la production de riz en Côte d'Ivoire
Principale denrée pour la moitié de l'humanité, le riz est la troisième céréale la plus produite et la plus consommée dans le monde, après le blé et le maïs. Sa consommation dans les pays d'Afrique subsaharienne, notamment en Afrique de l'Ouest, se situe entre 30 kg et 60 kg par an et par personne.
En Côte d’Ivoire, le riz est de loin, l’aliment le plus consommé avec une demande intérieure qui se situe autour des 2 millions de tonne par an. Pourtant, le pays n’a produit en 2022, que 1,2 million de tonnes de riz blanchi selon le ministère ivoirien de l'agriculture. A peine ce qu’il faut pour couvrir la moitié de cette demande.
Pour combler le déficit, le pays a donc recours à une importation massive de riz blanchi qui a pour corollaire des sorties importantes de devises, mais surtout une exposition aux fluctuations des cours internationaux de cette denrée et une dépendance aux aléas de l’approvisionnement du marché mondial.
Les récentes augmentations du prix du kilogramme de riz, observées par les populations et bruyamment dénoncées sur les réseaux sociaux, ne seraient pas étrangères à cette loi du marché international. En effet, ces augmentations portent essentiellement sur les produits importés, principalement des pays asiatiques, leaders mondiaux de la production et de l’exportation de riz. Notamment de l'Inde qui est le premier exportateur mondial de riz. C’est donc vers cette partie du monde qu’il faudrait se tourner pour comprendre cette actualité au sujet du riz.
L’Inde, l’un des principaux fournisseurs de la Côte d’Ivoire en cette denrée a notamment, décidé, d’abord en juillet, d’interdire les exportations de riz blanc dit non basmati vers le reste du monde, puis décrété avec effet immédiat le 25 août dernier, une taxe de 20 % sur les exportations de riz étuvé.
Avant cela, il faut déjà noter que les prix mondiaux du riz n'ont cessé d'augmenter depuis le début de l'année 2022. Les approvisionnements également demeurent sous pression, étant donné que la nouvelle récolte dans ces pays producteurs n'arrivera sur les marchés que dans trois mois environ.
Une autre situation dans laquelle intervient cette crise du riz, les intempéries en Asie du Sud (pluies de mousson inégales en Inde et inondations au Pakistan) qui ont eu un impact sur les approvisionnements. Les coûts de production du riz ont également augmenté en raison de la hausse des prix des engrais. Tout cela a entraîné une augmentation des coûts d'importation pour de nombreux pays, avec comme impact direct, un emballement des prix au niveau mondial et une hausse au niveau local, des prix du riz.
L’urgence de l’autosuffisance en matière de production rizicole
Selon des informations obtenues du ministère de l'agricuture, la Côte d'Ivoire a établi une stratégie nationale de développement de la riziculture qui s'étend sur la période 2020-2030. La moitié de la demande croissante en riz du pays étant satisfaite par les importations, alors qu’il devrait être possible de le produire localement, cette stratégie nationale vise à aboutir au renforcement du développement du marché, tout en améliorant la productivité des riziculteurs et la qualité de transformation du riz. Elle a déjà permis de faire passer la production nationale de riz de 550 000 tonnes en 2010 à 1 200 000 tonnes actuellement.
De nouvelles techniques culturales réduisant le cycle de production de 8 à 3 mois avec une productivité plus élevée à l’hectare, sont en cours d’expérimentation dans le cadre du PURGA (Programme d’urgence de soutien aux filières agricoles) et donnent déjà leurs résultats dans la région de La Mé. Ces techniques devraient s’étendre à l’ensemble du pays et permettre à la Côte d’Ivoire de produire également du riz irrigué. Toute chose qui permettrait au pays de produire de plus grandes quantités de riz blanc de qualité, afin de répondre à la demande urbaine non satisfaite et d'atteindre l’autosuffisance en riz.
Solange ARALAMON