Au terme de l’Assemblée générale ordinaire de la Fédération ivoirienne football (FIF) qui s’est tenue, samedi 18 septembre 2021, à Abidjan-Plateau, des informations ont fait état de la désapprobation des membres vis-à-vis du rapport financier. Soutenant même que l’ex-membre de l’ancien comité exécutif, Sory Diabaté a été convoqué par l’inspection générale d’État. "Faux", soutient le président de l’Entente sportive de Bingerville. Dans cet entretien, il fait des éclaircissements.
Pressecotedivoire : Monsieur le président, au terme de l’Assemblée générale de la Fédération ivoirienne de football (FIF), il est ressorti que les clubs et les groupements d’intérêt n’ont pas donné leur quitus à la gestion financière du bureau exécutif sortant. Qu’est-ce qui n’a pas marché pour qu’on en arrive là ?
Diabaté Mamadou Bachir : Le quitus n’a jamais été soumis à l’appréciation des membres. Madame la présidente du Comité de normalisation et son équipe ont dit qu’ils ne pouvaient pas présenter les comptes parce qu’ils ont des réserves à faire sur des éléments qui datent même d’avant 2011. Notamment au niveau des créances et des dettes de l’État. La veille de l’AG, la présidente a envoyé un mail au commissaire aux comptes pour lui faire comprendre qu’elle ne souhaitait pas présenter les comptes parce qu’elle a des réserves à faire. Ce dernier lui a fait savoir qu’on lui a permis de travailler sur les comptes à la fédération, qu'il lui a remis les documents que vous avez transmis aux membres actifs depuis au moins deux semaines. Il lui a fait comprendre : "Moi-même, je n’ai pas eu de retour. Je considère que les documents que je vous ai transmis sont provisoires. Par rapport aux exigences des commissaires aux comptes et des experts-comptables, on ne peut pas se prononcer deux fois pour le même bilan".
Je vous précise que malgré le fait que le commissaire aux comptes a certifié les documents et a donné un avis favorable, la dame dit qu’elle ne peut pas se prononcer. Il y a un débat dans lequel j’ai pris la parole pour dire que c’est la présidente elle-même qui a signé les convocations de la réunion qui nous a transmis les documents accompagnés de la remise de tous les documents financiers. Mais si les documents financiers n'étaient pas prêts, il ne fallait pas nous les remettre. Certains étaient d’accord avec moi. D’autres ont proposé qu’on reporte l’appréciation du quitus. Surtout que, la FIFA avec qui nous ne sommes pas actuellement en odeur de sainteté, pourrait les rejeter et décider du report de l’Assemblée générale. Ce qui pourrait prolonger la durée de la normalisation. Ces derniers, avec le représentant du ministre, le directeur de cabinet, ont confirmé que quel que soit le nombre de rencontres qu’on aura pour discuter des textes ou régler les litiges, on ne doit passer le délai du 20 décembre 2021 pour connaître le nom du président. C’est-à-dire que c’est le nouveau président qui doit accompagner l’équipe nationale à la CAN au Cameroun. Et ça, c’est une information qui a beaucoup joué dans l’option de la reprise des comptes. Sinon, le quitus n’a jamais été soumis à l’appréciation des membres actifs.
Pressecotedivoire: C’est tout de même étonnant ce que vous dites quand on voit ce qui a été rapporté …
DMB : je vais vous apporter une preuve. Quand la présidente du CONOR-FIF est montée pour faire le rapport de la gestion des clubs et qu’elle est rentrée dans les chiffres, elle a été interpellée. On lui dit que les chiffres qu’elle présente ont un lien avec le rapport financier qu’on lui a dit de faire plus tard. Et que si elle donne ses informations et qu’elle dit ensuite qu’ils sont provisoires, ça sera mal interprété. Donc il n’était pas question du quitus à donner au rapport financier ou quoi que ce soit.
Pressecotedivoire : On a également appris que l’État a respecté ses engagements vis-à-vis de la fédération. Mais qu’il se posait un problème de gestion. Qu’est-ce qu’il en est ?
DMB : Quand le président Sidi est arrivé, il a remarqué que ce que l’État doit à la fédération, l’ONS, etc., tournait autour de 3 milliards FCFA. Il est naturellement allé voir le trésorier de l’État pour lui dire que la FIF a des problèmes financiers, la FIFA a bloqué ses comptes et entre-temps le pays lui doit de l’argent et qu’il souhaiterait une avance. Ce dernier lui a répondu que cet argent a été payé. Le président Sidi a donc exigé les éléments qui justifient le paiement de cet argent. Les contrôleurs financiers de l’État n’ont jamais répondu à ça. Et tout ça se trouve dans les documents. Ils ne nous ont jamais dit qu’ils ont payé tel montant sur tel compte. À partir du moment où ça se trouve dans leurs comptes et qu’il n’y a pas de justificatifs, on ne peut pas les prendre en compte. C’est pour ça que la présidente du CONOR-FIF a dit que l’inspection générale les a convoqués pour discuter des créances de l’État. Ce n’est pas Sory Diabaté qui a été convoqué. On n’a même pas prononcé le nom de Sory là-bas. Il s’agit d’aller discuter des créances de l’État vis-à-vis de la FIF. Parce qu’en réalité, il y a des créances, mais il y a aussi des dettes. Notamment, les charges sociales des travailleurs.
Pressecotedivoire : Quel est l'avis du ministère sur la question ?
DMB : Hier, j’ai été désolé de la réaction du représentant du ministre, le directeur de cabinet, M. Allah Yao François. On est en AGO et il y a des points qui sont en train d’être débattus entre les membres actifs. Il n’est pas membre de l’assemblée générale. Son rôle, c’est de venir ouvrir et clôturer l’assemblée. Pendant qu’on discutait sur le fait qu’on devait donner le quitus ou non au rapport financier, il a insisté pour prendre la parole et demander qu’on reporte le quitus à la prochaine AG parce que la fédération dit qu’elle a des observations et le commissariat aux comptes dit que son rapport est provisoire. C’est une immixtion dans l’AG d’une institution. Il n’en a pas le droit. Son intervention a donné l’impression qu’il avait un parti-pris et son intervention a joué dans le vote du report ou non du quitus. Et ça, ce n’est pas une bonne attitude. Ça me désole parce que le même a représenté le ministre en charge des sports, à Yamoussoukro, ou le président Sidi, dans un souci d’apaisement, a gracié tous ceux qui avait été suspendus. Il y a un président de club qui s’est levé dans la salle pour dire qu’il n’accepte pas la grâce et qu’il va purger sa peine. En tant que représentant du ministre, c’est là qu’il aurait dû se lever et prôner l’apaisement. S’il ne le faisait pas dans la salle, il aurait pu dire qu’il y a des tensions entre les présidents de clubs, les rassembler pour ramener la paix. Jamais il n’a fait cette démarche.
Interview réalisée par
Modeste KONÉ