Après plus d’une dizaine d’années de prison à la prison de Scheveningen, à La Haye, en Hollande, suite à la crise post-électorale ivoirienne de 2010, l’ancien président Laurent Gbagbo a regagné son pays, la Côte d’Ivoire, le 17 juillet 2021.
En désaccord avec Pascal Affi N’Guessan, le président Front populaire ivoirien (FPI), parti qu’il a fondé en 1982, Laurent Gbagbo décide de mettre sur pied un autre instrument de lutte et de laisser « l’enveloppe vide » du FPI à ce dernier. C’est ainsi que, le 17 octobre 2021, il crée le Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI), sa nouvelle formation politique à l’issue d’un congrès constitutif à Abidjan.
Depuis lors, beaucoup sont ceux qui ne vendaient pas cher la peau de Laurent Gbagbo et de son parti politique après l’effritement de la gauche en plusieurs morceaux. Notamment avec Laurent Gbagbo lui-même d’un côté, Pascal Affi N’Guessan de l’autre, Simone Gbagbo qui a refusé de suivre son époux dans cette nouvelle aventure et Blé Goudé qui a créé sa propre formation politique.
Mais cela ne semblait pas émouvoir Laurent Gbagbo, toujours déterminé à « aller jusqu’au bout », comme il aime à le dire, mettant en place les structures de son parti et demandant, lors d’un secrétariat général extraordinaire, aux dirigeants de se mettre au travail afin d’implanter le PPA-CI sur tout le territoire national et même à l’international.
Se voulant plus concret, il a demandé, sinon ordonné que tout soit mis en œuvre pour que toutes les structures de son parti ainsi que l’élection des secrétaires généraux de comité de base soient achevées avant la fin de l’année. Tout en se satisfaisant du travail abattu en « si peu de temps ».
Mais ses détracteurs, pour leur part, estiment qu’après un an d’existence, Gbagbo et son PPA-CI se cherchent. D’autres vont plus loin en parlant de « zéro pointé ». N’empêche !
Dans la foulée, il a procédé à un réaménagement de l’équipe dirigeante, suivie d’une assemblée générale, le mercredi 26 octobre 2022, qui a somme toute, boosté les choses. Les missions d’implantation du parti à l’extérieur, en Europe et en Amérique notamment, se multiplient. Sur le plan national, il ne se passe pas de semaine sans qu’il n’y ait d’élection de secrétaire général de comité de base. Aujourd’hui, quoiqu’on dise, le PPA-CI compte parmi les grandes formations politiques en Côte d’Ivoire.
Après le RHDP, parti au pouvoir, et le PDCI-RDA d’Henri Konan Bédié, le PPA-CI vient en 3e position en termes de représentativité à l’Assemblée nationale, devant le FPI, son ancienne formation politique.
Le parti de Gbagbo a bataillé et obtenu son entrée à la commission centrale de la Commission électorale indépendance (CEI). Le projet de loi modificatif autorisant l’entrée du PPA-CI à la CEI a même été adopté mercredi 9 novembre en plénière. Le PPA-CI qui apprécie son entrée tout en relevant les insuffisances de cette loi modificative a opté pour l’abstention lors du vote.
Le PPA-CI a assuré qu’il participera à toutes les élections a investi le terrain depuis le 19 novembre, date du lancement officiel de l’opération de révision de la liste électorale afin d’inviter les nouveaux majeurs à aller se faire enrôler. Toujours dans la perspective des élections, le secrétaire général, Damana Pickass, a même affirmé que Laurent Gbagbo sera le candidat naturel du parti pour la présidentielle de 2025.
A bien analyser les choses, l’on s’interroge si après le FPI, le PPA-CI pourra à son tour, porter Laurent Gbagbo à la tête de l’Etat. Comparaison n’est certes pas raison. Mais après l’élection du président brésilien Luis Inacio Lula, déjà ancien président de 2003 à 2010, et qui a passé 580 jours en prison pour « corruption », on peut dire que rien n’est impossible.
Les partisans de Laurent Gbagbo caressent le secret rêve de voir leur champion retrouver le fauteuil présidentiel après l’avoir occupé de 2000 à 2011 et après 10 années en prison. Les faits montrent qu’il en a les moyens. Il étend tout doucement les tentacules de sa nouvelle formation politique. Ce qui lui donne un réel avantage sur le terrain. Il pourrait donc être un autre Lula en Afrique. A moins que la barrière de l’âge ne vienne définitivement briser ce rêve.
Lambert KOUAME