Canal+, Orano : pourquoi tant de méchanceté ?





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C’est une information qui est dans le domaine public parce qu’elle sort du vécu quotidien des populations de l’ouest-africain. Il s’agit du comportement a-social des sociétés françaises sur le continent et singulièrement en Afrique de l’ouest. Prenons deux exemples de sociétés françaises dont les résultats du travail n’échappent à personne au sud du Sahara.

Commençons par Canal+. Société de télé payante du groupe Vivendi, une société française, elle va sur ses 30 années de présence sur le continent africain. Alors que, selon un document de « Ecole de guerre économique », Canal+ est en perte de vitesse sur ses propres terres françaises, elle progresse de façon fulgurante en terre noire. En 2022, elle a acquis, au regard des chiffres publiés par Vivendi, la société mère, exactement 7.597.000 abonnés soit 750.000 de plus que l’année 2021. Au premier semestre 2023, elle a eu 519.000 nouveaux abonnés.

Sur la balance de la pesée, les abonnés africains représentent près de 30% du parc global de Canal+. Ces résultats financiers de l’exercice 2022 montrent, pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, que notre pays est classé 3è en termes d’abonnés Canal. Il arrive derrière la Pologne (2e) et la France (1ère). Sur le plan comptable, les chiffres donnent des maux de tête eu égard à ce que cette société nous sert comme produit fini. Le chiffre d’affaires sur le continent, même s’il n’est pas détaché du chiffre d’affaires global, s’exprime en dizaines de milliards de FCFA puisque le Groupe Canal+ fait 2.782.000.000 d’euros.

L’Afrique qui, en nombre d’abonnés, dépasse de loin le continent européen moins la France, mérite largement, à notre sens, un bien meilleur traitement. Bien que ce mauvais traitement soit régulièrement dénoncé par les abonnés et les spécialistes en économie des médias, Canal+, n’en a cure. Tenez ! En France, quand il pleut ou même quand le ciel s’assombrit, il n’y a aucune coupure du signal de Canal. Ce n’est même pas envisageable. Parce que chez eux, c’est impensable. De sorte que toutes les précautions techniques sont prises pour qu’en cas de pluie torrentielle, le signal de Canal ne disparaisse pas.

L’Afrique, on le sait, est un continent prisé en raison de son extraordinaire dynamique économique mais surtout de sa forte démographie « qui offre d’importants relais de croissance ». Ces deux éléments de stratégie économique sont si importants pour tout homme d’affaires que l’on a du mal à comprendre Canal+ qui, en même temps qu’il surfe sur ces données pour se faire plein les poches, nous invite à prendre le chemin du « moins démographique » à travers des films qui font la promotion de l’homosexualité, une contre-valeur qui ne peut faire chemin avec la démographie, donc avec la consommation et la croissance.

S’il est aisé de noter que l’argent que gagne Canal+ en Afrique est le fruit d’un travail acharné, il est tout aussi juste et important de faire remarquer qu’il n’est plus tolérable que les Africains, notamment les Ivoiriens, payent « des coûts d’abonnement et d’offres relativement plus élevés que dans les autres pays de la sous-région, voire même en France ». Et que par ailleurs, « Canal+ traîne depuis autant d’années, les mêmes limites à savoir, des problèmes de retransmission par temps nuageux ou de pluie et une liberté contrôlée par les intérêts français ».

Les Etats africains devraient imposer un nouveau cahier des charges à Canal+ afin de la pousser à faire de meilleures offres à ses clients sur le continent. Exactement comme cela se fait en France. Avant que les Africains ne prennent eux-mêmes en main cette lutte pour leur dignité qui ne devrait plus mettre trop de temps à prendre forme.

Intéressons-nous à présent à la société Orano, ex-Areva, qui exploite l’uranium du Niger. C’est depuis la fin des années 60 que cette société française exploite en profondeur le minerai nigérien. Objectif : aider à la construction ou à l’animation des centrales nucléaires françaises. Lesquelles centrales produisent l’électricité qui est distribuée aux ménages et aux entreprises françaises. Aujourd’hui, le Niger est le 3e fournisseur d’uranium au pays de Macron. Quant à l’Union européenne, selon des chiffres officiels, elle couvre 25% de ses besoins en uranium grâce au pays du général Tchiani.

Que constatons-nous ? Pendant que la France a la lumière à revendre et que Paris est appelée ville lumière, au Niger, selon les chiffres fournis en 2021 lors d’un sommet sur l’électricité, le taux d’accès à l’électricité atteint à peine 13% de la population. C’est-à-dire que ce sont plus de 80% de la population « qui sont dans noir ». Et, les projections de l’Etat qui sont très optimistes entendent atteindre d’ici à 2035, 80% de couverture. Quelle méchanceté ! Quel scandale !

Là aussi, les Africains devraient mettre le holà pour que de nouveaux contrats soient signés qui imposeraient à quiconque viendrait exploiter les mines présentes et celles qui viennent d’être découvertes (et dont on dit beaucoup de bien) à construire une centrale électrique au Niger qui servirait tout le pays en électricité et en abondance. C’est de cette façon que l’Afrique gagnera sa souveraineté et se fera respecter par le reste du monde, les sociétés françaises y comprises.

Abdoulaye Villard Sanogo

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