Depuis son congrès constitutif du 26 janvier, le Rhdp poursuit sa marche vers sa consécration en 2020. Le nouveau parti s’est débarrassé de ceux qui ne partagent pas sa vision. Ainsi le Pdci, version Henri Konan Bédié, a pris ses distances. Depuis qu’il a rompu les amarres d’avec son ancien allié, le président du Pdci est confiné à Daoukro dans son village. Fini les hélicoptères présidentiels pour les va-et-vient à Abidjan. Fini les avions présidentiels Grumann 3 ou 4 pour les voyages à Paris et dans la sous-région. On ne le dit pas, mais c’est connu. Le ballet des grosses cylindrées et des camions remplis de vivres et non vivres a été considérablement réduit. C’est également sûr que le téléphone sonne de moins en moins vu que le voyage à Daoukro ne donne plus de postes, de promotion ou de réintégration. En clair, N’Zuéba est en train d’expérimenter, à 84 ans, une vie d’opposant qui contraste avec l’existence paisible et sans soucis qu’il menait en tant que président du « Conseil d’administration de la Côte d’Ivoire ». Guillaume Soro qui a quitté le navire Rhdp et démissionné du perchoir du Parlement et qui est en ce moment à la recherche d’un autre ‘‘père’’ à Daoukro va, lui également, réapprendre à ne plus compter sur la Princesse, mais sur ses propres ressources pour exister et faire exister son peuple d’inconditionnels. C’est une véritable épreuve de nerfs qui commence pour lui parce que le téléphone sonnera de moins en moins. Dans sa posture d’opposant, tous les faux braves et adeptes du double langage vont disparaître de son environnement. En visite, vendredi à Ferké chez ses parents, Soro a dû constater, lui-même, lors de son accueil, des absences si visibles qu’il n’a pu s’empêcher de faire la remarque : « Aucun cadre n’est ici. Cachez-vous, quand viendra le moment de la révolte, on ne veut pas vous voir ici… Faut pas on va se cacher pour m’appeler, je ne vais pas répondre ». Hélas ! Ainsi va la vie d’opposant. C’est cela, en effet, la conséquence du choix de quitter son père. Mais, ce n’est que le début. Dans huit ou dix mois, il va falloir se serrer la ceinture parce que le Rhdp et son président ne lui feront aucun cadeau, s’ils veulent exister. Soro a donc une bonne occasion de faire la comparaison entre hier et aujourd’hui. L’un des grands enseignements d’Houphouët Boigny, le père de la Côte d’Ivoire moderne est que : « Le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu. Faisons en sorte que nous n’ayons jamais à le perdre mais à l’accroître sans cesse ». Le Rhdp a perdu des militants comme tous les partis d’ailleurs, parce qu’on ne peut gouverner sans faire des mécontents. C’est clair et indéniable qu’il a aussi recruté beaucoup de personnes tombées sous le charme de la gouvernance d’Alassane Ouattara. Le temps des regrets s’ouvre pour tous ces gens qui sont partis à l’aventure. Comme Houphouët l’a dit, c’est après qu’ils vont regretter Ouattara qui ne tue pas, qui ne déchire pas de cartes d’identité, qui ne vend pas de concours, qui construit les routes et ponts partout, qui fait couler l’eau dans les robinets, qui construit des barrages, qui agrandit le canal de Vridi, qui construit écoles et universités, qui débloque les salaires des fonctionnaires, qui paye le stock de leurs arriérés…
Franchement, les Ivoiriens vont regretter Ouattara, le jour où il quittera ce pouvoir. Sans aucun doute, ceux qui vont le plus le regretter, ce sont ses parents du septentrion ivoirien qui ont vécu tranquilles et dans la dignité sous sa gouvernance.
MT