Après une première destruction pour construction du 4e pont, Boribana vient de subir une autre démolition par les services du district d’Abidjan
Depuis sa nomination en qualité de gouverneur du District autonome d’Abidjan en remplacement de Robert Beugré Mambé, nommé Premier ministre, les premières actions d’envergures menées par Cissé Ibrahim Bacongo et qui restent dans la mémoire collective sont les démolitions des quartiers dits précaires.
Et les premières victimes de ces actions d’éclats sont les populations de Yopougon Gesco qui ont vu commerces, habitats et même établissements scolaires partis en ruine sous l’effet dévastateur des bulldozers du ministre-gouverneur.
Autre lieu, à Attécoubé-Boribana, même horreur, même désolation, peut-être pire. Commerces, habitations, lieu de culte, tout a été détruit. Ici, c’est par la mosquée de la Marine que l’opération commence. C’est la voix nouée à la fois par la colère et l’émotion que l’Imam (certainement) lit le Coran, implorant certainement le pardon d’Allah pour ceux qui, comme des infidèles, ont poussé l’outrecuidance jusqu’à la destruction de ce lieu saint. Au même moment, certains fidèles s’évertuent à extraire des débris, les documents saints, enfouis par les machines du district.
Cette opération sans une once d’humanité, qui intervient à seulement une année de l’élection présidentielle, ne va-t-elle pas porter un coup dur au RHDP, parti au pouvoir, qui aspire à rempiler pour la gestion des affaires de l’État ? Surtout que dans le cas précis d’Attécoubé Boribana, l’électorat renferme de nombreux militants du RHDP.
D’ailleurs, le secrétaire à la solidarité du RHDP à Attécoubé, dans une vidéo, n’a pas manqué de signifier que depuis le président Félix Houphouët-Boigny (33 ans) en passant par les présidents Henri Konan Bédié (7 ans), le général Robert Guéi (1 an) et Laurent Gbagbo (11 ans), aucun d’entre eux n’a cassé le quartier Boribana.
« Le président Alassane Ouattara, vient et aujourd’hui, on nous dit de partir », s’est-il insurgé, rappelant qu’en 1998, le président Alassane Ouattara, alors dans l’opposition, avait dit que s’il était élu président de la République, il lotirait les quartiers Boribana et Koumassi Campement et leur donnerait des titres fonciers. Ajoutant en outre que pendant la campagne électorale, il a été demandé à la population de voter pour le RHDP et qu’après la victoire, le reste du quartier sera loti. « On a voté 100 % RHDP », a rappelé le sachant de l’histoire de Boribana.
« On a toujours soutenu Alassane Ouattara. On est victime parce qu’on le soutenait. Aujourd’hui, M. Bacongo vient nous dire que lui, il est gouverneur-comme si à part lui, il n’y a pas quelqu’un qui a été gouverneur ici- et nous demande de partir », s’est-il emporté.
Après tant de sacrifices de ces populations pour le président Ouattara, voilà comment ils sont remerciés. Une opération qui visiblement fait plus de mal que de bien aux populations qu’on est censé protéger.
Toujours relativement à cette opération de déguerpissement, une rencontre est prévue mercredi 28 février 2024 entre l’initiateur, le ministre-gouverneur et les maires des communes d’Abidjan. Une rencontre dont l’issue est très attendue par les populations qui espèrent une suspension, à défaut, un visage beaucoup plus humain dans la conduite de cette opération.
Lambert KOUAME