Régler le cas Gbagbo dans la paix 





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Pour la paix, il faut sortir des démonstrations juridiques à n'en point finir, et rétablir tranquillement l'ex-Président Laurent Gbagbo dans ses droits civique et politique.         

C'est la colère au sein du parti de Laurent Gbagbo depuis samedi dernier.  En effet, ce 20 mai, l'exclusion de l'ex-président de la République et président du PPA-CI de la liste électorale dont le bruit courait depuis un moment, est devenue officielle. La délégation du PPA-CI présente à la rencontre entre la CEI les partis politiques et la société civile à Cocody II Plateaux, s'en est rendue compte dès la publication de la nouvelle liste provisoire des électeurs. Elle a donc claqué la porte de ladite cérémonie. Une chose est sûre, l'ex-Chef de l'Etat et ses partisans n'accepteront jamais cette exclusion. Ils se battront jusqu'au bout pour que Gbagbo Laurent redevienne électeur et éligible.    

Pour justifier l'absence de son nom sur la liste malgré le fait qu'il se soit fait enrôler, le président de la CEI multiplie les explications. Il disculpe la Commission électorale et pointe le doigt vers la décision de justice qui a condamné l'intéressé à 20 ans de prison en 2018 dans l'affaire du "braquage" de l'agence nationale de la Bceao. Ibrahim Coulibaly Kuibiert invoque l'article 4 du code électoral selon lequel le citoyen ayant écopé d'une telle condamnation est déchu de ses droits civiques dont le droit d'électeur. Le représentant du président de la République au sein de la CEI et magistrat de formation, s'active dans cette démonstration juridique tout en étant intimement convaincu que le recalage dont il parle est hautement politique. Faut-il rappeler que Laurent Gbagbo, bien que condamné par la justice ivoirienne est rentré en Côte d'Ivoire en 2021 sans jamais être inquiété. Mieux, il a été reçu à deux reprises au palais du Plateau par Alassane Ouattara. Ses indemnités d'ancien chef d'Etat ont été rétablis avec rappel. Une grâce présidentielle a été prononcée en sa faveur en 2022. En ce moment, l'on a compris que le pouvoir comptait faire une exploitation politique de son statut judiciaire. Sinon, comment comprendre qu'une ordonnance d’amnistie ait été prise quelques années plus tôt au profit d'autres accusés condamnés dans la même affaire en tant qu'auteurs du fameux braquage, alors que lui Laurent Gbagbo poursuivi comme complice, ne bénéficie que d'une grâce ? La conséquence aujourd'hui est que pour avoir bénéficié d’une amnistie, ses co-accusés ont retrouvé leurs droits civique et politique, ce qui n'est pas le cas pour lui. Il faut simplement réparer cette iniquité. A défaut de l'avoir fait depuis le retour de Gbagbo, Alassane Ouattara peut maintenant faire adopter une loi d'amnistie ou employer d'autres moyens que lui offre la Constitution pour que Coulibaly Kuibiert n'ait plus de prétexte pour exclure le citoyen Gbagbo de la liste des électeurs, et éventuellement de la liste des éligibles. Exclure Gbagbo de la liste électorale n'apporte rien politiquement au Rhdp. Bien au contraire. Vouloir humilier l'ex-Président par cette décision peut le victimiser et lui faire gagner plus d’estime auprès des Ivoiriens et de la communauté internationale. Ou alors le Rhdp espère-t-il que la radiation de Laurent Gbagbo amène le PPA-CI à boycotter les élections locales ? Espère-t-il que cela provoquera une fissure dans l'alliance PPA-CI-Pdci ? Est-ce une manière de vouloir recaler le probable candidat du PPA-CI à la présidentielle de 2025 ? Quels que soient les objectifs qu'elle vise, cette radiation de Gbagbo ne saurait être définitive. Tout comme Alassane Ouattara a fini par être admis comme candidat à une élection présidentielle en Côte d'Ivoire, les droits de Laurent Gbagbo finiront par être rétablis. Cependant, nous savons les graves crises que ‘’l’inéligibilité’’ de Ouattara a coûté à la Côte d'Ivoire. Alors, face au cas Gbagbo, autant préserver la paix retrouvée dans le pays.

                                                            Cissé Sindou

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