Plumage de volailles : un business juteux pour les femmes





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Une activité exercée souvent dans des conditions d'hygiène peu recommandées



La plumaison traditionnelle ou plumage des poulets, pintades et autres canards est une activité dérivée de la vente de volailles.  Ce business que l'on dit juteux est de plus en plus pratiqué par des femmes. Ainsi, dans chaque marché de la ville d’Abidjan, l’on dispose d’au moins un endroit dédié à cette activité.

Le nouveau grand marché de Koumassi en compte un. C’est ce qu’a constaté l’équipe de reportage de pressecotedivoire.ci le mercredi 5 juin 2024.

Dès l’achat de la volaille, ces plumeuses qui se tiennent auprès des vendeurs n’hésitent pas à accoster les clients, en leur proposant leurs services. Une fois le marché conclu, les plumeuses procèdent à l’égorgement puis à l'immersion de la volaille dans une eau bouillante, avant de la retirer à la minute suivante et de passer au plumage et à l’éviscération, en sortant tout ce qui est dans l’abdomen de l’animal (foi, intestins, cœur, etc.), avec des mains gantées pour les protéger de la chaleur. Tout ceci sur de grandes tables qui leur servent de plan de travail.

Comme instruments de travail, ces femmes disposent de barils en plastiques ou en acier pour recueillir et conserver l’eau qui servira pour leur activité. Mais aussi de grandes bassines en aluminium pour chauffer l’eau afin de rendre plus facile le plumage. Sans oublier des bonbonnes de gaz domestique pour le feu. Le prix du travail effectué varie entre 200 francs et 300 francs CFA par volaille, selon la prestation souhaitée par le client.

Hadissa Kaboré, plumeuse de volaille au grand marché de Koumassi, confie que cette activité est rentable. « J’ai commencé avec ma tante, à l’âge de 12 ans et aujourd’hui, j’en ai 23. Le plumage des volailles est un métier qui nourrit son homme. En onze ans d’activité, j’ai pu avoir des économies qui me permettront d’entreprendre une autre activité. Vu que bientôt je dois me marier et je dois investir dans une activité qui va m’aider à m’occuper de mes futurs enfants », assure-t-elle, se réjouissant d’exercer ce métier qui ne nécessite pas beaucoup d'investissements.

Autour d’elle, plusieurs clients attendent leurs poulets plumés. « En tout cas ici, elles font bien le plumage de volaille. Moi, je quitte Marcory pour venir acheter mon poulet et je le plume ici. Les morceaux n’ont jamais manqué », relate Dominique, l’une des clientes fidèles d’Hadissa, qui fait dépecer sa commande. C'est que des clients se plaignent assez souvent de ce qu'une fois rentrés à la maison, ils découvrent que leurs poulets ne sont pas entiers, qu'il leur manque des morceaux. 

De son côté, Abiba Traoré, également plumeuse de volailles, cette fois dans le marché de Koumassi Campement, nous informe que ses débuts étaient très difficiles. « Les odeurs que dégageaient les volailles me rendaient malade. Mais aujourd’hui, je me porte bien grâce à certaines protections. Et j’arrive à plumer au moins 10 volailles par jour. Quand ce sont les fêtes, je peux plumer plus de 30 volailles par jour », explique-t-elle.

Le marché Djé Konan de Koumassi compte également une dizaine de plumeuses. Parmi elles, des non-scolarisés et des élèves en quête de revenus pour assurer leur quotidien et leur scolarité. Ici, les plumeuses, majoritairement de nationalité étrangère, ont fait de cette activité une pratique quotidienne et pérenne, car elles en tirent vraiment profit.

Durant les périodes de fêtes et des moments de grande affluence, une plumeuse peut gagner entre 15.000 et 30.000 FCFA par jour, apprend-on. « Depuis la réhabilitation de ce marché, il n’y avait pas assez de mains-d’œuvre pour faire le plumage de poulets, de pintades et bien d’autres. Nous avions donc décidé de recruter des femmes qui sont payées par jour, selon leur rendement », indique Salif Ouédraogo, vendeur de poulets.

Il ajoute que certains clients donnent aux plumeuses, en guise de remerciement, les pattes, les têtes, les gésiers ou les intestins de volailles. Choses qu’elles commercialisent et qui en rajoutent à leurs gains quotidiens.

« Ça  fait 4 ans que je plume la volaille et comme je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école, je gagne ma vie avec ce métier », nous confie Mariam Silué, plumeuse de volailles aux côtés du vendeur Salif  Ouédraogo.

La plumaison de volailles est donc une activité noble et rentable qui permet à de nombreuses jeunes femmes de subvenir à leurs besoins.

Il est cependant plus qu’urgent que ces endroits qui servent à plumer les volailles aient une hygiène impeccable car il y va de la santé des populations.

 E. A

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