20 ans après la rébellion en Côte d’Ivoire, des anciens membres de l’ex-Forces nouvelles se prononcent





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Il y a 20 ans, jour pour jour, ce lundi 19 septembre 2022, que se déclenchait une tentative de coup d’Etat, muée en rébellion en Côte d’Ivoire. Trois membres de l’ex-Forces nouvelles de Côte d’Ivoire (branche politique de la rébellion), Konaté Sidiki, Maitre Affoussiata Bamba-Lamine et Touré Moussa reviennent, dans une vidéo, sur ces événements qui ont fait basculer le destin de la Côte d’Ivoire.

Affoussiata Bamba-Lamine : « j'ai des regrets »

On a mené le juste combat mais pour la mauvaise raison et pour la mauvaise personne.

Le 19 septembre 2002, ce à quoi ça me renvoie mais avec beaucoup de blessures au cœur, parce que je pense à tout ce qui s'est passé, à tous ceux qui ont cru naïvement, qui se battaient pour la justice, à tous les morts qu’il y a eu.

Vous ne pouvez pas imaginer. Tellement ça me donne beaucoup d'émotions quand je pense à tout ça. Tout ça pour ça. Pour qu'on en arrive à la situation à laquelle nous sommes aujourd'hui.  Tout ça pour ça. Vous savez, moi, j'aurais pu mourir à plusieurs reprises au sein des Forces nouvelles parce que ce n’est pas facile pour une femme de s'engager en politique, dans un endroit où il y a des  armes.

J'ai des regrets. Si c'était à refaire avec tout ce que je sais aujourd’hui ? Non, je pense que je ne me serais même pas engagée aux côtés de M. Ouattara (…) Je vous assure. Je le dis, pas parce que je suis blessée ou quoi que ce soit, je le dis avec beaucoup de dignité, avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de respect pour mon peuple. Il y a eu trop de morts et tous ces gens qui sont morts ne méritaient pas de mourir pour lui.

Touré Moussa : « Le meilleur moment, c'est le jour où Guillaume Soro a installé Ouattara au pouvoir »

C’est un événement destructif dans l'évolution politique de la Côte d'Ivoire. Il y a eu avant cela, plusieurs événements destructifs. M. Ouattara a pu revenir en Côte d'Ivoire, avoir une vie politique et devenir président de la République grâce aux événements qui se sont enchaînés depuis le 19 septembre 2002. Sinon à part cela, M. Ouattara était définitivement, irrémédiablement écartés de la vie politique en Côte d'Ivoire.

Dans cette crise, personne n’est blanc, personne n'est noir. Il n'y a pas d'un côté les criminels et de l’autre côté des innocents. Il y a des gens qui ont provoqué et qui ont appelé une guerre par leur gestion, par leurs discours, par leurs actes de xénophobie, de violence, d’intimidation, de maltraitance avec une partie de la communauté. Ces actes ont débouché sur une forme de réaction, chaque camp a perdu. C'est triste, mais la plupart des nations qui se sont consolidées sont passées par cette épreuve.

Le meilleur moment, c'est le jour où Guillaume Soro a installé Ouattara au pouvoir. Pour moi, c'était l'aboutissement de plusieurs années de combat, de privation, d’exil, de tentatives d’assassinat. Et il a réussi sa mission.

Konaté Sidiki : « On est obligé de s'arrêter un moment et demander pardon »

Le 19 septembre n’est pas la première crise en Côte d'Ivoire. Elle a donné plus de tonalité. Mais en réalité la Côte d’Ivoire vivait une série de crises  depuis le départ du président Houphouët-Boigny. Quand je regarde cela, je dis 2002 n'est pas exceptionnel. 2002 rentre dans la suite logique de différents événements difficiles mais qui résultaient de ce qu'on appelle ici le blocage ou le conflit qui a animé la vie politique nationale depuis le départ d’Houphouët avec ses séries d’événements.

On est obligé de s'arrêter un moment et demander pardon parce qu’on a été acteur principal, demander pardon pour ce que cela a créé. Il n’y a pas eu beaucoup de pardon pour 99, le coup d'État. D'après tout ce que chacun disait, ça s’est passé sans effusion de sang mais il y a quand même eu rupture constitutionnel. Mais là (2002), il n’y a pas eu rupture constitutionnelle, mais il y a beaucoup de victimes. En ce moment on présente ses condoléances.

Réduire les tensions qui existaient dans notre pays, les graves crises qui se sont succédé à une question d’installation du président Ouattara, c’est réducteur. Il (Guillaume Soro) a été un acteur politique qui a bénéficié du cadre crée par le 19 septembre 2002. Mais je crois que je vais aller au-delà de ça. Je n'ai pas encore fait mon introspection mais je crois savoir qu’il y a quand même eu des accords et ces accords ont identifié  un certain nombre de problèmes et ce sont ces problèmes que moi je prends en compte.

Lambert KOUAMÉ

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