Le directeur de l’Institut des sciences et techniques de la communication (ISTC), Alfred Dan Moussa, appelé à se prononcer sur « Impact des influenceurs web sur les contenus audiovisuels et sur le public en Côte d’Ivoire », à l’occasion de la cérémonie de lancement des activités de l’association Médias et citoyenneté, jeudi 29 septembre 2022, à Abidjan, a exhorté les influenceurs à se former. Car, selon lui, celui qui exerce son activité à travers les médias, est appelé à en connaître les règles. « L’influenceur doit être encadré et doit se laisser encadrer », a-t-il soutenu. Leur montrant l’importance de la formation professionnelle.
Pour Alfred Dan Moussa, « le monde change ». Il a fait remarquer que, contrairement à hier, le Sercom (appellation donnée aux services de communication) est devenu une signature sous des articles ou un faiseur de PAD (prêt à diffuser). Désormais, donc, la rédaction d’articles ou les reportages télévisés ne sont plus l’apanage des journalistes. « Aujourd’hui, le micro est accessible à celui qui peut parler, s’il ne se promène pas avec son propre micro », a-t-il caricaturé. Il a fait savoir que les leaders d’opinion sont en perte de vitesse et ont laissé place aux influenceurs. Qui décrivent, écrivent et partagent leur quotidien avec une communauté. Ce sont, explique le conférencier, les nouvelles vedettes que s’arrachent les chaînes de télévision. Parce que, comme les hommes politiques, ils ont une capacité de mobilisation. Face donc à la « concurrence qui s’introduit de force dans l’espace audiovisuel ». Alors, les chaînes de télévision se tournent donc vers eux pour booster leurs audiences. Et Alfred Dan Moussa de s’interroger : où est la place de l’éthique ? Avant de prévenir : " les annonceurs cherchent certes l’audience, mais ils veulent également le respect des normes et des valeurs". Pour lui, dans la recherche de l’audience qui les conduit au recrutement des influenceurs, les chaînes de télévision doivent former et encadrer ces derniers. Il a appelé les professionnels des médias à ne pas fermer la porte de leur métier aux influenceurs. Quant à ses derniers, il leur a fait comprendre que c’est à eux de s’adapter aux règles du métier.
« Que dire de ce phénomène de communication né des réseaux sociaux et qui, étape par étape, a fait son incursion dans l’univers cathodique et des médias, de façon soft ou fracassante ? Que ça crépite ou pas, ces contenus médias marquent-ils une tendance fortement durable, ou est-il un phénomène de circonstance et sans lendemain, qui disparaîtra aussi vite qu’il est arrivé ? ». C’est en ces termes que le président du bureau exécutif de l’association Médias et citoyenneté, Eugène Kadet a posé la problématique de la question des influenceurs. Il a poussé la réflexion plus loin en se demandant s’il faut s’adapter à tous les prix aux pressions du public, aux pressions d’un certain public et s’il faut céder à ce que certains considèrent comme les tendances du marché ou du moment ? Avant de noter qu’il est temps de donner la parole aux acteurs concernés (influenceurs, régulateurs et promoteurs de chaines audiovisuels).
Eugène Kadet a rappelé que l’association qu’il dirige est née d’un constat : « Celui d’une forme de rupture de confiance entre les médias et leur public comme le montre les chiffres de la presse, la controverse alimentée dans l’opinion sur les contenus des programmes audiovisuels, etc.
Medias et citoyenneté est née officiellement en juin 2022.
Modeste KONE