La Côte d’Ivoire a remporté son premier match amical face au Togo (2-1), samedi, à Rouen. Avant de clore la trêve internationale avec une seconde rencontre face à la Guinée, ce mardi 27 septembre au stade de la Licorne à Amiens, le sélectionneur des Eléphants, Jean-Louis Gasset, a échangé avec nous sur la gestion de son groupe, ses ambitions et ses attentes.
Coach, que peut-on retenir d’emblée de ce regroupement en France ?
Tout au long de la semaine dernière, le rassemblement à Paris s’est déroulé dans une très bonne ambiance et une bonne qualité de travail. Des joueurs qui avaient joué, le samedi et le dimanche, en club, sont arrivés assez fatigués. Mais l’état d’esprit de tous était très bon.
Dans votre groupe on a constaté des retours notamment celui de Seko Fofana. Il y a également des nouveaux comme Jean Philippe Krasso, Abakar Sylla et Wilfried Kanga. Comment s’est faite leur intégration ?
Ils ont été très bien acceptés par les autres. Mais disons qu’avec moi, il y avait onze nouveaux joueurs. Ceux qui n’avaient pas pu venir au premier rassemblement pour des raisons valables et les nouveaux. Ils ont été bien accueillis par le groupe. Ils se connaissent, ils se sont affrontés quelque fois. A part Sylla qui est jeune, les autres se connaissent.
Comment avez-vous trouvé cette équipe togolaise?
Elle nous a ennuyés la première mi-temps parce qu’on avait du mal à mettre de la vitesse dans nos transmissions. Techniquement, on a perdu des ballons de relance assez faciles. Et derrière, on s’est fait prendre en contre deux ou trois fois. Ça aurait pu être préjudiciable, mais après, on a bien défendu. Une fois l’erreur commise, on a bien défendu ou le gardien a fait un bel arrêt. En première mi-temps c’est vrai que c’était laborieux!
Et la deuxième mi-temps ?
On a pris le match par le bon bout en deuxième mi-temps et c’était beaucoup plus fluide, beaucoup plus agressif. On touchait beaucoup plus rapidement nos attaquants et après trente minutes déjà on a marqué deux buts. En plus, il y a eu plusieurs situations pour aggraver le score. On était dans le bon tempo.
Malheureusement, une fois encore, on donne de l’espoir à l’adversaire en fin de partie. Comment expliquez-vous cette difficile gestion de fin de match ?
C’est soit le relâchement, soit la crispation. C’est vrai qu’on a eu deux ou trois fois la balle du 3 à 0. On ne l’a pas mise dedans mais sur une erreur défensive, on a pris un but à cinq minutes de la fin qui nous a fait douter un petit peu. Mais on a tenu.
Quelles leçons tirez-vous de cette rencontre face au Togo ?
Quand on joue comme le début de la deuxième mi-temps, c’est-à-dire à deux touches pour sortir le ballon et qu’en plus, on a une qualité technique élevée, on voit qu’on peut mettre à mal toutes les équipes. Il faut qu’on soit plus constant dans le match et le faire dès la première minute.
Sur quels chantiers allez-vous travailler de façon spécifique pour avoir l’équipe souhaitée ?
Collectivement, on a à travailler mais ce n’est pas en trois jours qu’on crée un fond de jeu. Les joueurs n’ont pratiquement jamais évolué ensemble et on a des écarts de niveau physique hallucinants. On dira qu’Ibrahim Sangaré a joué 15 matchs depuis le début de la saison et notamment des matchs de qualification de la Champion’s League, donc c’étaient des matchs de haut niveau. Et des garçons comme Serge Aurier, Simon Deli et Sinaly Diomandé n’ont pas une minute de temps de jeu. Et là, il faut bien réfléchir et en même temps leur faire une préparation spécifique dans un regroupement pareil. Et surtout, il faut prendre soin de ne pas les blesser.
Justement, pourquoi avoir appelé un garçon comme Serge Aurier alors qu’il n’a pas de temps de jeu ?
Il n’est pas le seul et pour des raisons différentes, il y a trois ou quatre joueurs qui n’ont pas encore évolué dans un championnat. Ça doit être une bouffée d’oxygène pour eux de retrouver l’équipe nationale. Ils viennent avec la bonne mentalité. Bien sûr, il leur manque du physique mais on est là pour aider et comme on dit dans le jargon, les remplir pour qu’ils reprennent confiance et surtout travaillent physiquement.
La situation d’Aurier a redistribué les cartes en ce qui concerne le capitanat avec le brassard qui semble destiné à Franck Kessié.
