Le parc à bétail de l'abattoir de Port-Bouët n'existe plus
Si les échauffourées qui ont eu lieu, samedi 1er juin 2024, à l’abattoir de Port-Bouët entre agents du district autonome d’Abidjan et les forces de défense et de sécurité d’une part et les marchands de bétail d’autre part, ont pris fin, le calme n’est pas pour autant revenu. Ce lundi 3 juin 2024, au matin, la zone était bruyante. Un vrai vacarme y régnait. Et pour cause, des bulldozers, des Caterpillars, etc. étaient au travail. Ils détruisaient tout sur leur passage. En plus des bruits de moteurs, on entendait également des tôles écrasées, des planches brisées sous le poids des engins de démolition. Le constat est que les différents enclos qui accueillaient, il y a encore quelques jours, du bétail et d’autres ruminants n’existent plus. Tout est sens dessus dessous. L’endroit où se trouvait le quartier abattoir est devenu pratiquement un terrain vague. En tout cas, sur place, on n’a pas besoin d’être devin pour comprendre qu’un grand déguerpissement y a lieu.
Sur les visages, on pouvait ressentir la désolation et la déception. Car, pour ces opérateurs du secteur bétail-viande, le départ est le signe de la perte de clients fidèles. « Nous avons nos habitudes ici. Nos clients savent où nous sommes installés. Quand ils ont besoin de bétail, ils viennent directement à nous. Il ne sera pas facile pour nous de nous retrouver de sitôt », nous a confié, à notre passage, l’un d’eux.
Si les choses se déroulent sans heurts, c’est bien parce que les grévistes qui sont les marchands de bétail qui refusaient d’être délocalisés à l’ancienne casse d’Adjamé, ont finalement décidé de calmer le jeu en levant leur mot d’ordre de grève. L’Union régionale des sociétés coopératives des marchands de bétail d’Abidjan (URSCMABA) initiatrice de ce mouvement d’arrêt de travail, a justifié, dans un communiqué, cette décision par sa volonté « d’éviter toute escalade de la situation qui pourrait aggraver les dommages subis par toutes les parties prenantes ». Son président Coulibaly Mory a, par conséquent, invité tous ses membres à rejoindre le site de recasement d’Adjamé.
Sur place, nous avons également pu constater que, contrairement à ce qui se dit, l’opération de déguerpissement ne concerne que le parc à bétail. Le centre commercial et la salle d’abattage ne sont pas concernés. Le District l’a même précisé dans un communiqué diffusé le 2 juin 2024.
« … Le District Autonome d'Abidjan voudrait préciser que le Centre Commercial et la salle d'abattages de l'Abattoir de Port-Bouët, restent opérationnels à leur emplacement actuel et feront très prochainement l'objet d'une opération d'assainissement, afin d'améliorer le bien-être et le confort des acteurs de la filière, des consommateurs et des populations environnantes », peut-on lire dans le communiqué.
Modeste KONE