Ouassenan Koné : une vie de loyauté, de rigueur et de controverse





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La nouvelle a surpris tout le monde. Personne ne s’attendait à un départ aussi brusque du vice-président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), Gaston Ouassenan Koné. Mais, ce mardi 8 août 2023, comme une douche froide, l’information est tombée. Le général a passé l’arme à gauche, seulement une semaine après le décès tout aussi inattendu du président du plus vieux parti politique du pays, Henri Konan Bédié.

Sa mort est d’autant plus surprenante qu’à l’annonce de la disparition de l’ex-président ivoirien, on l’avait vu à la résidence de ce dernier, avec Émile Constant Bombet et Philippe Cowppli-Bony, d’autres cadres de cette formation politique, aller soutenir la veuve éplorée. Avec ce décès, la Côte d’Ivoire perd ainsi, un soldat accompli qui a gravi tous les échelons de l’armée, un homme politique et haut cadre chevronné.

Le soldat accompli

Le parcours militaire de Gaston Ouassenan Koné se confond pratiquement avec celui de l’armée ivoirienne. Né le 24 avril 1939, à Katiola, il intègre, après ses études primaires et secondaires, le Bataillon autonome de Côte d'Ivoire (BACI), à Bouaké. Il part pour l’Algérie, en 1959, à l'Académie militaire interarmes de Cherchell. Il sert ensuite dans le Constantinois en tant qu'officier de l'armée française. Enfin, l’école d'aviation de Dax et l'école des officiers de la gendarmerie nationale de Melun l’accueillent. 

Fort de ce bagage acquis pendant de nombreuses années, le jeune Ouassenan Koné retrouve sa terre natale à la veille de l’indépendance. On le retrouvera le 7 août 1960, montant le drapeau ivoirien lors de la cérémonie solennelle de déclaration de l’indépendance de la République de Côte d’Ivoire. Il a alors 21 ans et, avec son grade de sous-lieutenant, il est le plus jeune officier de l’armée ivoirienne. À 38 ans, il est promu général de brigade et général de division à 40 ans. Mais, déjà en 1962, sur instruction du premier président de la République, Félix Houphouët-Boigny, il crée la garde républicaine. Ce dernier lui fera d’ailleurs confiance en lui confiant la sécurité dans le pays. Il est nommé secrétaire d'État à l'Intérieur en 1974 et ensuite ministre de la Sécurité en 1977. Le successeur d’Houphouët, Henri Konan Bédié, en fera autant en lui confiant le portefeuille de la sécurité en 1993. 

Derrière ce visage angélique, pour de nombreux soldats qui ont servi sous ses ordres quand il était ministre ou commandant supérieur de la gendarmerie, se cachent un homme rigoureux, carré sur la discipline militaire. Qu’il soit en civil ou en tenu militaire, encore en service ou à la retraite, Gaston Ouassenan Koné ne manquait jamais l’occasion de mettre la main à la pâte quand cela le nécessitait. Certains usagers de la route ont encore en mémoire ce « bel homme, élégant » qui descendait de son véhicule de commandement pour réguler la circulation. Ou encore lors de la fameuse « opération coup de poing » où il se mettait en tenue pour diriger ses hommes sur le terrain. 

Fidèle à ses opinions politiques

En politique, le général s’est fait remarquer comme un homme fidèle au PDCI-RDA et aux hommes qui l’ont incarné à un moment où à un autre. Ainsi l’a-t-on vu aux côtés d’Houphouët-Boigny et d’Henri Konan Bédié. Toujours au four et au moulin. 

Dans la région du Hambol dont il était originaire, il a su s’imposer par son leadership et son charisme et pas par son statut de doyen des cadres. Sa résidence à Katiola comme à Abidjan ne désemplissait pas. Sans protocole, il recevait de nombreuses personnes. Surtout, il prêtait l’oreille à chacune des préoccupations qui lui était exposée. 

Le contreversé général

Dans la carrière du général, deux faits marquants restent dans la mémoire collective. Négativement ou positivement. Il s’agit d’abord de la crise dans le canton guébié où, à la tête d’un détachement militaire, en 1970, il avait fait mater la tentative de révolte de ce peuple, avec comme leader Kragbé Gnangbé, selon des témoignages historiques, et certains de ses voisins. On a même parlé de « massacre du peuple guébié ».

Ensuite, il y a eu, dans les années 1990, l’épisode A fa kaya ! Abou Drahamane Sangaré, alors un des hommes forts de l’opposition politique, militant du Front populaire ivoirien (FPI) et directeur de publication du journal Le Nouvel Horizon, a dû baisser le pantalon sur ordre du général Ouassénan Koné pour recevoir près de cinquante coups de fouet dans le bureau ministériel du général et par le général lui-même.

Deux faits qui, selon les appréciations qu’en ont fait les uns et les autres, ont entaché ou redoré la réputation du défunt. Dans tous les cas, il reste dans les esprits, un vaillant soldat et homme politique, symbole de loyauté et de rigueur mais aussi de controverse. 

Adieu mon général !

Modeste KONÉ

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