Tout le monde l'imaginait. On le devinait. On le soupçonnait. Mais nul n'osait l'affirmer haut et fort parce que l'homme a dit à la face de la Nation en 2010 que c'était son dernier hélas ! Gnamien Yao, grand conférencier du PDCI a mis fin aux devinettes en annonçant clairement que selon la longue tradition de 72 ans du PDCI, le candidat naturel du parti pour 2020 ne peut être que Henri Konan Bedié. Ainsi donc celui qui avait "cassé le canari" familial sera de nouveau envoyé au marigot pour chercher de l'eau pour la maisonnée. Ainsi soit-il. Tous les jeunes loups qui étaient à l'affût , prêts à porter le brassard de capitaine du PDCI vivent la plus grosse désillusion de leur aventure politique. Un cas interpelle : celui de Jean Louis billon ( qui n'est pas dans les confidences de Bedié selon Gnamien Yao ) qui a grillé ses cartes ailleurs pour débarquer dans la cour de Nzueba . Mille fois hélas, il devrait revoir ses ambitions à la baisse ou reprendre ses valises pour une autre destination. Selon la doctrine ou la philosophie bedieiste connue de tous, Billon peut servir à tous les postes sauf à celui de président de la république. Il peut mettre tout son argent dans le Pdci pour le redynamiser mais, pour occuper le fauteuil présidentiel, c'est «Tchê tchê, jamais, jamais. Bédié va-t-il démentir l'annonce faite par Gnamien Yao? Il ne faut pas y rêver selon un membre de sa cour. N’Zueba ne dira jamais rien pour confirmer cette annonce de candidature tant elle est évidente. Cette candidature de Bedié change tout. La transmission du pouvoir à une nouvelle génération de politiciens telle que prônée par le Président Alassane Ouattara est hypothéquée. Il n'est pas certain que dans la configuration actuelle, on puisse trouver un homme de poigne au Pdci pour demander à Bedié de s'en tenir à son engagement de 2010 de ne livrer son dernier combat. Le réalisme recommande que le Président du Pdci prépare sa relève car il a déjà tout eu sur cette terre. Depuis l'âge de 25 ans où de nombreux autres étudiants sont en train de finir leurs études, il a été nommé diplomate par houphouet-boigny. Et depuis lors , que de lauriers et d'honneurs glanés. Il a eu un parcours exemplaire hormis les deux petites parenthèses malheureuses de 1977 et le coup d'état de la Nativité en 99 . Il a déjà gouverné ce pays et à cet égard, il n'a plus rien à prouver puisqu'il a déjà montré aux ivoiriens ce qu'il savait faire. Et surtout que le bilan de ses sept années de gouvernance est encore disponible.
En se portant candidat à 84 ans, Bedié sait qu'il y a deux cas: soit il gagne, soit il perd. S'il gagne (ce qui est peu probable vu que la génération coupée décalée qui constitue la majorité des électeurs ne l'a pas vu gouverner, et ne le connait pas) ce serait une grande première au monde. Il entrera dans le livre des records Guinness pour avoir été chassé du pouvoir et être revenu gagner 20 ans après.
Dans le deuxième cas, il perd. Ce serait la catastrophe. Il entrerait dans l'histoire par la plus petite des portes. Ce serait l'humiliation de trop. Ce serait illusoire de croire que s'il venait à perdre les élections, il aurait droit aux mêmes privilèges que lui ont conférés son poste de «Pca de la Côte d’Ivoire» que le Président Ouattara a bien voulu lui octroyer dans le cadre de l'alliance du Rhdp. Dans tous les cas, Bedié joue gros dans sa nouvelle posture de candidat presque déclaré. En obstruant le chemin du pouvoir aux jeunes, il prend le gros risque de les voir se rebeller. Comment demander à des jeunes comme Konan Kouadio Bertin qui a déjà été candidat et qui n'a pas été ridicule de faire le deuil de ses ambitions? Qu'en est-il des Banny, Gnamien N’Goran, Diby et compagnie qui caressaient le secret espoir de défendre les couleurs du PDCI "en cas de cas". C’est il y aura beaucoup de mouvements et du remue-ménage qui se profilent à l'horizon.
Traoré Moussa