Dans le Plan National de Développement (PND 2021-2025), l’Etat de Côte d’Ivoire a pris une option claire. Celle de transformer radicalement son économie en mettant le cap sur l’industrialisation à outrance en ce qui concerne toutes les spéculations agricoles et tous les secteurs porteurs. Cette vision clairement définie, plusieurs programmes et projets ont été mis en place pour la réaliser. Cela pour accroître significativement les revenus des acteurs des différents secteurs d’activité, mais surtout pour élargir le champ en vue de la création d’emplois pour les jeunes et les femmes. Eu égard à cette nouvelle manière de concevoir le développement, il est nécessaire d’identifier les chaînes de valeur compétitives, celles qui pourraient répondre au mieux à cette conception. Sans délaisser celles déjà existantes et bien éprouvées, il faut dénicher les domaines d’avenir et y déployer de véritables programmes de développement pour l’emploi et la transformation économique. C’est le cas de la filière lait de la Côte d’Ivoire à laquelle votre journal BETAIL D’AFRIQUE s’intéresse dans le présent numéro (voir interview) et qui doit attirer l’attention des gouvernants pour en faire une importante niche d’emplois. Mais pour atteindre ce cap, les défis sont majeurs. Pour les relever, il n’est surtout pas question de naviguer à vue ni d’aller en rangs dispersés. Eu égard à la jeunesse de cette filière, il importe de démarrer par la structuration. Dans l’interview qu’il nous a accordée, le Président des éleveurs laitiers de Côte d’Ivoire, Kouadio Bernadin, par ailleurs patron de l’interprofession de la filière lait, soulève la question et invite à la réflexion les professionnels du secteur et le Gouvernement. Organiser la filière lait, c’est déjà la projeter comme un domaine d’activité attractif et capable d’absorber une partie des nombreux jeunes en quête d’emploi. Lorsque la structuration de la filière sera acquise, il faut passer à l’étape de la formation. Le secteur de la production laitière, en effet, n’échappe pas à l’épineuse question des ressources humaines compétentes inhérente à toute œuvre de l’Homme. Pour rendre cette filière compétitive et créatrice d’emplois décents et durables, il faut impérativement former les acteurs, leur donner les moyens de produire quantitativement et qualitativement pour tenir la concurrence car dans ce secteur, bien de pays sont très avancés. La promotion du capital humain est donc plus que nécessaire ! Toujours en termes de compétitivité, la filière lait de la Côte d’Ivoire a besoin de professionnalisation. L’interviewé le relève d’ailleurs judicieusement : il faut passer de l’éleveur du dimanche à l’éleveur professionnel, celui qui tire l’essentiel de ses ressources de cette activité. Ce n’est pas encore le cas mais il est certain que ce cap franchi, cette filière se développera et sera davantage compétitive. Pour faire de la filière lait de Côte d’Ivoire une niche d’emplois pour les jeunes et les femmes, nous l’avons souligné, les parties prenantes que sont les acteurs et le Gouvernement doivent jouer leur partition. Si les éleveurs laitiers ont le devoir de se former, de s’organiser et de se professionnaliser, indubitablement, il revient à l’Etat de les accompagner. Un accompagnement qui pourrait prendre la forme d’appuis financiers mais surtout celle d’un véritable soutien en ce qui concerne la recherche de financement. Le développement de la filière lait, dans l’état actuel, a grand besoin d’être boosté. Les décideurs devraient, dans cette optique, aider les acteurs du secteur à obtenir, auprès des banques et institutions financières nationales et internationales, des prêts qui leur permettraient d’investir, de développer leurs activités et d’accroître leur production en intégrant une démarche qualité. En définitive, décider de faire de la filière lait de Côte d’Ivoire, une niche d’emplois est profitable, aussi bien aux acteurs qu’aux gouvernants. Si les professionnels peuvent évoluer dans un secteur viable, le Gouvernement, lui, a là une belle opportunité de réaliser son ambition de souveraineté et de sécurité alimentaires. Et réduire ainsi, drastiquement, l’enveloppe de plusieurs milliards de F CFA injectés, annuellement, dans l’importation de produits laitiers.
Par Charles Lambert TRA-BI