Lutte contre le racket : Le procureur militaire Ange Kessi a encore frappé





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Les forces de l'ordre sur la voie menant à l'Est de la Côte d'Ivoire ont été surprises par la présence du procureur militaire Ange Kessi Kouame



« Lutte contre la corruption : et si les visites inopinées étaient un début de solution », écrivait pressecotedivoire.ci, il y a quelques jours. Prenant comme référence, le commissaire du gouvernement, Ange Kessi Kouame qui, après une visite surprise à l’Ouest et au Sud-ouest, avait réussi à épingler des agents des forces de l’ordre en pleine opération de racket. Ce dernier a remis le couvert. Cette fois, à l’Est de la Côte d’Ivoire. Son récit après cette expérience est si édifiant que nous vous le proposons en intégralité.

 

"Après les régions de l’ouest et du sud-ouest, je me suis rendu à Agnibilekro dans l’est où sur mon passage, j’ai observé le comportement de nos forces de l’ordre d’Azaguié à Agnibilekro en passant par Sankadiokro, Zamaka, Zinzenou, etc. Je ne suis pas descendu durant le trajet sinon ma présence aurait été signalée à tous.

J’étais accompagné pour la circonstance de deux agents de l'unité de Lutte Contre le Racket(Ulcr) , le sergent-chef de police DK et le mdl/chef KR. Sur la route d'Adzope, j’ai remarqué une patrouille de motards de la gendarmerie entre le péage de TOMMASSET et le carrefour d’Agboville.

En ces lieux, je voyais descendre les apprentis de trois gros camions qui se dirigeaient vers le motard, en courant. Le motard ouvrait et refermait leurs pièces et l’apprenti repartait en toute vitesse. Cette vision théâtrale m’a totalement sidéré. On peut faire ça ?

Je suis resté dans la voiture pour voir les faits et gestes.

J’ai recommandé aux agents anti-racket de ne pas descendre et de filmer la scène depuis la voiture. Nous avons continué notre mission.

J’ai pris seulement soin de rechercher de quelle unité ils provenaient. Grâce aux agents anti-racket qui savent de qui il s’agit, ces motards ont pu être identifiés et seront convoqués la semaine prochaine pour s’expliquer pourquoi au lieu d’aller vers le véhicule, ce sont les apprentis qui descendent vers eux. Ils ont violé une consigne.

 

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Même action, même réaction au corridor de YAKASSE, à une cinquantaine de kilomètre d’Adzopé, un agent anti-racket a pu observer un des motards prendre un billet de 1 000 francs CFA.

Nous avons mis le cap sur le ‘’ célébrissime ’’ corridor d’Agnibilekro, réputé infranchissable sans payer de l’argent, un corridor où les agents seraient sans pitié pour les usagers.

Le chef de poste surpris par notre arrivée n’a pas eu le temps d’expliquer pourquoi il fait arrêter les véhicules alors qu’il n’avait aucun carnet de verbalisation.

Il a été convoqué au tribunal pour s’expliquer.

De retour sur Abidjan, nous sommes allés sur la route de Daoukro où des cas de racket nous sont souvent signalés. J'ai été stupéfait d’observer un motard seul assis sur un banc. Il ne pleuvait pas, mais portait un imperméable dont je comprendrai plus tard que c’était pour cacher son nom.

C’est une violation de consigne lorsqu’un agent retire son badge où est inscrit son nom ou le cache intentionnellement ; il risque deux ans ferme de prison pour ça.

Assis dans la voiture, nous avons remarqué deux apprentis se diriger vers le gendarme et lui remettre les pièces. Au moment où le gendarme ouvre les pièces, les deux agents de l’ULCR l’interpellent. Dans l'une des pièces, se trouvent un billet de 1000 francs FCA, dans l’autre un billet de 5 000 francs CFA.

Les pièces des deux véhicules sont confisquées par les procéduriers de l’ULCR. Le motard identifié comme étant l’adjudant-chef KR de la brigade routière de Yamoussoukro est convoqué devant le TMA pour s’expliquer :

- Pourquoi cachait-il son nom ?

- Pourquoi était-il seul en patrouille dans un rayon de plus de 100 km de son ressort territorial ?

Les éléments de l’ULCR auraient dû le laisser empocher les billets vert et rouge avant d’intervenir. Parce que là, il sera difficile pour le parquet de convaincre le Tribunal qu’il s’agit d’un cas de racket, puisqu’il n’avait pas perçu l’argent. Les agents ULCR sont allés trop vite, mais n’empêche que les deux faits indiqués plus haut déjà constituent une violation de consigne donc un délit et ce motard qui a été convoqué au Tribunal Militaire d’Abidjan encourt 2 ans de prison (art 559 du code pénal).

Mes prochaines visites auront lieu au Nord et dans les régions environnantes".

Comme quoi, avec une approche différente, on peut efficacement lutter contre la corruption, le racket et beaucoup d'autres fléaux qui minent la société. Surtout que ce qu'on peut désormais appeler "la méthode Ange Kessi" peut être appliquée dans l'ensemble de l'administration publique. 

 

Modeste KONÉ 

 

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