Dans le souci de mettre en lumière l'évolution de ses matériels techniques le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) réalise une grande exposition qui aura lieu du 17 au 23 octobre au siège du FESPACO, sous le thème "Cinéma et évolution technologique".
Selon l’historique, le cinéma est né à la fin du XIXe siècle. Si l'animation remonte au moins au XVIIe siècle, avec "la lanterne magique", il faut attendre 1891 pour voir apparaître le premier brevet portant sur l'animation d'images photographiques et la fabrication réussie d'une première caméra argentique. Le spectacle collectif qui pourra en résulter prend naissance quelques mois plus tard.
Dans les années 1880, partout dans le monde, de nombreux chercheurs travaillent à mettre au point un système permettant l’enregistrement du mouvement sur un support argentique, et sa restitution. Leurs motivations sont avant tout commerciales, celui qui trouvera la machine adéquate verra sa fortune et sa gloire assurées.
Le Français Louis Aimé Augustin Le Prince fabrique un appareil et en dépose le brevet en 1887. C'est une variante inversée du fusil photographique de Marey, produisant par rafale une série de 16 photographies prises par 16 objectifs dont l'ouverture se fait l'un après l'autre, devant autant de plaques de verre enduite d'émulsion photosensible. Il remplace par la suite les plaques, trop lourdes, par un ruban de papier enduit d’une substance photosensible (quelques années plus tard, Edison et les frères Lumière utiliseront aussi le papier pour leurs premières expérimentations) et il fabrique ensuite un prototype d'appareil de prise de vues à un seul objectif, le Mark2, avec un déplacement du ruban photo après photo.
Fin 1888, Le Prince réussit plusieurs essais sur papier, dont Le Pont de Leeds et Une scène au jardin de Roundhay (qui sont des titres qu'il n'a pas donnés lui-même et qui sont apparus cinquante ans plus tard dans un souci de classement), mais il n’arrive pas à les projeter, ni même à les visionner en mouvement, elles restent une série de photographies, semblables aux résultats de la chronophotographie, et même en deçà, puisque Muybridge est capable, lui, de boucler le cycle "enregistrement-reproduction" avec son Zoopraxiscope, et cela, dès 1880.
Ainsi, l'expérimentation de Le Prince tourne court. Bien sûr, il fait breveter en France son appareil à objectif unique, le Mark2, qui est sans doute la première vraie caméra de cinéma, mais le dépôt d’un brevet n’est pas un garant de la finalité d’une invention, et donc de sa réalité concrète, et ce qui est certain, c'est que Le Prince n'a pas breveté d'appareil de visionnement.
C’est tout ce parcours que les organisateurs du FESPACO entendent retracer à travers cette exposition.
Solange ARALAMON