Presse : Face à la chute drastique des ventes des journaux, les éditeurs appellent l’Etat au secours (Interview)





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En marge de la Conférence de presse tenue par le bureau exécutif du GEPCI le lundi dernier, pressecotedivoire.ci a échangé avec Ousmane Sy Savané, 1er Vice-président en charge de la question de distribution pour mieux comprendre l'évolution de la situation. Estimant que les réformes d'Edipresse n'ont apporté aucun impact sur le volume de vente des journaux, M. Savané sollicite l'intervention de l'Etat pour combler le déficit structurel du secteur des médias.


Quelle est aujourdhui la nature de vos rapports avec Edipresse aujourdhui ?

Edipresse est la  société qui a l'exclusivité de la distribution et de la vente de la presse imprimée en Cote dIvoire. Les articles 3 et 8 de la convention qui nous lie à Edipresse stipulent que :
« Le Distributeur procédera aux opérations de diffusion du titre auprès de son réseau de vente quil approvisionne sur le territoire de la République de Côte d'Ivoire, par tous les moyens appropriés, de telle manière que l'ouvrage puisse être disponible à la vente les jours et aux lieux convenus. Elle s'étend à tous les circuits de vente (à l'exception de la vente par correspondance, du courtage et de l'abonnement) à tous les clients, qu'ils soient des personnes physiques ou morales, privées ou publiques sur toute l'étendue du territoire de la Côte d'Ivoire. »
Nous estimons que la société Edipresse ne remplit pas correctement cette mission qui lui est accordée en exclusivité. Les obligations de « jours et lieux convenus » et la couverture « sur toute l'étendue du territoire national » ne sont nullement respectées. Edipresse nous a fait savoir qu'elle couvrait 60% du territoire national. Certaines villes ne reçoivent les journaux que 24 H plus tard.  Nous multiplions donc les rencontres pour attirer leur attention sur ces manquements et bien d'autres. Les responsables d'Edipresse sont disponibles lorsque nous sollicitons les rencontres. Mais certains problèmes, comme la location des journaux, les fraudes sur la vente des journaux, la couverture du territoire, pour ne citer que ceux-là,  restent des problèmes permanents qui n'ont toujours pas trouvé de solutions satisfaisantes.
 
Depuis la réforme apportée à Edipresse qui a vu l'intégration de la Poste dans son circuit de distribution, il semble que tout se passe bien. Qu'en est-il exactement ?
La poste a commencé à assurer la logistique au niveau d'Edipresse le 1er Aout 2018. En clair, les journaux sont transportés par la poste depuis le 1er Aout 2018. Certaines stations-service et les agences de la poste ont aussi été intégrées dans le réseau de distribution Edipresse. Depuis cette date, Edipresse annonce une hausse de 30% sur les ventes, un chiffre que même le ministre de la Communication et des Médias ne cesse de relayer. Or, nous contestons que ce taux est très loin de refléter la réalité. Certes, le nombre de points de vente a relativement évolué, mais cela n'a, à ce jour, aucun impact, en termes de valeur, sur nos ventes et nos chiffres d'affaires. Le tableau que nous vous proposons résume parfaitement la performance des principaux quotidiens ivoiriens.
Les quotidiens ont réalisé 489.671.100 F au premier trimestre 2018, contre 480.753.600 F en fin dannée 2018 avec La Poste.
Les hebdomadaires par contre, ont connu une baisse nettement plus forte malgré la reforme d'Edipresse introduisant La Poste dans le circuit de distribution. De 80.382.700 F de chiffre d'affaires au premier trimestre avant la réforme, les journaux à périodicité hebdomadaires ont réalisé 64.018.200 F en fin d'année 2018 avec La Poste. Soit une baisse denviron 15.000.000 F.
Nous pouvons donc penser, à juste titre, que la réforme n'est pas efficiente et n'a pas d'impact sur la rentabilité des entreprises de presse. Bien au contraire, on voit les chiffres globalement en baisse aussi bien pour les quotidiens que pour les hebdomadaires.
 
Que faire pour améliorer les performances des entreprises de presse ?
Nous appelons à une concertation inclusive de tous les acteurs de l'écosystème des médias, afin de faire le vrai diagnostic et de proposer des solutions durables. Cela passe par une intervention urgente de l'Etat pour combler ce déficit structurel du secteur des médias, dont les acteurs les plus pénalisés sont les éditeurs de presse. C'est l'entreprise de presse qui fait vivre les imprimeurs et les distributeurs. Malheureusement, tous les efforts structurels faits ces temps-ci sont en faveur du distributeur, visiblement en pure perte. Une rencontre est prévue avec le Premier ministre. Nous espérons qu'à cette occasion, le gouvernement saura agir afin de sauver le secteur.

Interview réalisée par pressecotedivoire.ci

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