Les Ivoiriens sont confrontés depuis quelques jours à une augmentation des prix du gaz butane. La bouteille B6 habituellement acquise à 2 200 FCFA est passée à 2 500 FCFA voire 3 000 FCFA. Le format B12, initialement vendue à 5 200 FCFA, coûte entre 6 000 FCFA et 7 000 FCFA. Les pauvres populations dont l’usage du gaz est rentré dans les habitudes n’ont pas d’autres choix que de s’aligner sur les prix qui leur sont imposés.
La direction générale des hydrocarbures du ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, dans un communiqué rendu public, mardi 22 août 2023, s’est voulue claire : « La Direction générale des hydrocarbures du ministère des Mines, du Pétrole et de l’Energie tient à rassurer les consommateurs sur la disponibilité du gaz butane. En effet, les sphères de stockage du gaz butane sont à 100% de leur capacité et l’écoulement du produit, après de légères perturbations est convenablement assuré par les circuits de distribution ». Mettant en garde les contrevenants sur les sanctions qu’ils encourent en cas de non-respect des prix fixés par la tutelle.
Pourtant, dans le district d’Abidjan, la réalité est là. Les prix ont flambé et nul n’est épargné. A notre passage à Abobo, derrière le dépôt 9, ce samedi 19 août 2023, les populations ne savaient plus où mettre la tête. Dans ce quartier où le pouvoir d’achat est très faible, l’amertume se sent dans les propos. « Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous allons acheter les bouteilles de gaz plus chères. Mais nous n’avons pas le choix. Le charbon de bois est difficile à trouver. Il faut bien faire la cuisine. Pour nous qui avons les familles nombreuses, c’est très difficile », nous explique Jackson G, un père de famille qui exerce comme manœuvre sur des chantiers de construction.
A Yopougon-Niangon, le constat est le même. Elvis Niava, une bouteille de gaz B6 en main, nous informe qu’il l’a acquise chez un revendeur au prix de 2 500 FCFA. Seulement, il nous précise qu’il a eu beaucoup de chance. Car, dit-il, il connaît certaines personnes qui ont acheté la même bouteille à 3 000 FCFA.
Le problème du coût n’est pas la seule difficulté à laquelle les ménages sont confrontés. Il y a aussi la disponibilité du produit lui-même. Difficile de trouver des bouteilles de gaz dans les lieux habituels de vente. Il n’est plus rare de voir des personnes transportant des emballages vides en quête d’un endroit pour s’en procurer. Pour justifier une telle situation, certains, sur le terrain, évoquent diverses raisons.
Un revendeur rencontré à Yopougon explique qu’il y a quelques jours, le niveau de l'eau était tel que les bateaux ne pouvaient pas accoster. Du coup, les anciennes et les nouvelles commandes se sont accumulées. Faisant référence à la marée haute qu’a connu le littoral ivoirien dans la semaine du 7 au 13 août 2023.
Voici une autre explication que nous a donnée un acteur du secteur : « Depuis quelques mois, l'Etat de Côte d'Ivoire, à travers le ministère des Mines, mène une guerre sans merci contre la prolifération des sites illégaux de transvasement de gaz sur l'ensemble du territoire national.
La plupart des revendeurs qui tiennent les points de ventes dans les communes d'Abidjan et même de l'intérieur du pays, sont affiliés à ces ravitailleurs clandestins ». Selon lui, depuis la mise en place du système de répression en vue du démantèlement des sites illégaux de transvasement de gaz, ces boutiques ne sont plus ravitaillées. Du coup, elles ne disposent plus de stocks. C'est la raison de ce flottement.
Deux explications qui semblent logiques. Mais, si on se fie aux explications du ministère des Mines, du Pétrole et de l’Energie, on se rend compte que sur le terrain, il s’est mis en place un système pour créer une pénurie volontaire afin de faire de la surenchère et accroître les marges bénéficiaires. Car, précisons-le, dans les stations-services, l’on ne constate aucune augmentation des coûts qui sont restés identiques. Il appartient donc aux autorités compétentes de mettre en place une stratégie de surveillance du marché afin d’éviter aux populations de subir de telles pratiques. Sinon ces revendeurs véreux continueront de faire la loi.
Modeste KONÉ