Plafonnement des prix de certains produits de grande consommation : voici la réalité du terrain





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Depuis quelques jours, les populations ivoiriennes ont constaté une augmentation vertigineuse des prix du riz. Des qualités de cette denrée de grande consommation ont connu des hausses de 3 000 FCFA voire 5 000 FCFA sur le sac. Au détail, ce sont des augmentations de 100 FCFA à 150 FCFA sur le kilogramme qu’on a pu constater. Devant cette situation, les Ivoiriens n’ont pas manqué de crier leur ras-le-bol aux autorités.

Face à la colère montante, le gouvernement ivoirien a pris un arrêté interministériel signé des ministres du Commerce et de la Promotion des PME, de l’Économie et des Finances, et du Budget et du Portefeuille de l’Etat. Cet arrêté modifie l’annexe de l’arrêté du 16 novembre 2022 portant plafonnement des prix de certains produits de grande consommation.

Il était ainsi question d’obliger les commerçants, grossistes et détaillants, à maintenir les anciens prix, accessibles aux populations. Le numéro vert communiqué pour dénoncer les contrevenants a même fonctionné. La preuve, des alertes ont permis au commandant adjoint de la Brigade de contrôle rapide (BCR) du ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, Béranger Kponé Zimo, et ses hommes d’aller sur le terrain. Une boutique à Yopougon et un supermarché en Zone 3 ont été épinglés et leurs responsables convoqués. Coup de d’éclat? Stratégie de communication? ou réelle volonté de sévir ? Les Ivoiriens attendent la suite pour juger.

Mais, en attendant, sur le terrain, la situation est claire. Comme a pu le constater le commandant de la BCR. Les prix plafonnés, pour l’instant, ne sont pas respectés. Et les populations le dénoncent. « Aucune boutique ne respecte les prix communiqués par le gouvernement. Que les agents du ministère fassent des descentes régulières dans les quartiers », nous explique un agent de sécurité résidant à Gonzagueville, dans la commune de Port-Bouët. Jacques S. de Koumassi, ne dit pas le contraire : « Allons-nous appeler pour dénoncer chaque boutiquier de quartier ? Aucun d’eux ne respecte les prix. Et il ne s’agit pas que du riz ».

Les commerçants aussi se défendent. Comme le boutiquier Sidi que nous avons rencontré à Angré et qui nous explique qu’avant le plafonnement des prix du riz, il avait constitué un stock alors que les grossistes avaient déjà procédé à des augmentations. « Si je vends actuellement au prix qu’exige le gouvernement, ce sera une perte pour moi. Il faut que j’écoule ce stock afin de revenir aux prix indiqués par le gouvernement », explique-t-il. Et, cet argument de Sidi est partagé par plusieurs autres boutiquiers.

Au total, la réaction du gouvernement face à l’augmentation soudaine des prix du riz est certes une bonne chose. Mais, son efficacité ne viendra réellement que d’une surveillance accrue des commerçants à travers des contrôles inopinés faits par des agents contrôleurs intègres. Sinon, l’arrêté interministériel pris pour juguler cette situation ne demeurera qu’une simple feuille signée par trois ministres de la République.

Modeste KONÉ

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