Prions Dieu. Intercédons auprès du maître des maîtres que tous les militants du PPA-CI aient entendu et compris l’important message que leur a adressé Laurent Gbagbo samedi, lors de la réunion du comité central de ce parti fondé par l’ancien chef d’Etat. Invité à se prononcer sur le choix porté par cette instance sur sa personne pour être le candidat naturel du PPA-CI à l’élection présidentielle d’octobre 2025, l’ex-président du FPI a donné une réponse fermée : oui.
A partir de cet instant, commencent deux longues et difficiles années pour le nouveau parti dont les responsables ne pourront pas faire l’économie d’une guerre sans merci, afin d’obtenir du pouvoir l’inscription des nom et prénoms de leur champion sur la liste électorale dont ils sont rayés suite à une condamnation prononcée par la justice en 2018. Le patron du PPA-CI, lui-même, en est conscient. C’est pour cela qu’à peine a-t-il dit oui, il a lancé : « Ça veut dire qu’il faut se battre maintenant pour que mon nom soit sur la liste ».
Une autre bataille. Sans doute la toute dernière de sa vie de militant politique et d’homme d’Etat. Gagnera-t-il ou perdra-t-il encore face au pouvoir d’un Ouattara qui avait déjà réussi à l’envoyer en prison loin de ses terres et qui est même parvenu à le mettre complètement « hors d’état de nuire » ? Tout dépend de la vision qu’il défendra auprès de ses camarades. Laquelle vision, dans son développement, fera appel à une stratégie dont l’objectif doit être clair et lisible par tous.
Si la vision est de faire gagner coûte que coûte Laurent Gbagbo, dans le sens du Gbagbo ou rien (GOR), la stratégie à développer sera difficile à trouver et si elle venait à être trouvée, les hommes pour la mettre en œuvre ne courront pas toutes les rues. Mais si, au contraire, la vision est de faire gagner le parti, le PPA-CI, tout coulera comme une rivière joyeuse. Nombre d’Ivoiriens ont appris dans les prêches politiques de Laurent Gbagbo que dans la vie comme du reste en politique, on n’obtient pas toujours ce que l’on veut.
Pour cela seulement, il faut être le plus disposé du monde à entendre tout, même ce que l’on n’a pas envie d’entendre. C’est cela le principe qui renvoie à la vision claire de faire gagner le PPA-CI. Dès l’instant où cette vision est clairement partagée, la stratégie sera plus simple à concocter avec un plan A, B et même C. Une telle stratégie, loin de présenter le parti comme faible, montre plutôt aux militants qu’il n’est pas dans un dogme et qu’il est ouvert. Forcément, ça galvanise les militants, d’une façon ou d’une autre.
Les camarades de Laurent Gbagbo qui vont entrer en laboratoire pour confectionner le plan de travail ont-ils saisi la quintessence du message de leur chef samedi 9 mars 2024 au comité central ? L’ancien chef d’Etat a subtilement attiré leur attention sur un double fait. Non seulement ils doivent se battre pour qu’il redevienne citoyen électeur mais ils ne doivent pas oublier que celles et ceux dont Laurent Gbagbo parle et qui ne veulent pas de sa candidature sont encore en vie. Et ils n’ont pas baissé la garde.
Ce qui présuppose qu’il y a de forte chance que la bataille soit perdue et que, de ce fait, il faut bannir le système GOR. Ce qui ramène à la stratégie globale avec un plan A, B et C. Au reste, connaissant Laurent Gbagbo comme un fin tacticien (différent de stratège) politique, spécialiste dans la pêche en eau trouble (très positif en politique), l’annonce de sa candidature à deux années de la date de l’élection présidentielle de 2025, cache bien quelque chose. Ça ressemble à l’histoire du pêcheur qui met un appât à son hameçon pour être sûr d’attraper un gros poisson.
Abdoulaye Villard Sanogo