nette augmentation des prix des denrées alimentaires, surtout des produits vivriers. Clients et commerçantes le confirment. Concernant les raisons de ces hausses de prix, tous les acteurs sont unanimes que les augmentations proviennent des grossistes. C’est donc de ce côté qu’il faut voir. Certainement qu’eux aussi auront des raisons pour justifier cette situation.

Sonia FÊTÈ

 

Encadré : Les supermarchés, le nouveau refuge des consommateurs

Face aux augmentations des coûts des produits vivriers, des femmes et même des hommes ont décidé de se détourner des marchés. Leurs refuges, les supermarchés qui proposent ces denrées à des prix plus réduits.

La première enseigne à s’être lancée dans ce secteur est Socofrais. Présente dans plusieurs communes du district d’Abidjan, l’on retrouve dans ses rayons des fruits (orange, ananas, prunes, bananes douces, mangues, citrons…), des légumes (graine de palme, carotte, chou, aubergine, piments, etc.), divers poissons frais et fumés, des grenouilles séchées, des épices, du curcuma frais, des céréales (du riz noir, du riz local, du riz violet, du maïs, du haricot, du mil, etc.), de  la viande (de brousse) ou encore des féculents (banane, igname, tarot, patate douce, pomme de terre, etc.), à des prix plus bas que sur les marchés.

Quand nous y avons fait un tour, nous avons pu nous rendre compte que les légumes et fruits sont vendus au kilogramme. L’on retrouve ainsi la mangue à 990 F le carton de p7 ou 8 grosses mangues, là où au détail sur le marché, elles sont vendues à 200 F, 300 F et même 500 F l’unité. Alors que la tomate est proposée à 1 500 F ou 1800 F le kilo chez certains détaillants au marché, dans cet espace, ce même kilo se vent entre 590 F à 790 F. Le kilogramme de pomme de terre qu’on retrouve à 600 F sur les marchés, est vendu à 390 F. Sans oublier le piment vert qui est vendu à 590 F le kilo, là où au marché, les vendeuses proposent à peine 10 pièces à 500 F. L’on retrouve aussi l’oignon violet à 390 F alors qu’il est vendu à 600 F ou 700 F sur le marché.

C’est le même constat au niveau de la viande. Le kilo de viande sans os est vendu à 3000 F contre 3500 F et la viande avec os est proposée à 2800 F contre 3000 F au marché.

En plus de ces prix qui défient ceux des marchés, chaque week-end, les clients ont droit à des promotions. Ce qui a pour conséquence de voire de longues files de personnes qui préfèrent ces supermarchés.

« Nous sommes des gens de la brousse. Nous venons de Daloa et Gagnoa et nous avons vu comment les produits vivriers pourrissaient chez les paysans. Et quand bien même ils arrivent souvent à vendre, les parents les cédaient à des prix dérisoires. C’est ainsi que mon père a lancé ces supermarchés exclusivement réservés aux produits qui viennent de nos villages », nous explique M. Khador Ezzédine, le patron de la société SBV qui porte la marque.

Le succès de ce projet a motivé la création de plusieurs supermarchés « frais et verts » dans plusieurs communes du district d’Abidjan. D’autres grandes enseignes telles que Auchan ou Carrefour s’y sont lancées et ne semblent pas déçues.

Solange ARALAMON

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