La préférence de nombreux visiteurs de la CAN en Côte d'Ivoire pour des endroits modestes du pays, confirme que l'on a eu tort de déguerpir des commerçants à la veille de l'événement.
Si l'objectif des déguerpissements survenus à la veille de la CAN 2023 était de présenter aux visiteurs le visage d'une Côte d'Ivoire parfaite, c'est raté. Car, aussitôt arrivés sur le territoire ivoirien, les ressortissants des autres pays participants venus soutenir leurs équipes nationales ont montré qu'ils ne se limiteraient pas aux belles artères des centres-villes des localités qui accueillent les matchs. L'une des preuves de leur présence à des endroits reculés est cette vidéo publiée par une camerounaise pour moquer l'existence de rues poussiéreuses, selon elle, même dans la commune chic de Cocody. Cette omniprésence de nos visiteurs, il fallait y penser au moment des destructions, à quelques jours de l'ouverture de la compétition, de maquis, restaurants et autres boutiques installés en bordure de rue. Des déguerpissements qui, s'ils avaient été planifiés ne seraient pas survenus aussi brutalement, laissant les déguerpis en larmes et mécontents à la veille de cette CAN que l'on souhaite pourtant la plus hospitalière et la plus festive. Et, le grand paradoxe, c'est que des grandes voies où ces déguerpissements ont eu lieu, sont parsemés de nids de poules et d'ordures. On aurait donc mieux fait d'orienter les efforts vers l'entretien du plus grand nombre de voies, et vers le ramassage des ordures, afin de présenter à nos hôtes des rues certes avec des commerces à leurs bordures, mais praticables et propres. Il suffit par exemple de parcourir actuellement des voies bitumées dégradées des Vallons, à Cocody, pour constater que l'entretien routier n'a véritablement pas été une priorité dans les préparatifs de cette CAN. D'ailleurs, qui a dit que les petits opérateurs économiques déguerpis n'intéresseraient pas les visiteurs ? Bien au contraire, beaucoup d'entre eux préfèrent les lieux d'habitation, de distraction ou de restauration fréquentés par le bas peuple. La preuve, à Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké, Korhogo, San Pedro, etc. on voit régulièrement des supporters égyptiens, camerounais, algériens, sénégalais, tunisiens, congolais marocains... , montrer fièrement et avec joie au monde entier via les réseaux sociaux, leur présence dans des maquis, garbadromes, et autres endroits populaires qui font partie de l'identité sociale de la Côte d'Ivoire. Cela, il fallait également y penser avant de jeter dans le chômage à la veille de cette CAN, des milliers de chefs de familles.
Cissé Sindou