On est dans une période d’observation. De nouveaux joueurs sont arrivés, je regarde vivre le groupe. On travaille tactiquement différents schémas. Et puis déjà, Aurier, il ne jouait pas, donc j’ai fait comme on fait d’habitude, à l’ancienneté. Mais il n’y a rien de défini. Je vous l’ai dit, j’ai besoin de vivre avec eux des rassemblements comme ça, pour voir celui qui a le leadership dans ce groupe. Donc, ça peut encore bouger jusqu’à à la fin de la compétition.
Demain (mardi 27 septembre, Ndlr), vous aurez en face la Guinée. Que savez-vous de cette équipe du Syli National ?
On a regardé le match qu’ils ont perdu contre l’Algérie (0-1). Mais ils ont eu quatre ou cinq occasions très nettes. S’ils avaient été plus efficaces, je pense qu’ils auraient remporté ce match. Donc c’est une très belle équipe avec des joueurs connus, notamment les deux buteurs Mohamed Lamine Bayo (Lille) et Serhou Guirassy (Stuttgart) que l’on connaît dans le championnat de France.
On a vu une équipe très offensive face au Togo, samedi. Doit-on s’attendre au même schéma tactique devant la Guinée ?
Pas obligatoirement! Pour le premier match, il y a six nouveaux joueurs qui ont débuté. Peut-être que face à la Guinée, ça sera des joueurs qui n’ont pas participé au premier match qui vont débuter. Il faut que je me fasse une idée sur eux. Si je les ai sélectionnés, c’est que j’ai estimé qu’ils avaient des qualités. Il faut quand même que je puisse avoir une idée plus précise sur eux, à l’heure du bilan, après ce rassemblement. Il n’y a qu’au cours d’un match qu’on peut voir la capacité d’un joueur à être un joueur de haut niveau. Donc, il va y avoir du changement. Et peut-être tactique.
De façon précise, quel est l’objectif fixé à travers ces deux rencontres amicales?
La cohésion de groupe. Je sais ce que c’est que faire une compétition. Passer quarante jours en concentration pour une compétition de très haut niveau, il faut que les joueurs s’apprécient obligatoirement. Il faut qu’on arrive à créer un climat de groupe et un climat de collectif. Il faut que le joueur qui ne débute pas le match soit en colère, parce que c’est un compétiteur, mais une fois la colère passée, il faut qu’il soit avec ceux qui débutent. Et si à un moment du match on a besoin de lui, quand il rentre, il faut qu’il donne le maximum. C’est cet état d’esprit de groupe que j’essaye de créer en changeant comme ça. Je dis toujours, il y a dix nouveaux joueurs et samedi (24 septembre), six joueurs sont rentrés dans les trente dernières minutes. Donc on a joué à 16. Et le match prochain, on va encore jouer à 16. Si tout le monde est dans le bon état d’esprit, c’est là qu’on peut surprendre l’adversaire. Et changer de tactique. Il faut emmener une plus-value. Samedi, les entrants ont apporté quelque chose mais les autres avaient fatigué l’adversaire. Et il faut arriver à voir tout ça dans ce rassemblement-là.
Est-ce à dire qu’avec vous les places ne sont pas acquises d’avance ?
Non! Avec moi ou avec personne d’autre! J’ai dit aux joueurs que je ferai le meilleur groupe possible. Voilà! Il va y avoir donc une attente très forte. Il faut en même temps de bons joueurs et en même temps des hommes. Des hommes, parce qu’il ne va pas falloir trembler! Donc pour ça, il faut des mentalités irréprochables!
Après trois matchs, pensez-vous être sur la bonne voie ?
Même si on a des coups durs, parce que Sébastien Haller a eu une grave maladie, et pour l’avoir constamment par texto, je sais qu’il est sur la bonne voie. On lui souhaite un prompt rétablissement. On lui a d’ailleurs témoigné encore notre affection avant l’entame du match face au Togo. Un garçon comme Eric Bailly que je suis allé voir à Marseille en match de Champion’s League contre Francfort, est blessé. Nicolas Pépé a une béquille qu’il a contractée au dernier match de championnat avec Nice. On n’a pas pris de risque avec lui. Ça, ce sont les aléas d’un groupe, mais il faut passer par-dessus. Il y a d’autres joueurs que nous allons voir.
J’espère qu’on va réussir notre deuxième match avec une équipe différente pour que la mayonnaise prenne et que les joueurs comprennent que, quand on est en groupe, il va y avoir des gens fatigués que d’autres vont remplacer. Et il faut amener ce «plus» pour encore gagner, même si ce sont de jeunes joueurs. Il faut tout donner! Parce qu’il n’y a que la victoire dans ces moments-là qui compte. Il faut que la Côte d’Ivoire fasse sentir que c’est un pays fort. Et c’est à travers des victoires que les autres vont se dire «les Éléphants arrivent! »
Sercom Fif