L’exercice était des plus aisés. Il ne s’agissait pas d’aller chercher une aiguille dans une botte de foin. Il n’était pas question de chercher midi à quatorze heures. Ce n’était pas, loin s’en faut, la résolution de la fameuse quadrature du cercle. Le VIIIè congrès extraordinaire du PDCI-RDA qui s’est tenu finalement à Yamoussoukro le vendredi 22 décembre 2023 n’avait pour seul but que de porter Cheick Tidjane Thiam en triomphe devant les caméras du monde.
Le message, derrière, c’est de dire au monde d’ici et d’ailleurs, que la nouvelle coqueluche de la politique ivoirienne se trouve dans la vieille formation politique qui déjoue ainsi tous les pronostics. Le PDCI-RDA était vu, en vertu de son histoire particulière, comme un parti de gérontocrates incapable de faire sa nécessaire mue. En donnant presque à l’unanimité leurs voix à l’ancien ministre du gouvernement Bédié au détriment de son adversaire Jean-Marc Yacé, les militants du vieux parti n’ont fait que réciter une leçon connue et maîtrisée de vieille date.
Ainsi donc, les yeux qui étaient braqués sur ce congrès ont vu. Les mémoires qui attendaient pour absorber ont tout enregistré. Reste maintenant au nouveau président à faire la paix avec lui-même et avec ses adversaires d’hier afin que dans le calme et la sérénité, il puisse se mettre au travail et se préparer à tenir ses promesses. Il aura véritablement besoin de ce calme pour mieux observer autour de lui et voir venir non plus les coups qui sortiront de l’intérieur mais plutôt de ses adversaires externes qui, on s’en doute bien, ne vont pas lui faire des passes comme il a pu en bénéficier au sein de son parti.
Et la première épreuve d’après victoire qu’il pourrait avoir à subir c’est sans nul doute avec (encore) la justice. Dans certains cercles politiques, l’on se préparerait à faire appel à la justice pour qu’elle tranche un autre différend toujours lié à cette élection. Il s’agit d’une disposition des statuts du PDCI que la direction du parti aurait violée aux fins de voir le petit-fils d’Houphouët candidater. Ces gens saisiraient donc la justice pour la voir déclarer nulle et de nul effet son élection à la tête du PDCI parce qu’il ne remplirait pas une des conditions d’éligibilité qui sont, au reste, cumulatives.
Quand nous disons que 2024 sera une année sans répit pour le nouveau président du PDCI-RDA, c’est à cette affaire et à bien d’autres qui pourraient surgir à tout moment que nous faisons allusion. Et si jamais, grâce à son entregent, il parvient à passer le premier écueil, ils feraient un lobbying pour que le code électoral soit corsé afin de lui barrer la route de la présidentielle. Il s’agirait simplement de réveiller la clause de résidence vu que, pendant plusieurs années, le nouveau président du PDCI n’a pas résidé en Côte d’Ivoire.
En même temps qu’il sera amené à préparer son programme de gouvernement et la campagne présidentielle, il devra veiller à éviter les tacles qui lui seront posés par derrière. Parce que la politique ne se fait pas toujours en smoking avec des chaussures qui brillent. Elle demande très souvent que l’homme politique se mette en treillis pour aller au front. Et là-bas, l’adversaire peut tenter sa capacité de résilience, sa force morale et psychologique, son sens poussé de la tactique et de la bonne stratégie qui surprend. C’est tout cela qu’on appelle le charme de la politique.
Et, la plupart du temps, c’est quand il a su éviter toutes ces peaux de bananes qu’une fois de retour du front, l’homme politique comprend que la politique est comme la démocratie : elle a des dents pour sourire mais aussi pour mordre. C’est pourquoi, le politique qui refuse de subir les événements et qui fait de l’anticipation le point nodal de son action tient toujours le couteau par le manche dans n’importe quel combat.
Et si…l’élection de Tidjane Thiam était attaquée et annulée pour vice de forme ? Et si…il était recalé dans la course à la présidence de la République ?
Abdoulaye Villard Sanogo