Le phénomène des congés anticipés est symptomatique d’un mal profond qui ronge l’école ivoirienne.
Les enseignants interrogés sont unanimes : la cause principale du phénomène des congés anticipés, c’est la perte, par les formateurs qu’ils sont, de l’autorité qu’ils doivent avoir vis-à-vis des apprenants. Aujourd’hui trop protégés par la loi et par la société, les élèves sont devenus intouchables. Ils se croient alors tout permis sous les yeux impuissants de ceux qui, de par leur seule présence dans les classes, devaient pouvoir les dissuader à abréger la période des cours, parfois par la violence, simplement parce qu’ils veulent aller à des vacances de Noël festives. Au-delà des « sanctions administratives allant de l’exclusion temporaire à l’exclusion définitive des mis en cause » et des « sanctions judiciaires envisagées à l’encontre des auteurs des actes d’incivisme et d’indiscipline » comme annoncé le 8 décembre au terme du conseil des ministres par le porte-parole du gouvernement, maîtres et professeurs doivent retrouver le droit de sanction qu’ils ont perdu.
Citons des exemples choquants. Aujourd’hui, un enseignant ne peut plus sanctionner un élève parce qu'il ne connait pas ses leçons. Sachant cette mesure qui les protègent, des enseignés n’ont plus de considération pour leurs formateurs.
Jusqu’à une période récente, il était par exemple, interdit de faire reprendre la classe aux élèves de CP1, CE1, CM1 même si ceux-ci étaient de faible niveau. Tout ceci a plongé les élèves dans des facilités en ce qui concerne leur étude. Conséquence, quand ils sentent qu’ils auront de mauvaises notes, ils n'hésitent pas à créer des mouvements d'ensemble dans les établissements. Car, ils savaient que pour finir ils auront gain de cause.
Le maître n'est plus ce '' Dieu '' dans l'école qui pouvait tout redresser par un seul regard. Le professeur n'est plus ce mythe pour les élèves, mais plutôt un concurrent dans l'acquisition d'effets inutiles dans son apprentissage (chaussures de marque, téléphones, habillement, soties...).
Des parents d’élèves ont une part de responsabilité dans cette perte d’autorité du corps enseignant. Complexés et laxistes dans l’éducation de leurs progénitures, certains vont jusqu’à convoquer devant la police des enseignants ayant administré des sanctions à leurs enfants pour de mauvaises conduites ayant pourtant leur racine dans la cellule familiale.
C’est donc toute la société qui doit arrêter de promouvoir des élèves ‘’roi’’ au détriment d’enseignants ‘’esclaves’’.
La rigueur disciplinaire annoncée pourrait y contribuer. Pareilles pour les sanctions pénales, si et seulement ces mesures sont effectives dans leur application.
Cissé Sindou