Le phénomène a connu une croissance phénoménale ces dernières années. Très peu nombreux jadis, le nombre de vendeurs ambulants s’est accru en très peu de temps. Difficile de parcourir 100 mètres sans en rencontrer. Proposant divers produits, ils envahissent toutes les rues.
Si pour certaines personnes, ils sont les bienvenus. Une grande partie des populations ivoiriennes les trouve dérangeants pour plusieurs raisons. Dans les cabarets et autres maquis que nous avons visité, les avis divergent. Pour Kouamé H., vigile de profession, que nous avons rencontré au restaurant Soussoubessou à Abobo, ce sont des personnes qui se cherchent. "Je suis moi-même un débrouillard. Je lutte pour gagner ma vie. Je ne peux donc pas me plaindre de mon collègue débrouillard", explique-t-il avec une pointe d’humour. Même son de cloche du côté de Arnaud Koffi, avec une grosse tête d'agouti dans son "taliè" (récipient traditionnel africain qui sert à servir la nourriture), il ne fait aucune difficulté à nous répondre, entre deux cuillerées. "Écoutez, ce sont de jeunes frères et jeunes sœur qui cherchent à assurer leur pain quotidien. Il faut les encourager. Si on veut acheter leurs articles, on le fait. Dans le cas contraire, on décline leurs offres. Ils ne me dérangent pas", nous fait-il savoir.
"Des gens qui ne respectent pas du tout"
À part ces deux personnes qui prennent fait et cause pour les commerçants ambulants, toutes les autres personnes rencontrées ont un grief contre eux. À l’instar de N’Zi K. qui dit ne pas les supporter. Assis à Angré-château en train de déguster de l’attiéké au poisson frit, il montre des signes d’agacement dès que nous abordons le sujet. "Voici des gens qui ne respectent pas du tout. Tu es concentré sur ta nourriture, ils viennent d’interrompre. Tu viens t’asseoir dans un maquis pour boire une bière et réfléchir à tes problèmes, ils viennent te déranger. Ce n’est pas ce que je disais", coupe notre interlocuteur pour pointer du doigt un commerçant d’accessoires de téléphones portables. Et N’Zi K. de continuer : "nous sommes en train d’échanger. Et sans respect, il vient nous interrompre. Ce n’est pas poli". Notre commerçant qui a compris qu’il n’est pas le bienvenu, s’empresse de s’éloigner.
À Adjamé, en face de l’école Carine N couture, un autre lieu de restauration. La particularité ici, les vendeurs ambulants sont aussi nombreux que les clients. Nous remarquons un individu qui veut en découdre avec un commerçant. Sa voix porte. Nous décidons de nous approcher de lui pour l’écouter. "Ça ne va pas chez toi ? Tu vois des gens en train de manger et tu rentres dans le maquis avec des produits pour tuer les souris. Tu ne sais pas que c’est toxique. Soyez un peu intelligents. Sachez où vendre vos produits". La patronne des lieux s’empresse d’éloigner le commerçant. Il est midi et il ne faut pas faire fuir les autres clients.
Dans notre tournée, nous avons échangé avec un client d’un maquis situé juste derrière le grand bloc à Adjamé 220 logements. Sa position est claire, "ce sont des malhonnête". Selon lui, il a été plusieurs fois victime de commerçants véreux qui lui ont vendu de faux produits. "Figurez-vous qu’ils m’ont vendu un jour un parfum. En sa présence, ils m’ont fait savoir que c’était l’original. Une fois à la maison, c’était de l’eau. Je ne sais même pas à quel moment il a fait son échange", dit, très amer, notre interlocuteur.
Comme on peut le constater, la majeur partie des populations ivoiriennes n’apprécient pas et ne supportent pas les vendeurs ambulants. Certains les trouvent indiscrets, d’autres emmerdants ou malhonnête.
Modeste KONÉ