Les musulmans célèbrent, ce 28 juin 2023, la fête de la Tabasky. Comme d’habitude, les fidèles ont acquis, pour ceux qui en ont les moyens, des moutons. Mais, que de difficultés pour en arriver là!
S’offrir un bélier pour la fête de l’Aïd el Kébir, n’est plus à la portée de tous, depuis quelques années. Il faut débourser beaucoup d’argent. Et, cette année ne fait pas exception. Notre passage à l’aéroport de Port-Bouët nous a permis de nous en rendre compte. Pour acquérir un mouton, il faut payer au moins 100 000 FCFA. Pourtant il ne vaut pas son pesant d’or. « Pour avoir un vrai bélier, digne de ce nom, il faut payer au moins 150 000 FCFA. Pour nous qui avons des familles nombreuses, nous n’avons pas d’autre choix que de dépenser plus. Cette année, par exemple, mon mouton m’a coûté 250 000 FCFA. Mais là encore, je ne suis pas si satisfait que ça », nous a confié M. Diarassouba, rencontré à l’abattoir de Port-Bouët, mardi 27 juin 2023. Non loin de lui, Ouédraogo S., ressortissant burkinabè, avoue regretter de ne pas avoir fait venir son mouton de son pays d'orgine. « Habituellement, je faisais venir mon bélier du pays. Malgré le trajet, j’avais une belle bête bien nourrie et bien engraissée, à un coup abordable. Cette année, j’ai voulu m’approvisionner sur place. Sincèrement, je regrette. J’ai déboursé 400 000 FCFA. Et je ne suis pas satisfait », fait-il savoir.
Abdoulaye C., un vendeur d’ovins et de bovins, rencontré à Abobo, jugent que ceux qui pensent que les membres de sa corporation font de la surenchère à l’approche de la tabasky, leur font un faux procès. Selon lui, les revendeurs n’ont aucun intérêt à vendre plus cher leurs bêtes avec le risque de ne pas pouvoir les vendre. « Nous-mêmes, nous achetons les moutons très chers. Notre marge bénéficiaire n’est pas grande. Elle est très réduite. Nous faisons aussi des sacrifices parce qu’on comprend les populations. La vie est dure. Mais on n’a pas d’autres choix ». Selon lui, les camions qui transportent le bétail subissent en route de nombreuses tracasseries. Sans compter les nombreuses taxes. Au final, c’est le consommateur qui prend les pots cassés.
Pourtant, au constat, le marché est approvisionné. Il n’y a pas de rupture de stock. Jusqu’au matin de ce mercredi 28 juin 2023, il y avait encore de la clientèle et des camions continuaient de décharger. Ça a été le cas toute la semaine qui a précédé la fête.
D'ailleurs, les habitants de Port-Bouët et autres travailleurs de la zone en ont fait les frais. Les embouteillages et autres bouchons ont constitué un véritable calvaire pour les usagers. Du fait des camions qui approvisionnaient le marché de bétail et les enclos qui débordaient sur la voie publique.
Au total, le marché a été véritablement approvisionné en bétail, mais les coûts n’étaient pas accessibles à toutes les bourses. Pourtant, même s’il existe encore des crises comme celle que connaît le Mali (djihadisme), les frontières sont désormais ouvertes, la COVID-19 n’a véritablement plus assez d’impact sur la filière. Alors, les coûts élevés des bovins sont-ils dus à la gourmandise des commerçants ou aux nombreuses taxes ? Une réelle réflexion mérite d’être menée sur la question.
Modeste KONÉ