Sept contingents de soldats ivoiriens se sont déjà succédé au Mali depuis 2019. Pourquoi le 8e pose problème ?
C’est la question que l’opinion se pose. Et c’est la même question que les autorités ivoiriennes devraient se poser. Ainsi, la recherche de réponses les guidera sans doute vers la quête d’une solution diplomatique à l’interpellation des 49 militaires ivoiriens à Bamako le dimanche 10 juillet dernier.
Pour sa part, le président de GPS, Guillaume Soro, appelle à « l’implication du chef de l’Etat togolais SEM Faure Gnassingbé, et l’appui du Chef de l’Etat du Congo SEM Dénis Sassou Nguesso, pour une solution africaine qui préserve avant tout la dignité de tous ». D’ici-là, nous proposons, si cela n’est déjà fait, que la Côte d’Ivoire dépêche une mission diplomatique urgente au Mali pour déblayer la voie d’un règlement diplomatique. A ce stade, l’orgueil ne résoudra rien. Les décideurs ivoiriens n’ont qu’à se mettre, un tant soit peu, à la place des dirigeants maliens. A partir du moment où ils considèrent qu’il y a eu des manquements, ceux-ci sont légitimement fondés à donner à ce dossier la suite légale qu’ils souhaitent. Il faut donc les rassurer à temps pour qu’on n’en arrive pas là.
Car, il ressort des affirmations des responsables maliens des faits ayant nourri chez eux, vis-à-vis des 49 soldats, des suspicions que nous jugeons légitimes. Le gouvernement malien suspecte, en effet, ces militaires ivoiriens d’être venus à Bamako pour « briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali… ». En somme, pour déstabiliser le régime d’Assimi Goita.
Ce gouvernement considère les prévenus comme des « mercenaires » et affirme avec insistance qu’au moment de son interpellation ce dimanche 10 juillet 2022 en fin de matinée à l’aéroport Modibo Kéita de Bamako Senou en possession d’armes et de minutions de guerre, ce contingent ivoirien, dont une trentaine d’éléments de des Forces spéciales ivoiriennes, n’a pas été en mesure de présenter un ordre de mission ou toute autre autorisation. Ce n’est que 48 heures plus tard, que les autorités ivoiriennes auraient fourni cet ordre de mission, affirme le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga.
Pourquoi, comme l’affirme le gouvernement malien, la majorité des soldats interpellés avaient sur leur passeport des professions autres que celle de militaire, laissant croire à une intention de « dissimuler » leurs professions ? En sus, les autorités sécuritaires maliennes affirment avoir téléphoné le même jour à leurs homologues ivoiriens qui auraient répondu qu’elles n’avaient pas connaissance du déplacement du contingent en question.
Par ailleurs, selon des informations rapportées par nos confrères de RFI citant des sources onusiennes, ces soldats ne sont pas reconnus comme appartenant à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Autant d’anomalies qui renforcent les suspicions et justifient la fermeté des dirigeants maliens qui ont décidé de donner une suite judiciaire à cette affaire. Pourtant, une telle évolution des choses sera un précédent fâcheux dans l’histoire du Mali et de la Côte d’Ivoire, deux pays frères que bien de choses unissent. C’est pourquoi, nous estimons judicieux de poursuivre la recherche de solution par la voie diplomatique.
Cissé Sindou